Et la lune

Commença son voilage de lumière

Comme un O généreux

Une respiration

Que l’on sentait

Approcher des flots.


Ce soir-là Le monde battit sa coulpe

Et s’arrêta.

Silence.

Seule la présence des mâts.

Plus de mots glissés

A s’éterniser.

Les échos du jour

A s’étioler.


Soudain la part d’ombre

Se fit légère

Et dispersa le piquant du vent.

Hors-lieu.

Hors-temps.

Le monde en libation pacifiée buvait à la lune

Les roses des eaux, les nues rehaussées

D’un soupçon de poème en marge du tableau.

Maïté L

Il est des crépuscules comme des veines souterraines.

Il est des lignes de velours pérennes,

Des frémissements d’ heures de nuit très douces

Dont le rayonnement touche profondément l’être.

Alors, lentement, la passante se referme comme une fleur.

Pleine de son amour ardent du jour

Elle distille dans son coeur

goutte à goutte  les perles

Du nectar des profondeurs d’outremer

Unies à celles de la voûte étherée.

Alors par-delà les mers

A fleur de ciel

A fleur de sel

Voguent  les pensées dune, les souvenirs de la petite  sirène.


« Si on longe les côtes en bateau et que l’on se laisse doucement glisser de Claouey jusqu’au bout des terres on effleure l’univers somptueux du Cap Ferret où apparaît une lumière qui est celle même de Claude Lorrain une longue procession de ports et de mouillages secrets, de riches demeures, de terrasses émergeant à peine des pins. » CLAUDE VINCENT

Tout au long des côtes, des générations de parqueurs, de pêcheurs ont donné naissance à ces cabanes en bois construites sur le Domaine Maritime les mêmes cabanes que celle où a séjourné Jean Cocteau. Ainsi sont nés ces villages ostréicoles aux couleurs vives ou pastel qui permettent de travailler et de ranger le matériel nécessaire à l’exploitation des huîtres.

Piraillan, Le Canon, L’Herbe, Les Jacquets, Piquey sont inscrits à l’inventaire des sites  pittoresques.

Là dans les venelles fleuries, pavées de coquilles d’huîtres, vous pourrez vous perdre, vous mettre à l’ombre, apercevoir le Bassin dans toute sa splendeur, déguster des coquillages , notamment des moules qui sont les prédateurs des huîtres.

Et si vous avez la chance de venir dans la région et de profiter, par exemple de l’été indien, laissez-vous entraîner au bout des terres, à la pointe du Cap Ferret, sur la plage presque déserte. Vous pourrez marcher pendant des heures ou vous installer au ras des vagues avec pour seuls compagnons l’air iodé et l’horizon.


Parfois, vous vous retournerez pour voir le dessin de vos pas sur le sable humide, vous ramasserez quelques coquillages pour les souvenirs, et vous longerez les blockhaus, tagués, vestiges de la deuxième guerre mondiale.


Vous quitterez la pointe sablonneuse grignotée par les vents et les courants, avec vue imprenable sur la Dune du Pyla (ou Pilat), la plus haute d’Europe.
Vous reprendrez la route qui, au fil des saisons devient le royaume des mimosas en février si le gel n’a pas mordu très fort, s’éclaire des ajoncs un peu plus tard et qui l’été, nous offre ses sous-bois aux couleurs des fougères et de la bruyère, sans oublier bien sûr les arbousiers des dunes.

Maïté L

Invitation au rêve

Elle était là

Esseulée

En bleu du ciel

Elle nous attendait.

Eprise des clapotis sombres sur clair

Aux heures pré-crépusculaires.

Simplement balancée

Sans à-coups

Sans regrets

Sans apprêts.


A l’écouter, la barque amarrée

Nous parler turquoise

Silences et battements au cœur de l’été,

La passante a cru chavirer.

Rêves en creux. Rêves de lèvres closes

Prêtes à attiser les envies de dune

Au loin si blonde, parée de ses  forêts .

Et la transparence, se jouant des  flots

Vague opaline à vague regard

La barque à l’imperceptible volte-face

Se livre,

S’efface… Le courant passe

Et danse la barque

S’enflamme au vent dardé.


Immobiles pensées et subjuguée

Sur la rive abordée

La passante

Reste à feuilleter un à un

Les arcanes de la marée

Et la barque

Sur le sable repoussée

Ne joue plus.

Elle

Attend

En

Grand

Secret

Les bras

Saphirs

De la marée.

Maïté L



Cap sur ANDERNOS


Je vous emmène tout de suite au port du Betey, cet  endroit magique découvert un jour  au hasard de mes pérégrinations professionnelles.

Le port de plaisance, la capitainerie, le hamac profond entre deux arbres aux troncs tordus par le vent, l’ombre fine des tamaris et non loin la jetée, la plus longue du Bassin  avec ses 322 m; la villa typique arcachonnaise, haute, avec plein de toits et des parements de bois et de brique rouge.

Ici souvent règne le calme. Beaucoup de cyclistes  qui avancent à un train de sénateur, des adeptes de plage tranquille aussi bien à marée basse qu’à marée haute, quelques familles. Mais dernièrement, nous avons pu constater combien le nombre de bateaux en mouillage sauvage a pu augmenter et avec cette multiplication du tourisme aquatique la prolifération d’une fine pellicule verte. Les amoureux du Bassin l’aiment  autant à marée basse qu’à marée haute, le spectacle étant très différent à chaque visite.

La promenade depuis ce lieu stratégique, à marée basse, débute en direction du port ostréicole. Au passage,une petite déambulation sur la jetée d’où l’on aperçoit les courageux pêcheurs en quête de coquillages dans la vase bien noire jusqu’aux genoux. Rien ne les décourage : ni le panneau « attention, sables mouvants » ni l’absence d’eau qu’ il faudra attendre six heures avant qu’elle  ne vienne clapoter dans la baie.

Mais déjà le port ostréicole se dessine ; là-bas les cabanes de pêcheurs aux  abords fleuris ont des portes de couleur rose, bleue ou verte … Les filets sèchent sur deux piquets. On y répare les fameuses pinasses et souvent sur la route traînent les supports métalliques des huîtres. Parfois, nous faisons  une pause sur un banc ici ou là avec l’impression d’être hors du temps.

Nous passons tout contre l’église Saint Eloi du XIIème siècle construite sur une villa gallo-romaine dont nous apercevons quelques vestiges. Pas fous ces romains ! Eux aussi appréciaient l’air iodé, la proximité du Bassin et savaient se faire plaisir!

Ensuite, la promenade peut emprunter un bout du sentier du littoral pour se rendre aux Quinconces, plage préservée de l’urbanisation, lieu où séjourna  en son temps Sarah Bernhardt.

Ou bien de retour au port du Bétey, nous aimons aussi  démarrer une autre balade toujours en front de mer, bien aménagé, en direction de la piscine d’eau de mer et bien au-delà. Là nous surplombons le Bassin et apercevons au loin dans la brume, Arcachon, Gujan-Mestras ou le passage vers le Cap Ferret.

Andernos est un lieu que nous aimons partager, à heures comptées, avec nos amis de passage.

Châteaux de Sable


Sur la plage, au crépuscule,

Les ombres des châteaux

étendent leurs tentacules,

Et gourmandent les vagues

qui, à coups de langues,

lèchent,un à un, les grains de sable.

Châteaux abandonnés,

Ruines sans armes ni ronces,

sans amour ni pervenches,

Forteresses et petits goûters

Des jours d’enfance ensoleillée.

Entre les vols furtifs de mouettes,

et les noires silhouettes,

Main dans la main,

La caresse des algues

et l’ivresse du vent

les couchent inexorablement

Au fond des océans.

Maïté L

Soulac, 100 km de Bordeaux  au fond de la presqu’île du Médoc. Juste avant Le Verdon,  qui se trouve à la fin des terres  et de l’estuaire de la Gironde .
On aperçoit aussi le phare de Cordouan, le plus vieux phare français en activité.

Nous sommes partis à la recherche de quelques  villas typiques que l’on rencontre dans les cités balnéaires. à Arcachon , on les appelle  » les arcachonnaises ». J’ai découvert que les briques ici aussi sont  à l’honneur.

Les premières villas sont apparues avec l’arrivée du chemin de fer dans le Médoc en 1874.  La commune de Soulac est alors devenue le lieu de villégiature des bordelais.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Soulac-sur-Mer#Histoire

S’élancer vers la lumière

cueillir les gerbes

et les bouquets

dorés

le Pont en pointillés

ou point essentiel de mire

Montée à l’assaut du noir

hésitation avant

l’éclat

l’extrême des signes

et des retombées

en cris, mains agitées

à la pointe

de la nuit jaillit

la couleur.

Rejoindre la forme intérieure

et sa langue d’airain

Retenir le chant

des girouettes

au vent

de la marée

à quai

plus de clapotis

des traits

sertis

dans les flots

à contre-courant.

Fin et me viennent ces mots de Roberto Juarroz que je vous laisse apprécier:


« L’ombre est un fruit mûri à contretemps.

Si on le presse, il donne le jus de la lumière,

mais peut aussi tacher les mains pour toujours.


Il faut vivre l’ombre comme un fruit,

mais la vivre du dedans,

comme on vit sa propre voix.


Et il faut sortir d’elle goutte à goutte

ou mot à mot,

jusqu’à devenir lumière sans s’en rendre compte.


Le jour des hommes n’est pas un jeu.

Le jour des hommes est fait

de quelque chose qui ne commence qu’avec la lumière.(V, 56)


Jour de fête

nationale

Petits drapeaux

Multipliés

Dans les reflets

La foule attentive

Au Miroir D’Eau.

Il faut arriver à la pointe du soleil

décroissant

Pour prendre le Pont de pierre du regard

Et ne plus le perdre

De vue.

Dans tous ses états

En drapés de ciel

En instantané rose

Dix-sept arches

N-A-P-O-L-E-O-N-B-O-N-A-P-A-R-T-E.

Une à une les lampes

Puis le noir

Avant

La fête des lumières.

Guides en ordre de glisse

Ailleurs des franges d’implosion

Vertes les berges et vivants reflets.

***


Je prendrais bien quelques rais

De lumière

Posés à dessein à même le creuset

De la rivière.

***


Juste le temps d’épouser l’ombre fusionnelle

Du soir

Où les canards sculptent la peau

Du miroir.

***


Suivre du regard brûlant l’impromptu

De leur sillage

Et de la ville engloutie dans la moiteur estivale tourner

La page.

***


Un miel sortilège caresse les invisibles contours sous arcade

De la bulle

Et surgit alors un soupçon de  fraîcheur, une bouée lancée

A des incrédules.

***

S’arrêter

Oublier

Le ciel

Goûter

Du bout de la langue

L’ombre

Par le bout

De la sérénité.

***

Maïté L