Entre plume et lune se glisse la main
Quand suis-je passée de l’autre côté du miroir? Maman, j’étais encore petite et tu me disais ;
-« va lire, détourne la tête. Petite, n’écoute pas les accents de ta grand-mère. Va plutôt réviser tes tables ou jouer à la balle contre le chai. Il ne faut pas regarder la lune. Il ne faut pas s’asseoir sur les jolis rayons du soir finissant. Ils pourraient te donner de drôles d’idées. »
-« Oui mais ma mémé le savait, je le sais aussi : on éclaircit la gorge avec des feuilles de ronce. On adoucit son derrière avec le bouillon blanc. Et tu vois, là,à perte de vue, dans les landes d’ajoncs poussent, sur les mauvaises terres, le « teinte fil ». Bientôt, il se fera lie-de-vin.
Tu vois, ma mère, le sable n’efface pas les traces. Il ne ment pas, lui. Il garde la mémoire des générations en sabots ou en jupons Et tu feras ton savon comme dans ton lit tu te coucheras »…
Les grands sont bien compliqués, ma mère. Certains voudraient, d’autres ne veulent pas entendre.
Et que fais-tu de l’espoir d’une enfant pas tout à fait comme les autres ? »
A trop écouter le chant du ruisseau, à trop se lover au cœur de la terre, à trop chercher les chemins de lumière dans la nuit, on finit par épouser les idées de la grand-mère. Et le vent, le vent n’en fait qu’à sa tête, parfois il vole les années. Parfois il efface les traînées.
Parfois la lune se souvient que dans mon enfance, je dessinais des mains. Des mains vers le ciel. Des mains de profil. Des mains à recueillir dans le sable blanc le don de la terre. Des mains de branches-arbres feuilles.
Aujourd’hui, on ne serre plus la main pour rien. La main c’est l’oeil du souvenir. Il reste encore des mains apaisantes, des mains bienfaisantes.
Grand-mère a gagné!
Toutes les photos prises sur les rivages du Bassin, fin juillet, ont leurs couleurs naturelles du crépuscule à la nuit tombée.
Vous pouvez aussi voir la série » Crépuscule ici:
http://alienor.multiply.com/photos/album/304