Vint le crépuscule
Il est des crépuscules comme des veines souterraines.
Il est des lignes de velours pérennes,
Des frémissements d’ heures de nuit très douces
Dont le rayonnement touche profondément l’être.
Alors, lentement, la passante se referme comme une fleur.
Pleine de son amour ardent du jour
Elle distille dans son coeur
goutte à goutte les perles
Du nectar des profondeurs d’outremer
Unies à celles de la voûte étherée.
Alors par-delà les mers
A fleur de ciel
A fleur de sel
Voguent les pensées dune, les souvenirs de la petite sirène.
Evocation de la presqu’île du Cap Ferret
« Si on longe les côtes en bateau et que l’on se laisse doucement glisser de Claouey jusqu’au bout des terres on effleure l’univers somptueux du Cap Ferret où apparaît une lumière qui est celle même de Claude Lorrain une longue procession de ports et de mouillages secrets, de riches demeures, de terrasses émergeant à peine des pins. » CLAUDE VINCENT
Tout au long des côtes, des générations de parqueurs, de pêcheurs ont donné naissance à ces cabanes en bois construites sur le Domaine Maritime les mêmes cabanes que celle où a séjourné Jean Cocteau. Ainsi sont nés ces villages ostréicoles aux couleurs vives ou pastel qui permettent de travailler et de ranger le matériel nécessaire à l’exploitation des huîtres.
Piraillan, Le Canon, L’Herbe, Les Jacquets, Piquey sont inscrits à l’inventaire des sites pittoresques.
Là dans les venelles fleuries, pavées de coquilles d’huîtres, vous pourrez vous perdre, vous mettre à l’ombre, apercevoir le Bassin dans toute sa splendeur, déguster des coquillages , notamment des moules qui sont les prédateurs des huîtres.
Et si vous avez la chance de venir dans la région et de profiter, par exemple de l’été indien, laissez-vous entraîner au bout des terres, à la pointe du Cap Ferret, sur la plage presque déserte. Vous pourrez marcher pendant des heures ou vous installer au ras des vagues avec pour seuls compagnons l’air iodé et l’horizon.
Parfois, vous vous retournerez pour voir le dessin de vos pas sur le sable humide, vous ramasserez quelques coquillages pour les souvenirs, et vous longerez les blockhaus, tagués, vestiges de la deuxième guerre mondiale.
Vous quitterez la pointe sablonneuse grignotée par les vents et les courants, avec vue imprenable sur la Dune du Pyla (ou Pilat), la plus haute d’Europe.
Vous reprendrez la route qui, au fil des saisons devient le royaume des mimosas en février si le gel n’a pas mordu très fort, s’éclaire des ajoncs un peu plus tard et qui l’été, nous offre ses sous-bois aux couleurs des fougères et de la bruyère, sans oublier bien sûr les arbousiers des dunes.
Maïté L
Invitation au rêve
Invitation au rêve
Elle était là
Esseulée
En bleu du ciel
Elle nous attendait.
Eprise des clapotis sombres sur clair
Aux heures pré-crépusculaires.
Simplement balancée
Sans à-coups
Sans regrets
Sans apprêts.
A l’écouter, la barque amarrée
Nous parler turquoise
Silences et battements au cœur de l’été,
La passante a cru chavirer.
Rêves en creux. Rêves de lèvres closes
Prêtes à attiser les envies de dune
Au loin si blonde, parée de ses forêts .
Et la transparence, se jouant des flots
Vague opaline à vague regard
La barque à l’imperceptible volte-face
Se livre,
S’efface… Le courant passe
Et danse la barque
S’enflamme au vent dardé.
Immobiles pensées et subjuguée
Sur la rive abordée
La passante
Reste à feuilleter un à un
Les arcanes de la marée
Et la barque
Sur le sable repoussée
Ne joue plus.
Elle
Attend
En
Grand
Secret
Les bras
Saphirs
De la marée.
Maïté L
Cap sur Andernos-Les-Bains(33)
Cap sur ANDERNOS
Je vous emmène tout de suite au port du Betey, cet endroit magique découvert un jour au hasard de mes pérégrinations professionnelles.
Le port de plaisance, la capitainerie, le hamac profond entre deux arbres aux troncs tordus par le vent, l’ombre fine des tamaris et non loin la jetée, la plus longue du Bassin avec ses 322 m; la villa typique arcachonnaise, haute, avec plein de toits et des parements de bois et de brique rouge.
Ici souvent règne le calme. Beaucoup de cyclistes qui avancent à un train de sénateur, des adeptes de plage tranquille aussi bien à marée basse qu’à marée haute, quelques familles. Mais dernièrement, nous avons pu constater combien le nombre de bateaux en mouillage sauvage a pu augmenter et avec cette multiplication du tourisme aquatique la prolifération d’une fine pellicule verte. Les amoureux du Bassin l’aiment autant à marée basse qu’à marée haute, le spectacle étant très différent à chaque visite.
La promenade depuis ce lieu stratégique, à marée basse, débute en direction du port ostréicole. Au passage,une petite déambulation sur la jetée d’où l’on aperçoit les courageux pêcheurs en quête de coquillages dans la vase bien noire jusqu’aux genoux. Rien ne les décourage : ni le panneau « attention, sables mouvants » ni l’absence d’eau qu’ il faudra attendre six heures avant qu’elle ne vienne clapoter dans la baie.
Mais déjà le port ostréicole se dessine ; là-bas les cabanes de pêcheurs aux abords fleuris ont des portes de couleur rose, bleue ou verte … Les filets sèchent sur deux piquets. On y répare les fameuses pinasses et souvent sur la route traînent les supports métalliques des huîtres. Parfois, nous faisons une pause sur un banc ici ou là avec l’impression d’être hors du temps.
Nous passons tout contre l’église Saint Eloi du XIIème siècle construite sur une villa gallo-romaine dont nous apercevons quelques vestiges. Pas fous ces romains ! Eux aussi appréciaient l’air iodé, la proximité du Bassin et savaient se faire plaisir!
Ensuite, la promenade peut emprunter un bout du sentier du littoral pour se rendre aux Quinconces, plage préservée de l’urbanisation, lieu où séjourna en son temps Sarah Bernhardt.
Ou bien de retour au port du Bétey, nous aimons aussi démarrer une autre balade toujours en front de mer, bien aménagé, en direction de la piscine d’eau de mer et bien au-delà. Là nous surplombons le Bassin et apercevons au loin dans la brume, Arcachon, Gujan-Mestras ou le passage vers le Cap Ferret.
Andernos est un lieu que nous aimons partager, à heures comptées, avec nos amis de passage.
Châteaux de sable
Châteaux de Sable
Sur la plage, au crépuscule,
Les ombres des châteaux
étendent leurs tentacules,
Et gourmandent les vagues
qui, à coups de langues,
lèchent,un à un, les grains de sable.
Châteaux abandonnés,
Ruines sans armes ni ronces,
sans amour ni pervenches,
Forteresses et petits goûters
Des jours d’enfance ensoleillée.
Entre les vols furtifs de mouettes,
et les noires silhouettes,
Main dans la main,
La caresse des algues
et l’ivresse du vent
les couchent inexorablement
Au fond des océans.
Maïté L
Soulac(Gironde), un passage éclair.
Soulac, 100 km de Bordeaux au fond de la presqu’île du Médoc. Juste avant Le Verdon, qui se trouve à la fin des terres et de l’estuaire de la Gironde .
On aperçoit aussi le phare de Cordouan, le plus vieux phare français en activité.
Nous sommes partis à la recherche de quelques villas typiques que l’on rencontre dans les cités balnéaires. à Arcachon , on les appelle » les arcachonnaises ». J’ai découvert que les briques ici aussi sont à l’honneur.
Les premières villas sont apparues avec l’arrivée du chemin de fer dans le Médoc en 1874. La commune de Soulac est alors devenue le lieu de villégiature des bordelais.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Soulac-sur-Mer#Histoire
Le feu d’artifice et le Pont de Pierre (2)
S’élancer vers la lumière
cueillir les gerbes
et les bouquets
dorés
le Pont en pointillés
ou point essentiel de mire
Montée à l’assaut du noir
hésitation avant
l’éclat
l’extrême des signes
et des retombées
en cris, mains agitées
à la pointe
de la nuit jaillit
la couleur.
Rejoindre la forme intérieure
et sa langue d’airain
Retenir le chant
des girouettes
au vent
de la marée
à quai
plus de clapotis
des traits
sertis
dans les flots
à contre-courant.
Fin et me viennent ces mots de Roberto Juarroz que je vous laisse apprécier:
« L’ombre est un fruit mûri à contretemps.
Si on le presse, il donne le jus de la lumière,
mais peut aussi tacher les mains pour toujours.
Il faut vivre l’ombre comme un fruit,
mais la vivre du dedans,
comme on vit sa propre voix.
Et il faut sortir d’elle goutte à goutte
ou mot à mot,
jusqu’à devenir lumière sans s’en rendre compte.
Le jour des hommes n’est pas un jeu.
Le jour des hommes est fait
de quelque chose qui ne commence qu’avec la lumière.(V, 56)
Eclats de lumières et 14 juillet(1)
Jour de fête
nationale
Petits drapeaux
Multipliés
Dans les reflets
La foule attentive
Au Miroir D’Eau.
Il faut arriver à la pointe du soleil
décroissant
Pour prendre le Pont de pierre du regard
Et ne plus le perdre
De vue.
Dans tous ses états
En drapés de ciel
En instantané rose
Dix-sept arches
N-A-P-O-L-E-O-N-B-O-N-A-P-A-R-T-E.
Une à une les lampes
Puis le noir
Avant
La fête des lumières.
Sérénité
Guides en ordre de glisse
Ailleurs des franges d’implosion
Vertes les berges et vivants reflets.
***
Je prendrais bien quelques rais
De lumière
Posés à dessein à même le creuset
De la rivière.
***
Juste le temps d’épouser l’ombre fusionnelle
Du soir
Où les canards sculptent la peau
Du miroir.
***
Suivre du regard brûlant l’impromptu
De leur sillage
Et de la ville engloutie dans la moiteur estivale tourner
La page.
***
Un miel sortilège caresse les invisibles contours sous arcade
De la bulle
Et surgit alors un soupçon de fraîcheur, une bouée lancée
A des incrédules.
***