Rue Abria, mercredi 2 septembre, dernière rencontre de ZARB avec le public.

????????????????????????????????????

?la dernière main?

????????????????????????????????????

l’art des volutes

????????????????????????????????????

harmonie du geste

????????????????????????????????????

gros plan

????????????????????????????????????

planètes bille

????????????????????????????????????

les dents de la fenêtre

????????????????????????????????????

mouvement inexorable

????????????????????????????????????

tout est parti d’ici

Les yeux dans les yeux avec le loup

Quand le loup n’y est pas, éclate le jour comme une orange bien mûre

Et le mur fait des bulles, des billes pétillantes, roulant vers l’infini.

Le jour est blanc, et son trop-plein de lumière se réfléchit dans le miroir

 Il est acidulé au goût de citron éclaboussé ; il flamme, il enflamme

Il fume poussière et volutes, génie ourlé de dentelle issu de la bouteille

De l’arc-en- rêve s’élève l’arbre au bord des bancs où les amoureux

Se retrouvent, seuls au monde dans l’été métropolitain finissant.

♥♥♥

Soudain le loup surgit ; de là-haut il a quitté son étoile

Ou à peine ébauché il avait tracé son paradis.

Est-ce ta truffe brodée au point de velours

Qui te donne l’odeur d’un monde délétère

Est-ce ton regard en amande, délicatement souligné

Qui nous interroge, nous fouille, nous met au pied du mur ?

Pauvre loup perdu dans la ville, matrice du bien,

 Matrice du mal, tu  as la puissance de ton mythe.

J’ai cru voir couler une larme

Une seule

Face

à

La

Folie

Humaine.

♥ Maïté L/ 07/09/15

 

«  Que j’ai honte de nous, débiles que nous sommes !

Comment on doit quitter la vie et tous ses maux,

C’est vous qui le savez, sublimes animaux !

Et ton dernier regard m’est allé droit au cœur !(Alfred de Vigny/ La mort du loup)

????????????????????????????????????

le loup et les flammes

????????????????????????????????????

le loup dévoilé. Ma bouche comme un ô!

????????????????????????????????????

Magie du regard. Regard blessé.

samedi 29 août

la fresque rue de Buhan est maintenant achevée.

????????????????????????????????????

surprise?

Sous la patte de Zarb et sa signature a surgi la bête sauvage qui vient apprivoiser ce coin de mur.

????????????????????????????????????

le lion a-t-il quitté l’arc-en-ciel pour une prison?

 

Après l’arc-en-ciel , il est là ,sacré lion, plein de bonté, happant au passage le regard du spectateur. Si beau et un rien triste…

????????????????????????????????????

face à nous humains pas si humains; face à nous spectateurs voyeurs.

 

« Alors, avec une stupeur émerveillée, où, instant pas instant, se dissipait ma crainte, je vis dans le regard que le grand lion du Kilimandjaro tenait fixé sur moi des expressions qui m’étaient lisibles, qui appartenaient à mon espèce, que je pouvais nommer une à une : la curiosité, la bonhomie, la bienveillance, la générosité du puissant. »

Joseph Kessel/ Le Lion

????????????????????????????????????

Les yeux dans les yeux

 

 

Bordeaux,mercredi 19 août :

Le secret du 2 ème mur avait été bien gardé jusqu’au dernier moment aiguisant  la curiosité de ceux qui s’étaient pris au jeu « d’un mur, un soir ».

« L’espace pictural est un mur mais tous les oiseaux du monde y volent librement.

A toutes profondeurs »NICOLAS DE STAËL

????????????????????????????????????

premières volutes sur le mur en bois  passé au blanc puis mis en panneaux de couleurs

Le deuxième mur proposé pour la rencontre avec le public, rue Buhan était très accessible, situé en centre-ville et très différent du mur précédent rive droite. Une réalisation aperçue depuis le tram alors que nous approchions du lieu, me sembla avoir quelque similitude avec le style de ZARB.Je le montrerai plus tard.

????????????????????????????????????

le décor est planté. La performance commence.

En parcourant la rue Buhan dont nous ne connaissions qu’une partie, nous aperçûmes également une réalisation  de ZARB.

????????????????????????????????????

Vive l’été métropolitain

????????????????????????????????????

en haut, en bas.

20h : ZARB était déjà  à l’œuvre , tout au bout de la rue Buhan,devant un petit comité composé et recomposé au fil de la soirée. Bien sûr le lieu avait le désavantage de la proximité d’un feu tricolore : les automobilistes pouvaient ainsi découvrir fortuitement un grapheur à l’œuvre et nous, faire le plein de particules. Mais les murs autorisés ne courent sans doute pas la ville. Celui-ci, appartenant à un propriétaire privé, avait auparavant été graphé par ZARB ; il changeait donc le décor à l’occasion de cette performance menée dans le cadre de « L’été métropolitain »

????????????????????????????????????

pause pour Zarb. à sa droite, Flora Stich/ The Desk

Parmi les spectateurs se trouvait FLORA STICH de THE DESK impliquée dans l’organisation de ces initiatives et lorsque ZARB fit une pause, la discussion s’engagea tout naturellement.

????????????????????????????????????

le tracé s’enrichit de nuances

La soirée fut un moment de pur bonheur qui nous transporta loin, très loin dans un monde de calme, d’harmonie, de couleurs, de volutes, de savoir-faire et de partage. Partage avec ceux qui connaissent le travail de ZARB depuis longtemps, ceux qui le découvrent, ceux qui parfois ont hanté le quartier et le connaissent comme cet ancien SDF qui  a trouvé travail et logement et s’est arrêté pour serrer la main de ZARB. Partage aussi avec cette dame de 86 ans qui s’intéresse au street art, art qui fut longtemps synonyme de rejet.

????????????????????????????????????

instants successifs

ZARB est un artiste très accessible, d’une grande gentillesse et disponibilité et d’un calme… Il accepta de répondre aux questions qui doivent lui être posées mille fois, tout naturellement, tout en étant à l’écoute des spectateurs.

????????????????????????????????????

proximité avec l’artiste

????????????????????????????????????

zoom et odeur de bombe

Autant, avenue Thiers, nous étions restés observateurs, prenant la température de la soirée sans oser nous immiscer dans ce qui nous apparaissait comme un parterre initié et assez jeune et parce que nous étions somme toute assez ignorants, autant là, le cocon du centre-ville, la taille plus réduite du mur, favorisait la rencontre avec l’artiste et les échanges entre spectateurs.

????????????????????????????????????

précision du tracé et maîtrise du geste admirables

Cette soirée fut un moment fort.

????????????????????????????????????

au carrefour de la rue Buhan et du cours Victor Hugo

ZARB est un artiste urbain d’une grande sensibilité qui met en adéquation le lieu, le contexte et le temps. Il prend les pulsations de la ville et a bien compris que ce qui manque le plus ce sont les couleurs de la vie, les vibrations qu’elles apportent, servies par des mouvements harmonieux.

Il se dit autodidacte, ce qui lui donne une fraîcheur d’approche. Il aurait aimé avoir une formation. Mais qui dit autodidacte, ne dit pas vierge de connaissances.

????????????????????????????????????

elle fait souvent partie du jeu

La force qui est en ZARB se nourrit de nombreuses recherches personnelles et son improvisation, sans maquette préalable, est l’aboutissement d’une longue, très longue maturation, d’une évolution au fil du temps.

????????????????????????????????????

à cache-cache

Pour ma part, durant cette soirée, je ne pus m’empêcher de rapprocher le travail de ZARB de celui du landartiste ROGER DAUTAIS ;  chacun à leur manière investit l’Espace-Temps. C’est d’ailleurs le titre de la dernière composition que ROGER m’a dédiée le 13 août

 http://rogerdautais.blogspot.fr/

????????????????????????????????????

voir dans le tableau

Espace-Temps : tout un programme. Espace urbain où les hommes-fourmis se glissent pour ZARB des vagues, des chimères, des visages… espace  terre-mer et ciel pour ROGER où l’infiniment petit et harmonieux au regard de l’espace s’inscrit dans les saisons à côté du théâtre de tragédie où se meut le monde.

????????????????????????????????????

sous tous les angles

????????????????????????????????????

J’aime et me laisse envoûter

« Chaque citoyen, sur l’horloge tournante de la terre, se sent comme délégué à la représentation d’un fragment de la durée, à la garde fugitive d’une seconde, à la manœuvre d’un éclair particulier,- et c’est l’ensemble de ces points lumineux, bougeant et s’entrecroisant comme les signaux d’une gare dans la nuit, qui compose les heures successives de tous les hommes. » JEAN TARDIEU/ La part de l’ombre.

????????????????????????????????????

vision juste avant de quitter le lieu sous les réverbères

DSC_0839Samedi 22 août, nous guettons l’avancement.

DSC_0845

un détail… Et la suite pour bientôt, le 3 ème mur ayant été dévoilé.

dimanche 23 août, avenue Thiers

????????????????????????????????????

admiration. Jubilation.

il fallait retourner sur les lieux pour voir la fresque terminée par ZARB.

????????????????????????????????????

l’équilibre dans les transversales aussi

 

Elle s’est étoffée au fil des jours et nous transporte au gré de ses planètes, de sa vague, de son regard vers un paysage-visage, arbre, ciel de la connaissance où le jour et la nuit loin de se téléscoper se retrouvent dans cet entre-deux.

????????????????????????????????????

l’iris se visite au rythme des continents

L’œil voit, l’œil se laisse voir…

Lune, soleil, ciel étoilé sont là pour nous donner le nord tandis que la vague surgit en trompe-l’œil. Plans réels, cubes braqués sur le rêve, yin et yang, face d’ombre, arbre chimérique, face solaire où ZARB croque de façon gourmande et généreuse dans l’orange.

????????????????????????????????????

entre l’homme et l’arbre, tant de parenté

????????????????????????????????????

sur la voie lactée

La signature FULLCOLOR côtoie les cieux, pour le meilleur.

????????????????????????????????????

nous sommes ici mais aussi ailleurs, plus au sud, ou bien en nous, l’horizon est chimérique.

????????????????????????????????????

avec le ciel pour témoin.

Bravo l’artiste! 

à très vite, sur le mur suivant!

 

Mardi 28 juillet 2015, avenue Thiers

Ce sera une demi- journée consacrée au street art, mais je parlerai de l’après-midi plus tard.

Pourtant ce soir-là, il fallait s’armer de patience pour arriver au rendez-vous rive droite depuis Bordeaux rive gauche: le tram décharge tous ses voyageurs 2 arrêts plus loin que celui où nous montons: panne d’une rame… Heureusement, une navette sous la forme d’un bus articulé et rapidement bondé car loin d’avoir la capacité du tram prend la relève: c’est une chance quand même! Il faut descendre bien avant l’arrêt où le tram reprendra son périple et marcher un bout de chemin: cela ne nous fait pas peur! Le franchissement de la Garonne ne nous permettra pas d’admirer le Pont de pierre tant nous sommes serrés, compressés… Mais nous finirons par arriver. et découvrirons le presque aboutissement du travail de Zarb.

????????????????????????????????????

Zarb se repose. Nous admirons.

L’ambiance est bon enfant et nous essayons de deviner qui est Zarb dans ces divers groupe de discussion.

Zarb, appartient au collectif FullColor. Cet artiste originaire de la rive droite, a eu 15 jours pour réaliser une performance sur  le mur à l’angle de l’avenue Thiers et de la rue Antoine-Monier.

????????????????????????????????????

Un arbre magique a poussé en quelques jours

 

????????????????????????????????????

une chimère

????????????????????????????????????

ombres, lumière, mouvement: le décor est planté

La fresque n°1  en cours de réalisation était visible tous les jours depuis la route et la ligne A du tram qui relie les deux rives de la Garonne.

La performance  placée sous l’égide de Bordeaux Métropole, dans le cadre de L’été métropolitain 2015  offre au public la possibilité d’assister à l’élaboration de l’œuvre en direct et de rencontrer l’artiste.

Deux mois, deux lieux, deux murs… L’un rive droite, l’autre rive gauche, (nous attendons que soit dévoilé le lieu)l’un en juillet, l’autre en août, et six occasions privilégiées de le rencontrer (3 rencontres en juillet, 2 en août, 1 en septembre).

????????????????????????????????????

Zarb manoeuvre avant de s’équiper.

Ce soir-là, le vent est de la partie lorsque Zarb prend place dans l’élévateur électrique.Nous pourrons ensuite admirer la précision et l’élégance de son geste.

????????????????????????????????????

ce soir Zarb revient à son amour de bombe

????????????????????????????????????

précision, flou orchestré…

????????????????????????????????????

Jeux d’ombre et d’ambre des derniers rayons

Zarb graphe depuis une quinzaine d’années et aime  changer de décor. Aussi intervient-il ici en recouvrant une de ses propres réalisations.

????????????????????????????????????

Je est un autre

????????????????????????????????????

c’est haut, très haut!

????????????????????????????????????

concentration

https://fr-fr.facebook.com/fullcoloriginal

????????????????????????????????????

jeux de main

Lorsque nous quittons les lieux, à la nuit, Zarb fait à nouveau une pause, s’éloigne pour apprécier ce qu’il vient d’ajouter, pour juger de ce qui reste à faire, prend ses repères sur l’espace mur vu dans son ensemble, reprend sa discussion avec les uns, les autres.

On avance dans la découverte du street art…

au skatepark

Bordeaux, au Skatepark, sur les quais.

Ils sont là avec leurs roues-soleil…

 

Mais je cligne des yeux et

Que vois-je : le vélo silencieux

 

Quitter le mur où il était au repos

Le voilà parti par monts et par vaux

 

Ne laissant que son empreinte

Entre les obstacles urbains déjà il feinte

 

Il caresse les bosses, disparaît dans les creux

S’envole soudain vers les cieux

 

Il n’a que faire de la marée

Venue de son écume irisée

 

Lécher les prémices de son élan magique

Et fendre l’air de sa douce  musique

 

Après le mur où il s’adossait

Un autre mur semble l’arrêter

 

Mais rien n’est insurmontable

Pour une monture redoutable

 

Mur après mur, dans les creux, sur les crêtes

Hardiment lancé il poursuit de l’espace sa quête

 

L’artiste semble s’accrocher, persévérer

Avec un cœur d’enfant et par l’engin emporté

 

Le voilà comme un point à l’horizon

Le rêve a pris le relais de la passion.

Maïté L

 

http://urbstreet.fr/07/arts/streetart/street-art-fullcolor-x-skatepark-bordeaux/

 

????????????????????????????????????

je suis dans le vent

????????????????????????????????????

la grenouille se marie avec un épouvantail…

Si quelqu’un en doutait encore, les épouvantails ont une vie après la journée en compagnie des jardiniers et des promeneurs, mais pas celle à laquelle j’avais pensé dans mon billet précédent.

????????????????????????????????????

moi « Drôle d’Oiseau »… Il y a pire!

Les nuits des épouvantails ne se ressemblent pas ;  aux conciliabules avec les oiseaux du petit parc il a fallu ajouter la bêtise humaine et l’instinct de destruction de drôles d’oiseaux de passage!

????????????????????????????????????

Pauvre oiseau en miettes!

Ils ne se sont pas sentis en empathie avec le « Drôle d’oiseau » à moins que ce dernier ne leur ait renvoyé en miroir ces mots drôles qui leur allaient comme un gant (de boxe).

????????????????????????????????????

ça swingue par-ici!

A croire que tous ne sont pas poètes et qu’un peu plus de poésie dans notre monde serait bienvenue. Mais ils sont incapables d’autres actions que celle d’instiller du sable dans les rouages de la société !

????????????????????????????????????

épouvantail carnacavaleur

????????????????????????????????????

N’œil?

Comme si cela pouvait résoudre leurs problèmes existentiels de détruire le calme et la beauté, l’amitié et le partage !

????????????????????????????????????

lui non plus n’a pas été épargné

????????????????????????????????????

sexy girl

????????????????????????????????????

tu surveilles les artichauts?

J’étais de passage ce lundi matin pour glaner je ne sais quelle photo supplémentaire lorsque j’ai pu constater que la consternation régnait à l’entrée des Jardins de Bacchus : les épouvantails avaient dans le meilleur des cas échappé à l’arrachage, prenaient un air penché où avaient abouti en miettes loin de leur place d’origine… Quand ils n’avaient pas tout simplement disparu!

????????????????????????????????????

j’éponge les soucis!

????????????????????????????????????

gros plan

Je suis  contente de pouvoir témoigner par mes photos du travail accompli car si les vandales s’attendaient à voir  les personnes découvrant le saccage baisser les bras, ce fut peine perdue ! Aussitôt les petites mains déployèrent leur énergie pour effacer le passage des indésirables.

????????????????????????????????????

je prends mes aises en guise de haie

????????????????????????????????????

tu fais l’avion?

Dans le petit jardin

j’entre presque en catimini

Pour ne pas déranger les jardiniers

Cachés derrière les épouvantails.

C’est soudain la valse des arrosoirs

Ou le nuage de bouillie bordelaise.

Le partage de saveurs

Le partage d’informations.

Tandis que les  verveines de Buenos Aires

S’agitent au vent

Les capucines font la cour

A Sire Bacchus sur sa caisse en bois.

Les artichauts perchés tout en haut

S’éclairent doucement au soleil du matin

Les pois chiches et les souvenirs d’un ailleurs

Les légumes de saison

Montrent que Les Jardiniers

Jonglent avec le calendrier lunaire

et la météo de ce petit coin de terre.

Ils  réapprennent le contact avec la nature,

Ils  participent à la vie de ce poumon vert

Bien agréable en ville .

C’est un petit coin calme

Qui la nuit s’endort-en principe-

Il laisse derrière ses grilles

Les rumeurs, les peines et l’affolement de la ville

C’est une parenthèse heureuse

Une bulle bienfaisante

Entourée de ses grands arbres.

????????????????????????????????????

un rien de bonhomie et de naïveté

????????????????????????????????????

balai brosse unijambiste?

Me revient alors  ce refrain de Jacques Dutronc :

« De grâce, de grâce, monsieur le promoteur,

De grâce, de grâce, préservez cette grâce

De grâce, de grâce, monsieur le promoteur

Ne coupez pas mes fleurs »

????????????????????????????????????

la bouche en coeur

Quelle chance nous avons de tenir à distance l’homme amoureux des parpaings

????????????????????????????????????

Tu faisais quoi, toi?

« un homme qui au revers de son veston

Portait une fleur de béton »

Jacques Dutronc

Longue vie aux jardiniers, à leurs épouvantails et que le grand Cric croque les croquants de la nuit malintentionnés dont le passage ne laisse pas de trace de toute manière.

????????????????????????????????????

ouf, sauvé, l’Anatole!

Un bel été à tous les visiteurs et que les légumes et les épouvantails continuent à danser au clair de lune.

????????????????????????????????????

épouvantail au féminin, très élégante

 

Maïté L

 

« Tel un épouvantail il ne fait peur que de loin. »

Proverbe égyptien

????????????????????????????????????

par Chantal

Mes promenades dans le quartier me conduisent souvent au Jardin de la Béchade

Ce petit parc proche du stade Chaban-Delmas et du CHU, abrite depuis son origine, de nombreuses espèces de chênes et des plants de vigne (proximité de crûs célèbres comme Château Haut-Brion ou Château Pape Clément)venus s’ajouter aux arbres tricentenaires sur cette ancienne propriété privée appartenant maintenant à la Ville de Bordeaux.

????????????????????????????????????

????????????????????????????????????

L’année dernière, sont nés à leur tour les jardins partagés qui portent le nom de « Jardins de Bacchus ».

????????????????????????????????????

par Chantal

Pour fêter le premier anniversaire des Jardins partagés une fête champêtre et un concours d’épouvantails ont eu lieu ce mois-ci.

????????????????????????????????????

l’homme de paille

Dans nos campagnes livrées aux pesticides, dans nos jardins on ne voit plus guère d’épouvantails, sensés assurer l’intérim des jardiniers et paysans lorsque ceux-ci sont absents des champs. Mais qu’épouvantaient-ils vraiment, confectionnés à partir de vieux habits, de vieux chiffons,  de paille et crucifiés à tous vents.  Je crois bien plus à leur formidable capital de sympathie qu’à leur pouvoir d’effarouchement, à force d’observer la capacité de nos oiseaux à s’adapter à leur environnement.

????????????????????????????????????

la pêche est dans le vent

Aujourd’hui, les épouvantails sont revenus symboliquement dans les Jardins de Bacchus où d’ailleurs, Bacchus lui-même s’est invité.

????????????????????????????????????

????????????????????????????????????

Les épouvantails sont les amis des enfants, des poètes et de la culture raisonnée, comme j’ai pu le constater lors de ma première visite. Ils donnent de la couleur, de l’humour, de la joie de vivre aux jardins partagés.  Ils sont les clowns joyeux de nos pensées et de formidables liens  alimentant les conversations. Ils nous ressemblent dans nos travers, nos préoccupations ou nos joies. Mais aussi comme un dessinateur talentueux pourrait le faire, ils croquent nos travers ou les travers de certains corps de métier.

Aux jardins de Bacchus, les nombreux épouvantails font vibrer l’esprit jardin et nature et semblent chanter la chanson de l’été.

????????????????????????????????????

le tube de l’été

L’épouvantail traditionnel  est souvent masculin, souvent affublé d’un couvre-chef, je sais gré à certains d’avoir conçu une dame créole qui ne manque pas d’allure.

????????????????????????????????????

Dame créole en son jardin exposé

Il y a là le gardien du jardin, fortement adepte du divin nectar de Bacchus,

????????????????????????????????????

Altela! Hic!

????????????????????????????????????

qui l’eût cru?

????????????????????????????????????

la panoplie du parfait gardien des jardins de Bacchus

copain de bamboche d’Anatole, conçu par notre correspondante Sud-Ouest Chantal (qui est aussi mon amie),

????????????????????????????????????

Buvons un coup fleuri!

 

????????????????????????????????????

Anatole par Chantal

le gardien des roses trémières, Le Drôle d’Oiseau , frère du vent, toujours conçu par Chantal,

????????????????????????????????????

Drôle d’oiseau par Chantal

tout comme l’épouvantail qui nous accueille à l’entrée.  Bacchus évolue au milieu des capucines et les contributeurs à la réflexion sur la nature et les déchets ont fait non des hommes non de paille mais de sacs poubelle qui ne manquent pas de charme lorsque le vent s’engouffre dans leur robe de plastique

????????????????????????????????????

jupes au vent

tandis que  cliquette l’homme de canettes.

????????????????????????????????????

coca mon amour!

En partant il ne faut  pas oublier de saluer les épouvantails qui préfèrent le calme, près d’un banc accueillant

????????????????????????????????????

venez donc me tenir compagnie

ou dans les bras d’un chêne.

????????????????????????????????????

auprès de mon arbre je vivais heureux

 

Petite anecdote : lorsque j’ai fait une série de photos : il y avait de la joie au jardin tout bruissant des échos de la fête récente. Pendant que je photographiais, un groupe d’enfants commentaient chaque épouvantail. Bacchus retenait leur attention lorsque  à un moment donné, ils m’ont vue et très à l’aise, après un moment d’hésitation dû à mon appareil photo ? à mon immobilité ? à ma joie de les observer ? Ou bien peut-être à mon habillement peu conventionnel, l’un d’entre eux a soudain tourné ses grands yeux vers moi et dit en me regardant : » oh ! je croyais que c’était un épouvantail« !

L’épouvantail

Les cheveux en bataille
Le corps en brin de paille
Vêtu d’un vieux chandail,
C’est l’épouvantail.


Il fait peur aux moineaux
Aux corneilles, aux corbeaux,
À tout oiseau qui piaille,
C’est l’épouvantail.


Est-ce que tu oserais
Le toucher, l’embrasser,
Le prendre par la taille,
Cet épouvantail
?

Corinne Albaut

????????????????????????????????????

Zébulon

 

 

Il y a donc une certaine empathie entre les non épouvantables épouvantails et moi et je ne voudrais pas clore ce billet sans faire un saut dans « le Magicien d’Oz » auprès de Dorothée qui veut aider l’épouvantail, véritable  homme de paille à qui ne manque apparemment qu’une cervelle.

« ça ne me dérange pas d’avoir les jambes, les bras et le corps empaillés, au contraire : on ne risque pas de me faire du mal. Si on me marche sur les orteils ou qu’on m’enfonce une épingle, ça n’a aucune importance, puisque je ne sens rien. Mais je ne veux pas qu’on me traite de sot, et si ma tête, au lieu d’avoir une cervelle comme la vôtre, reste bourrée de paille, comment apprendrai- je jamais quelque chose ? »

Mais au fait quelle est la vie des épouvantails dans les jardins de Bacchus lorsque le parc est fermé au public ?

????????????????????????????????????

au soleil les salades

Un petit détour encore du côté du Magicien d’Oz pourrait semer le trouble en nous.

« Comme Dorothée dévisageait gravement l’étrange face peinte de l’Épouvantail, elle eut la surprise de le voir cligner lentement de l’œil dans sa direction. Tout d’abord, elle crut s’être trompée : au Kansas aucun Épouvantail ne cligne de l’œil ; mais voilà que le mannequin lui adressait un signe amical de la tête. Elle descendit alors de la barrière et s’approcha, tandis que Toto courait autour du pieu en aboyant. – Bonne journée, dit l’Épouvantail d’une voix plutôt enrouée. – Vous avez parlé ? demanda la fillette, très étonnée. – Sans doute, répondit l’Épouvantail ; comment allez-vous ? – Assez bien, merci, répliqua poliment Dorothée ; et vous ? – Ça ne va pas fort, dit l’Épouvantail en souriant, car c’est bien ennuyeux d’être là, perché nuit et jour, à effrayer les corbeaux. – Vous ne pouvez  pas descendre ? – Non, ce pieu est enfoncé dans mon dos. Si vous vouliez bien me l’ôter, je vous en serais très reconnaissant. Dorothée se hissa jusqu’aux deux bras et enleva le mannequin, qui, bourré de paille, ne pesait pas lourd. – Merci beaucoup, dit l’Épouvantail, une fois posé à terre. Je me sens un autre homme. Dorothée était très intriguée ; un homme en paille qui parlait, qui s’inclinait et lui emboîtait le pas, tout cela lui paraissait plutôt bizarre. »

Maïté L

à suivre…

 

LES MOTS D’ALPHATHANOROMEGA:

« Mais entre « un mur d’eau »… et « un mur de lumière… !!!
Il y a le mur du son…
Le coeur joue du tambour…
Une poésie éclot… »

 

LES MOTS DE RE CHAB

unnamed

photo: naufragés maliens sur les côtes italiennes

Provenance Maliactu.net

PASSER LE MUR DE L’EAU

C’est sec, épineux, et ici on mange des pierres .

On survit comme on peut .

Et puis ceux qui ne peuvent pas,

Mangent leur désespoir.

Ils se décident alors, à franchir le mur.

Un mur différent des autres.

Pas de béton, ni de barbelés.

Il s’étend à l’horizontale,         liquide.

Tes frères ont embarqué

Dans des bateaux si lourdement chargés,

Qu’ils penchent de leur poids de misère .

La mer, puisque c’est elle,

Se termine dans les esprits, quelque part,

Bien au-delà de l’horizon ,

Par des pays que l’on dit riches .

C’est              ce que dit la télévision,

Le rêve est à portée de mer.

On ne sait ce qui est vrai,

( Ceux qui sont partis ne sont pas revenus ) ,

Le rêve entretient l’illusion,

Nombreux sont les candidats,

Ils ont misé leur vie pour un voyage

qui n’a rien d’une croisière :

Ils ont chèrement payé les passeurs

Comme en jouant à la roulette :

Faire confiance au destin,      aveugle

Sans savoir où il mène.

Les dés jetés sur le tapis bleu  :

Avec la question

« Coulera, coulera pas ? « 

Cela ne dépend plus de toi

Le mur d’eau        reste à franchir :

C’est un espace sauvage,

Avec tous ses dangers

La progression est lente ;

Elle n’en finit pas

On dit qu’il y eut de nombreux naufrages,

On dit,    (  car les morts ne parlent pas  ) ,

Mais les cris, avec le gémissement du vent,

Ou les vagues hostiles,

Qui se lancent avec fracas

Contre la frêle coque  …..

Si tu vois un jour les îles,

Des pays étrangers,

Tu auras eu la chance, beaucoup de chance,

– remercie les dieux –

De voir de tes yeux

Cette carte postale   ! –

Que tu pourrais envoyer,

– Si tu survis,-

Une fois arrivé  ,

A ceux de ton pays natal.

Maintenant, il te faut plonger,

Nager,           nager  jusqu’à épuisement

Car          la traversée ne comprend

pas de canots pour  naufragés.

Après cette épreuve redoutable,

Migrant, si ton corps

T’as permis d’arriver à bon port,

Te voilà sur le sable .

Mendiant de la vie

Avec une dizaine de rescapés  .

Ils ont eu comme toi la chance,

Que le hasard leur ait souri,

Touristes malgré eux, arrivés

Dans un club de vacances .

D’autres se sont échoués,

Dans la nuit, dans ce havre.

Mais ils sont immobiles,

Sur la plage lisse.

Ce sont des cadavres,

Que vient compter la police.

Au concert des nations,

Le mur de la mer,

Est aussi une frontière ,

D’où suinte la misère,

Celle des pays en guerre.

Un mur des lamentations .

Au sujet des touristes  « malgré  eux »…on pourra  se reporter  au film de Costa-Gavras,  « Eden à l’Ouest »

qu’à cet article tout récent relatant la juxtaposition des « vrais » touristes, aux migrants, sur l’île de Kos  ( Grèce )

***

DES ECHOS A BRISER L INDIFFERENCE

Regardez aussi par-ici chez Roger qui ne manque pas de s’indigner  et de le faire savoir grâce à ses écrits et surtout  en édifiant ses œuvres de land art.

http://rogerdautais.blogspot.fr

***

MES ECLATS DE MOTS

Un mur d’indifférence

On les dit sans-abri,

 sans papiers
Sans domicile fixe…

Pays de naissance : oublié

Dans la guerre, la misère

Les tueries, les massacres

L’ignominie.

Ils se sont abîmés

Dans le refus des recrutements mafieux.


Personnages mouvants

Devenus « migrants »

Le mot est aigre, acide pour les nantis.

Ils ont risqué leur vie.

On la leur a prise

En toute impunité

Et jetée à la mer

Contre pactole.

Poches retournées

Désespérément vides

Et rêves rapidement brisés.

S’ils en réchappent

Epuisés

Au milieu des cadavres empilés

Affamés

Traumatisés

Parqués

Emprisonnés

Leur vie vacille

Ou bien
Ils n’ont pour ciel de lit
Que la Voie Lactée,
Une fenêtre déchirée
Dans le tissu élimé
De la vie.
Sur un tas de journaux
Bien ficelé
Pour ne pas répandre
La misère,
Ils étendent leurs maux
où les mots ne rencontrent
Que froid, silence
Et regards fuyants.


De leur passé d’êtres blessés

niés
Ne restent que des yeux vides
De souvenirs gommés,
Arrachés,
Oubliés,
Dans une absence de grenier.
Chez « ces gens-là »,  on n’a pas d’armoire
Seulement la clé des champs
en sautoir de jours noirs

Des camps d’infortune

La promiscuité

Des barbelés

Des  déserts

et des montagnes

traversés.


Chez « ces gens-là »

On n’a  dans ses poches
Que la vie de l’instant…
Et si les jours cassent les nuits,
et si les nuits attaquent les jours
Une seule dignité reconnue
par de trop rares hommes et femmes phares
sur les marées des déshérités.
Indifférence coupable

Peu de chantres de la misère

Pour les sans-abri, les sans-papiers
Les sans-domicile fixe.


Les mains dans les poches pour les réchauffer,
Les pieds usés de trop espérer
La voix cassée des déshérités…

Ils restent là,  à la merci de ceux qui les recueillent.

C’est la loterie

La loi du numéro

Le croupissement

Deux mondes qui s’entrechoquent

Dont un ignore l’autre

Devinez lequel…

L’expulsion

Les camions

Les frigos

L’enfer toujours recommencé.

Mais quand tout cela s’arrêtera-t-il ?

Maïté L

***

Cette semaine dans Télérama, la une mais aussi un article  » Le grand Naufrage »

LE CRI DE TELERAMA:

making-of d’une photo de une saisissante

  • Traduction : Martine Massenavette
  • Publié le 11/06/2015.
  • le-cri-de-telerama-making-of-d-une-photo-de-une-saisissante,M229557
  • Un bateau isolé, une mer calme et la mort qui rôde… La photo d’Alfredo D’Amato, photographe italien, illustre la une de notre magazine, cette semaine, consacrée au drame des migrants. Mais comment l’a-t-il prise ? Explications.
  • Alfredo D’Amato est né en 1977. Après des études dans les domaines du documentaire, de l’art et du design, il s’est tourné vers la photographie et mène des projets sur le long terme. En 2014, il a collaboré avec l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés.
  • “Dans la nuit du 3 octobre 2013, 368 Africains avaient péri après que leur bateau eut chaviré près de l’île de Lampedusa. Leur mort avait provoqué la consternation et c’est alors que le gouvernement italien avait chargé une flottille composée de 851 hommes embarqués sur cinq navires, de secourir les migrants qui tentaient de traverser la Méditerranée.
  • Il avait fallu deux jours au San Giorgio, le vaisseau principal sur lequel j’avais embarqué, pour atteindre sa zone d’affectation à environ 200 miles des côtes libyennes. Mais nous avons dû attendre quelques jours encore que la mer se soit calmée pour lancer les opérations de sauvetage. Depuis l’hélicoptère dans lequel j’avais pris place, nous avions repéré un radeau en caoutchouc avec environ 200 personnes à bord, puis un autre en bois bleu , puis un autre, et la mer avait semblé d’un coup recouverte de ces frêles embarcations.
  • A l’approche du San Giorgio les gens s’agitaient et criaient à l’aide. Un homme tendait un bébé à bout de bras pour nous faire comprendre qu’il y avait des enfants à bord. A la fin de la journée plus de 1200 personnes avaient été secourues : des malades, des blessés, des femmes enceintes, tous hébétés par leur effroyable périple, trempés et souvent sans chaussures, ils s’étaient effondrés sur le bateau. Ils devraient attendre encore deux jours avant d’accoster en terre d’accueil, mais cela ne représentait rien en comparaison avec ce qu’ils avaient vécu, comme l’avait fait remarquer un Nigérien, la chemise maculée de sang. Puis les téléphones portables avaient recommencé à émettre. L’excitation des migrants était devenue palpable. Certains avaient agrippé des sacs en plastiques scotchés dans lesquels ils avaient enfermés des habits neuf achetés spécialement pour leur arrivée dans leur nouvelle vie. Les femmes avaient changé leurs voiles et s’étaient parfumées, les enfants avaient recommencé à jouer.”
  • L’opération Mare Nostrum a permis de sauver 160 000 personnes avant d’être remise en cause par le gouvernement de Bruxelles et remplacée par le controversé projet Triton, mené par la communauté européenne.
  • le-cri-de-telerama-making-of-d-une-photo-de-une-saisissante,M229658

***

 

LA CONTRIBUTION D’ALEZANDRO

 

Mourir sur une plage ou mourir naufragés,

Sur un rafiot sordide, impasse aux libertés,

Le cœur dans la tourmente et les yeux chavirés,

Tournés une ultime fois vers l’exil mythifié,

Abandonnés des hommes en toute lâcheté,

Et d’une Europe obèse en manque d’humanité,

Vouloir glaner sa place pour simplement oser,

Une vie sans entrave, un brin de dignité,

L’espoir d’une nouvelle chance et ne pas crever

Seuls, résolument seuls tels des chiens sans collier.

***

LA CONTRIBUTION DE SERGE

« Quel sujet complexe que celui des flux migratoires qui ne sont pas près de se tarir. Le monde de demain verra ce phénomène s’intensifier. La genèse est à trouver du côté de situations politiques instables, dictatures, droits de l’homme bafoués, terrorisme, guerres. L’occident a une grande part de responsabilité dans ce qui se produit en Asie Mineure. Bush en s’en prenant à Saddam Hussein pour de mauvais prétextes à déstabilisé complètement une région déjà partitionnée au début du 20e siècle par les anglais et les britanniques. Je suis d’accord sur le fait qu’il est scandaleux de laisser les italiens confrontés à la majorité des flux migratoire. Je n’ai jamais eu une bonne opinion sur l’Europe qui s’est construite autour de la protection du capital au détriment des citoyens. Ce qui se passe actuellement ne fait que me conforter dans mon opinion.
Je voudrais élargir aussi les points de vue : La France a une grand responsabilité sur la déstabilisation du système politique libyen (fût-il oh combien imparfait) mais on mesure le résultat des courses – pays vivant dans l’anarchie et une guerre civile totale, déstabilisation du Sahel imposant une présence militaire permanente.
Quant aux Etats Unis, il ne me semble pas qu’ils contribuent à éponger les flux migratoires dont ils sont en grande partie responsable en ce qui concerne le conflit en Irak et en Syrie. »

« Ainsi le mur dans ses pierres est-ce un motif pour dire où nous en sommes. Elévation des pierres et des mots. La langue creuse les fondations, l’herbe reprend notre mémoire Nous écoutons ce qui rassemble en nous d’autres lieux et d’autres temps où rien ne fut inscrit. »
 GEORGES DRANO

????????????????????????????????????

**

Nous voici partis pour  explorer le livre des murs et leurs diverses « géographies »; avec leurs strates semblables à celles sur lesquelles s’élèvent les villes(la vie aussi?) et dont on découvre l’histoire pas à pas.

Et comme dans chaque balade, il y aura des allers simples et des retours, des livres à ciel ouvert et d’autres dans les entrailles de la terre,une ouverture vers le street art, des témoignages discrets et d’autres éclatants de couleurs, des digressions au fil de la pensée, des bonds de pierre en pierre, de fleur en fleur, de parfum du passé en lumière du présent: ainsi se tisse l’étoffe du temps.

***

1 par Re Chab

des murs  (  le chant des plantations ….)

-Elle s’accroche dans les creux,

Dessine des arabesques ,
Des floraisons au sein
des murs arides .
Et cela grandit,

D’abord en lichens,
Recouvrant petit à petit,
L’écriture penchée
« défense d’afficher »,
Encore visible sur l’enduit.

Il disparaît à plusieurs endroits,
Révèle des pierres,   bien jointoyées,
Où bientôt ,          pointe de la couleur,
Un rose insolent,
Une fleur .

Elle échappe au sévère,
Et          s’est trouvée une autre nature,
Autant de vie,
A défier            le ciment
En un nouveau printemps.

????????????????????????????????????

***

2 en écho

P1060337

Mur, muret ou muraille ?

Il y a des murs qui disent oui

Et d’autres qui disent non.

 

Ils s’habillent de ciment

Se lissent, s’oublient

Se murent dans l’oubli

Se cachent à la vue

Se dérobent, se neutralisent

Même les ombres ne s’y arrêtent guère.

 

D’autres  se dévoilent au passant,

Et l’affichent ROUGE

Ou bien disent à la face du monde

A l’œil et au doigt s’y promenant

Qu’ils sont accueillants.

Ces murs généreux

Nous renvoient la chaleur

Lorsque notre énergie est morte

Ou bien nous épaulent

Lorsque nous semblons rendre l’âme.

 

Mot à mot sur le mur primitif

Les pensées prennent vie

Les fleurs de lumière  s’y lovent

Sans terre, sans eau mais si vives

Qu’on y lit le livre du printemps

Parfois, l’automne y fait ses gammes

En chevelure frissonnante de feuilles

En guirlande de lierre prospère

Où le lézard joue à la balancelle.

 

Soudain l’horizon s’illumine

D’une fleur des chants

D’un arbre jailli de ses entrailles.

Le mur a parlé, le mur fait racine

Et la vérité s’élève vers le ciel.

Qui fit un mur, édifia un tableau

Qui fit une barrière la vit prendre mot

Qui planta un arbre lutta contre poussière

Qui lut le proverbe fut initié

A la langue des signes.

Maïté L

clairière

photo prise en bordure du parc de la sérénité/ Mérignac 33

***

3-Petite suite

Vois-tu ce que les murs cachent,

Avec leur robe de ciment,

Leurs cheveux de piquants,

aux tessons qui dépassent… ?

a

 

Ce que certains interdisent,

C’est d’abord le regard :

Devant le corps, une barre,

Contre la convoitise…

 

Je ne sais s’ils sont accueillants,

Si ce sont ceux qui enferment,

En montrant leur épiderme

Même s’il est verdoyant.

 

Et, il est vrai, plus sympathique,

S’il est couvert de lierre,

Qu’hérissé de barres de fer,

Et autres piques.

 

Mais ce peut être le mur d’enceinte,

Prolongeant les pentes escarpées,

D’où l’on ne peut s’échapper,

Qui symbolise la contrainte.

b

 

-photo perso        – enceinte  de Loropeni ( Burkina-Faso)

 

Celui de la prison,

Ou la loi se fait ciment,

la logique de l’enfermement,

Enrobée de béton.

 

Celui de la ville,

Qui se barricade,

Et joue la canonnade,

De peur qu’on la pille…

c

 

 

Celui du mur de la honte,

Qui tronçonne les quartiers,

( c’est pour mieux vous châtier,

Qu’on les monte ) !

 

Alors je préfère ceux,

Qui se manifestent,

Que les graffiti contestent,

Ou qui sont moins belliqueux.

d

 

 

La verticale est un obstacle,

Dressé contre la nature,

Et je n’aime les murs,

Qu’en tant qu’habitacle.

 

Ou bien ceux qui parcourent la campagne,

Et n’évoquent pas le bagne…

Pour séparer les champs,

Comme dans les îles d’Aran,

e

photo; murs  sur l’île  d’Aran ( Irlande)

RC

***

????????????????????????????????????

????????????????????????????????????

4- C’est l’histoire d’un mur amer…

Acte I : Dans les jardins :

Il y eut toutes ces années d’enfances

De simples haies de verdure

Livrant le passage à des jeux sans fin,

Trois maisons sans frontières

Et des poursuites, et des rires entre les arbres :

Les bambous, le tilleul

Le lilas et le chêne

L’immense magnolia aux feuilles vernissées

Et le vieux cerisier…

 

Acte II : Un jour la maison fut à vendre : ils ne l’avaient jamais aimée.

 

Le vieux cerisier abandonné
Fait ses adieux sans avoir démérité
Aux oiseaux et au vent.
Arbre courage à la généreuse blancheur
Il défie les tristes panneaux
Posés à la hâte sur le portail
Grinçant à deux vantaux.
A vendre. Propriété tombée en disgrâce.
La villa se décompose les volets clos
A l’ombre du magnolia et du vieux tilleul.
Les chats , passagers du silence
Effacent les ans sur le seuil usé.
J’ai mal au tendre aubier de l’an
A ses branches murmurant aux passants,
Que les oiseaux n’auront pour tout festin,
Qu’une parade en pétales blancs.
Le cerisier touchera terre
Avant le prochain printemps.

Acte III : Fin des arbres.

 Peu de temps après l’écriture de mon poème « le vieux cerisier » une pelle mécanique arriva et j’assistai au carnage : la chute sauvage des arbres arrachés, cassés.

Le cerisier n’eut droit à aucun égard.

 

Acte IV : Les travaux de construction :des murs montent, montent…

Musiques de vie

Un matin ordinaire
à l’éveil d’un chantier:
Soudain, quelques bribes
d’un chant de son pays.
Mais qu’il est loin l’été à recoudre les racines!
Des marteaux de non cadence
et un klaxon en transbordement
du sable, du sable qui dégouline,
des fausses pyramides
des plages où la sueur
Vient faire barrage au gel.
Des pelles silencieuses
à tournebouler la terre
Tam tam de grosses caisses
et flon flon mécanique en béton
Un matin si ordinaire…
Au loin résonnent encore des pépins amers
Des clameurs, des nuits de rancoeur
et de fronde,
couleur de feu, couleur de sang.
J’ai peur
Quand les mots enflent,
Quand les gestes dérapent,
Nous laissant Marionnettes pensantes
De tous ces mondes parallèles.
Marionnettes aux aguets
spectateurs ou acteurs
Nous écoutons
tous ces grains de l’hiver
ces musiques de vie
si emmêlées.
Qu’on ne sait
qui tire
les ficelles….

????????????????????????????????????

????????????????????????????????????

 

Acte V :Fin

Le  grand bâtiment ouvert au public, le grand cube construit nous  cache les ciels enflammés du crépuscule. Il y a quelques jours encore, je les apercevais dans le miroir des fenêtres.

Nous appelions de tous nos vœux la construction d’un mur, d’une palissade nous rendant notre vie, un semblant d’intimité, nous séparant de nos nouveaux voisins

Il est là, en bois….

C’est l’histoire d’un mur, l’histoire d’une page qui se tourne, un point de rencontre entre la nostalgie d’un passé révolu et la raison.

 

Mais il est  toujours aussi  vrai que « le cœur a ses raisons que la raison ne connaît pas.

reflets-042

Maïté L

***

5-par Re chab

 

Muraille


Autant il s’agit d’une masse,

Qui se dresse,

Mais qu’il a fallu jauger,

C’est à dire évaluer,

Dans son volume futur,

De pierres, de ciment,d’armatures…

Et combien de camions ont été nécessaires,

Mais aussi les tranchées, les soubassements,

Les drains d’où l’humidité s’échappe  ;

 

Autant il s’agit de la mettre en œuvre,

Cette muraille ;

De soulever le poids d’une pierre,

De l’aligner sur la voisine,

De l’épanneler,

De choisir la bonne assise,

Le bon angle,

De l’élever progressivement,

D’utiliser les grues,

D’extraire le sable de carrière….

1

 

 

La construction s’arque-boute

Sur elle-même,

Pèse de sa propre masse,

Sur sa verticale,

Sur les pierres de la base,

Sur les fondations.

Elle joue la carte de la durée,

Et déjoue même dans la mémoire,

Son origine,

Le pourquoi de sa présence ici….

2

 

( mur  d’enceinte  de Rome, construit par Aurélien)

 

Elle clôture la propriété,

S’orne d’arcades,

Se pare de meurtrières,

D’un chemin de ronde,

S’élève en tours,

Gravit les pentes,

Dessine les contours de la ville,

Puis   jusqu’à la démesure,

Une frontière,

( La Muraille de Chine .)

 

La marque de la puissance,

La verticale de l’arrogance,

Mais qui porte en son sein,

La crainte,

Celle de ceux dont on se protège,

Et qui parviendront,

A trouver le défaut de la cuirasse,

Si la vigilance chancèle,

Si les dynasties faiblissent,

Et se diluent dans le temps.

3

 

 

 

Car c’est justement le temps,

Qui morcèle les murs.

L’envahisseur viendrait

Davantage de l’intérieur,

Si d’autres usages font,

Que la muraille n’est plus utile,

Ou finit par encombrer  :

On s’en sert de carrière,

On l’arase, on la perce,

D’autres constructions s’adossent à elle….

4

 

Offerte aux intempéries,

Elle suit le cours des choses,

Se ride et se lézarde,

Et il n’est pas rare que des racines

La soulèvent, pénètrent les interstices,

Lui donnent un fruit,

Et qu’à la poussée de la terre,

Quelques pierres se détachent,

Et même , que des pans entiers

Se décrochent                       comme par lassitude…

5

 

(chute  d’un des remparts  de Parthenay)

***

6- Le château de Bonaguil ou  la force tranquille

????????????????????????????????????

Bonaguil  M Ladrat

 

Aujourd’hui sans doute, il pleure contre ses flancs

Des larmes de pluie, des pétales odorants

Mais la muraille en rit : les larmes viennent heurter en vain l’infini.

Le temps n’a pas de prise sur le bâti, sur le château

Qui d’un lointain enfoui  sous les strates nous fait signes.

????????????????????????????????????

Bonaguil M Ladrat

 

Mais quand vient l’été

 Alors, le soleil généreux du Sud-ouest

Effleure les pierres où le vent vient baguenauder

A l’ombre du sentier pentu.

Le regard s’élève ou  bute… Contre la lourde porte

Où vient s’engouffrer notre imagination

Devant quelques costumes entrevus :

De longues et lourdes robes nous font rêver

Tout comme les armures où jouent les reflets.

????????????????????????????????????

Bonaguil M Ladrat

 

Bonaguil se dévoile lentement…

De loin il campe en majesté sur son éperon rocheux.

 Il faut prendre le temps de s’en approcher, faire halte à ses pieds

Laisser monter l’émotion, s’y  sentir accepté

Autorisé  à caresser de la main le destin des pierres

 Et du regard admirer leur tourbillon, leur audace.

Pénétrer dans le cocon d’entre les murs nous entraîne

Vers les tours aux plafonds blonds et circulaires

Dans l’enfilade des pièces,  devant la grande cheminée

De la salle d’apparat où flambaient des troncs entiers

Dispersant  leurs étincelles et leurs jeux d’ombres.

Et puis s’asseoir à la table massive, prendre la plume maladroitement

S’essayer à la  calligraphie en mode médiéval…

Si loin de toutes ces flèches fusant des archères

Leur préférer l’instant-bulle  fugitif  des cœurs de lumière.

????????????????????????????????????

Bonaguil M Ladrat

????????????????????????????????????

Bonaguil M Ladrat

Bonaguil, pierre après pierre nous fut conté

Lui, le château peu à peu restauré, jamais abandonné.

 Aujourd’hui, Bonaguil n’en finit pas de vibrer

 Laissant à ses visiteurs une émotion profonde.

Maïté L

????????????????????????????????????

Bonaguil M Ladrat

http://www.chateau-bonaguil.com/fr

***

Les vivres de l4art 2014a

Les Vivres de l’Art/ Bordeaux 2014

7-_ Par Rechab le 31 05 15

Ce sont des façades qui portent en elles les fatigues.

L’envers de la surface décrépite,maintenant offert sur l’extérieur

L’air les traverse, et les intérieurs s’éparpillent.

Avec leurs entrailles de câbles, de tuyaux, de conduits, qui sont, de la sorte,   comme dans nos corps, les circuits que nous portons,                sans en avoir forcément conscience.

On sait que le sang pulse, que l’oxygène nous est nécessaire, que les nerfs transmettent les sensations, et permettent le mouvement.

 

Les maisons sont alors ces corps, laissées pour compte, mais leurs murs encore debout.

Sentinelles, marquées de la pulsation du passé.

Tu peux voir, leurs papiers peints, changeant selon les étages, une mosaïque de couleur, des gris, des roses, des verts…. et la destination des pièces :

Une mise en scène involontaire, préservant ,  par l’ombre, l’emplacement où les meubles et les tableaux sont restés immobiles,      sur l’échelle des années .

Les alignements verticaux des lavabos et des baignoires, les portes,     qui ne débouchent plus sur rien.

Comme si la vie était suspendue aux ustensiles,           hésitant entre sa disparition et le témoignage.

Une rampe d’escalier serpente, à la façon d’une colonne vertébrale.

Des pigeons s’y accrochent.

C’est une falaise écorchée.

Le clos est ouvert, donné au vent : un corps déchiré sur l’indifférence ;         sans intention de montrer.

Même pas le corps disséqué de la « leçon d’anatomie »

 

 

Le regard y plonge, et c’est presque indécence.

????????????????????????????????????

Bordeaux Les Vivres de l4art 2014

(  j’avais  déjà  écrit  il y a longtemps  quelque  chose  sur  ce thème, visible ici)…