» Si la forêt mourait, le monde inconsolable,
Irait jusqu’à la mer recueillir ses sanglots;
La lande dénudée deviendrait vulnérable,
Et l’âme du désert envahirait les flots. »
JEAN-ANDRÉ JEANNIN/ SONGES SUR LA LANDE
Partout, au bord des routes, au bord des pistes forestières, des pare-feu, des grumes. Pour nous ici, restait le seul souvenir de cette parcelle de pins qui avait été plantée peu de temps après les incendies d’après guerre. Ces pins étaient beaux, mais poussaient lentement, car nous sommes ici sur des terres pauvres.
Avant la tempête, 8 millions de m3 de bois étaient écoulés par la filière bois chaque année. Il a suffi d’une nuit pour se retrouver avec 40 millions de m3 à terre,soit l’équivalent de 5 années de récolte.
Il fallait donc écouler en urgence, ce qui pouvait l’être et réaliser le stockage du reste sous aspersion continue. Sinon, le bois aurait bleui et n’aurait plus été exploitable. 8 millions de m3 ont été ainsi stockés.
Évidemment, les prix ont dégringolé, passant de 35€ le m3 à 3 ou 4 € le m3. Autant vous dire qu’on était vite la proie d’intermédiaires flairant l’aubaine et que parfois avec des bois jeunes (de 10 à 15 ans d’âge), c’était tout juste s’il restait quelques euros, une fois les camions partis.
Mais pour pouvoir exploiter les bois, il a fallu d’abord , dans l’urgence,dégager les pistes d’accès(28000 km dans les Landes) avec l’aide de toutes les forces vives: militaires, pompiers venus d’une multitude de départements, Sécurité Civile, volontaires, bûcherons venus de l’Europe entière.
3 mois après je faisais mienne la citation de J-M-G Le CLÉZIO dans GENS DES NUAGES:
« Le trésor s’est éparpillé comme le sable, il est dans l’ombre des ravins, dans les puits, sur les arbustes des dunes. Il est dans la mémoire. Non seulement la mémoire des hommes, la mémoire des plantes, la mémoire du ciel et du vent. »
« Quand le soir venu, la tempête s’annonce
Par un ciel déchiré et de sourds grondements;
La lande touche aux nues et l’horizon s’enfonce,
Ne faisant plus qu’une ombre avec les éléments.
JEAN-ANDRÉ JEANNIN/ SONGES SUR LA LANDE.
Ce même poète qui osait la comparaison entre l’arbre semblable à un soldat blessé qui veut mourir debout et le poète, qu’aurait-il écrit en voyant ainsi la résine couler?
Les souches nous permettent de lire dans l’arbre à terre comme dans un livre d’Histoire: le livre de SON histoire.1 cercle de bois par an et selon que l’arbre aura connu des années néfastes (sécheresse, autre arbre lui faisant de l’ombre, attaque d’insectes…) les cercles seront plus ou moins étroits.
En tous cas, voici les différentes parties d’un tronc:
1-l’écorce
2-l’assise cambiale, zone très mince située juste entre l’écorce et le bois
3-l’aubier: bois fabriqué par l’assise cambiale les années précédentes
4-le bois de cœur au centre.
à suivre…