Sur la vitre lisse
Glissent les doigts et les pensées.
Pas un souffle à l’intérieur :Une vie toute contenue.
Mais dehors court l’imagination
Elle voudrait percer du village tous les secrets.
Fenêtre ouvragée, fenêtre parée
Fenêtre où viennent tinter du vent les mille « pizzicati »
Et les pointes acérées de la bise soudain déclarée.
Les passants glissent comme des fantômes sans visage
Dans le ballet des découvertes étonnées.
Sur la vitre lisse qui ne se laissera pas deviner
Le village impassible attend la nuit pour exister.
Fenêtres sur vie
Fenêtres closes.
Ce jour-là
Rien n’a bougé.
Des paires d’yeux derrière les rideaux
Celles des vieux qui la canne à la main
Dodelinent de la tête et se perdent mais pas très loin :
Sur la rose trémière, souple dans le vent
ou
Le bourdon fouisseur à l’intime de l’acanthe
Et sur le doré des nuages
Venu caresser la vitre insolemment.
Sur les volets fermés que bientôt taquinera l’été
Et sur les passants, parfois immobiles devant les motifs ajourés.
Mais pourquoi ?
pourquoi suis-je attirée par les rideaux à deux pas
Les brise-bises et les reflets qui sur les fenêtres viennent s’animer ?
Chez moi
portes ouvertes et rideaux dans leur coin
Laissent entrer la lumière et profiter du jour entier.
Mais
derrière ces bouts de tissus et ces vues tamisées
Combien de drames, combien de joies
Combien de marins, de pêcheurs de civelles
Combien de vendangeurs et de coureurs des marées
Combien de pirates la nuit et le jour gens honnêtes.
Combien de brodeuses et de liseuses
Combien de larmes et combien de rires fous
Combien de dos courbés et de prières
Avec les yeux rivés sur les toits de l’église
Pour voir enfin les aventuriers rentrer !
Combien de pèlerins, combien de va-nu-pieds
Combien de langues et d’épopées !
Imaginez le bruit des épées et les accents anglais
Alors qu’auparavant c’est en latin qu’on devisait.
Mais ce jour-là
le village était feutré derrière ses jalousies.
Seul le vent feulait du poids des sauvages et lointaines années
Et nous étions attentifs au moindre signe, à l’empreinte
De la vie côté jardin, côté marée, au doux parfum d’une presqu’île
Cachée à l’intime de ses ruelles, attachée à l’enclose de ses venelles
Quand sur les fenêtres toquaient l’air du large et le soir qui s’en venait.
Talmont le 10/06/2010 Maïté L
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N’est-ce pas une belle façon d’entrer dans l’intimité du village? Bien sûr j’aurais pu vous convier dans les rues et puis ensuite seulement vous laisser devant les rideaux. mais voilà…J’ai décidé d’aller au coeur à coeur et de revenir ensuite à du plus raisonnable. Il s’agit aussi de mots croisés avec Marie-Christine Touchemoulin sur le thème des fenêtres. Si le coeur vous en dit et j’aimerais bien, faites comme elle l’a dit: prenez votre plume et laissez parler vos fenêtres en sept lignes!(ou plus!)En tous cas, laissez-vous emporter par l’imagination en sept mots, en sept lignes ou même en pensée! Merci!
http://marie-christinetouchemoulin.vox.com/library/post/etreindre-linstant-furtif-lorquil-nous-donne-la-main.html