lac de Cap de Bos Pessac (Gironde) cliquez pour voir la photo en entier

Les arbres de ma rue commencent à se dénuder.

Le début de l’automne est comme une crème chantilly rendue mousseuse par le vent du sud apportant un supplément sur la carte de l’été. Car l’été ne s’en va pas d’un coup en tournant la page, en lançant la clef des champs au printemps. L’été a des feux ardents qui vont et viennent. Au soleil généreux répondent des envies de voir les couleurs de l’automne. Pour cela, une bicyclette, un appareil photo dans le coffre aménagé tout spécialement à cet effet et  après un salut au Moulin de Noés sur les bords du Peugue asséché en surface mais sentant bon la menthe, seize kilomètres plus loin, j’arrive au bord d’un petit lac  qui a traversé l’Histoire. Autrefois situé à un point de confluence entre le delta de la Garonne et les eaux de l’Océan il avait pour nom Lagune. Non loin d’ailleurs, les anguilles remontaient depuis la mer des Sargasses. Ici croisaient les barracudas et les requins comme en témoignent les fossiles datant de 18 millions d’années trouvés lors de l’aménagement de ce bassin.

L’air de l’automne au soleil de l’après-midi agite tendrement mon billet d’automne que je saisis au vol sur les berges aménagées de ce petit étang. Les feuilles frémissent et parfois se retournent pour mieux saisir les accents gais de l’instant. Un petit arbre rouge, un banc invitant à s’approcher des rides à peine perceptibles à la surface des eaux ; Aucun pêcheur à la mouche fouettée ! Jusqu’au sang des arbres aux feuilles pareillement colorées. Sur le clic de quelques photos, je suis repartie comme j’étais venue, suivant le tracé du Peugue : Bois des Sources, Bois de la Princesse : cette dernière au Bois Dormant s’est-elle endormie sur la voie carrossable romaine située non loin de là menant de Burdigala à La Teste ?

Premier chuchotis d’automne dans le bois.

Le 08 10 2010

cliquer sur la photo pour la voir en entier


Rose des vents


A la pulpe du jour, devant ma porte

Fenêtre sur le jour s’allume

Comme une prune à l’odeur d’été

Moustaches  framboise hors toiles d’araignées

Invitées à perler fraîcheur de rosée

Un effet mûre écrasée transparence du verre

Le sourire barbouillé matin ensommeillé

Et les doigts léchant les miettes de la nuit

Roses voiles mettant le cap

Sur l’escadrille à l’assaut ciblé

Si haut, si haut

Et double v adouci prenant le fard

De l’arbre boule silhouette d’où tout naît

Et noir fumée exhalant la poudre dispersée

Sur la ville parée d’offrandes aux yeux élevés.

Le 6 octobre 2010, à Bordeaux

toutes les couleurs sont naturelles.

Le ciel

mon grenier de cocagne

mon soir sourire de choéphore

ma chute d’Icare

Mon songe d’harmonie

Ma lyre de lumière

Mon Arlequin de soie pure

Suspendu aux arches éphémères

Je suis peau, je suis pluie

Ardente et solaire.

*******

Mon bouquet de paille

A boire jusqu’à la fin du jour

Ma frise solitaire d’orante

Dans la marge de douceur

Mon oiseau de feu, ma symphonie inachevée

Dessine à la courbe de ton sein

Sorcier, tes couleurs sur fond délavé.

*******

Mon chant d’ardeurs réprimées

Ton tatouage sur mon cœur apposé

Mon silence incrédule ou bien amusé

Ton balancier d’orange amère

Mon chant murmuré à gorge vibrée

Ton Iris aux reflets lancés

Vers l’Ulysse aux chariots de fée

Ce soir,toi, le ciel aux doigts de lin

Pour nous tu a déposé

Sept éclats

D’arc-en-ciel.

Vint le jour partagé

Non dans le sens de la langueur

Mais dans le sens des frissons.

Un jour de rosée prometteur

Scindant la ligne  d’horizon

Un jour de bois et de prairies

Et de chevreuils enhardis.

La langue cueillait le tic tac

Des cimes et de leur ressac

Les yeux appauvris se réveillaient

Et s’habituaient au silence posé

Sur le bord des berges en poussière

Le jour velours se prenait à rêver en lisière

De ce qui serait onguent de mains

Livrées aux gants d’herbe et de matin.

Passants  entre les jeux  de cache-cache des pins

Le ciel est bleu si l’on en connaît le chemin.

La brume accompagnait ce matin-là le lever du soleil. J’entrepris donc d’aller à sa rencontre mais elle s’estompait bien plus vite que je ne progressais.

Je pris le chemin des sables, au-dessus du pipe line, puisque nous sommes au pays de l’or noir.Et je marchai le long de la craste particulièrement asséchée.

Mais bientôt, j’oubliai la brume car à mes pieds s’ouvrait le livre des traces. Je venais tout juste de comprendre pourquoi dans la nuit noire, j’avais entendu des jappements furieux. A l’heure où les animaux de la forêt venaient s’abreuver, s’était engagée une course poursuite.

Je suivis  les traces jusqu’au point de  rencontre.

Et je finis par apercevoir ce qui restait de brume accrochée à la forêt.

La journée s’annonçait belle. bientôt le sable effacerait cette page de vie, avant d’écrire la suivante.

Un matin solitaire, je partis en corps-à-corps avec la forêt.Parfois les pins furent témoins de corps-à-cris mais ce n’était pas le cas ce jour-là.

La nuit finissait de s’égoutter sur chaque brin de végétation et la lumière faible, fade, délavée rasait les taillis. Sur le chemin vite effacé, sévissaient les ajoncs m’obligeant à calculer où poser le pied. Entre chien, loup absents et rosée généreuse, je me glissai pour cueillir les présents d’un matin qui flattait mon côté sauvage.

Pourquoi partager un peu de la forêt à la végétation passe-partout qui n’a que la richesse des landes sèches?

Pourquoi compter une à une ces gouttes de pluie, de rosée, de lumière bien à l’abri des sous-bois?

Pourquoi partager cet espace niché entre public et intime?

Si proche des racines.

Comme un premier

.Pas.

Et puis:

.L’ESPOIR.

Le matin avait commencé comme ceci: par un coup d’œil lancé au ciel. Les nuages semblaient prendre la poudre d’escampette après avoir saupoudré le levant.(Vous pouvez cliquer sur chaque photo pour l’agrandir)

Puis avant midi, je perdis et je retrouvai deux fois ma montre entre les plages du Sud, celle du courant et celles des Ailes. Cela faisait plus de trente ans que je n’avais pas vu Mimizan.

Voici la plage du courant. Le courant vient du lac d’Aureilhan et se jette dans l’océan Atlantique à Mimizan . il sépare la ville du sud de celle du nord.


Si comme moi vous aimez contempler les tons émeraude, turquoise… Vous serez gâtés. La matinée avait été fraîche: les températures étaient proches de zéro et puis rapidement elles  redevinrent estivales avant midi.

Baigneurs,surfers, promeneurs s’étaient donné rendez-vous pour des joies simples de septembre.

Au loin un bateau…

ET puis…je vous laisse sur cette vision de la plage des Ailes: » il y a le ciel, le soleil et la mer… »

A quelques heures de là, sur une petite route étroite de campagne, sur les champs à perte de vue, le ciel efface les dernières heures du jour.

Les nuages flottent à portée basse et galopent au-dessus de nos têtes. Pas un bruit. Parfois un chevreuil s’aventure, à la recherche d’un point d’eau ou bien un héron  fouille le fossé. Au loin, les nuages se font plus pressants en direction de l’océan.

Et j’ai une pensée pour Saint-Exupéry qui connut ces contrées.

Quittant mon village « où la vie s’écoule comme du miel« *, je relis, sur fond de nuages un passage de TERRE DES HOMMES:

« Aussi nous interdisait-on, sous peine des sanctions les plus graves, le survol des mers de nuages au- dessus des zones montagneuses. Le pilote en panne, s’enfonçant dans l’étoupe blanche, eût tamponné les sommets sans les voir.

-C’est très joli de naviguer à la boussole, en Espagne, au-dessus des mers de nuages, c’est très élégant, mais…

Et plus lentement encore:

-…mais souvenez-vous: au-dessous des mers de nuages… c’est l’éternité.

Voici que brusquement, ce monde calme, si uni, si simple, que l’on découvre quand on émerge des nuages, prenait pour moi une valeur inconnue. Cette douceur devenait un piège… »

Texte d’Antoine de Saint-Exupéry

*Citation relevée par Pierrette Ronteix dans son tome I sur Parentis-en Born

Bleu, blancs, l’ombre

Sur l’autoroute du ciel

la fuite linéaire des nuages.

A saute-mouton sur les dents de loup

De la frise du temps

Comme notre vie

Tambour battant.

Noire était l’ombre

Et au loin

S’enhardissait  le vent de cime en cime.

Jeu.

Adossée contre le géant

de soixante-dix ans

Me dardaient mille rayons solaires

en plein cœur.

Maïté L

Mes remerciements vont à  Pierrette Ronteix-Chevody, auteure des livres Parentis-en-Born I et Parentis-en-Born II aux Editions  Sutton, qui a accepté de publier ces cartes postales faisant partie de sa collection personnelle.

Première photo: l’orme au début du XIXème siècle.

Deuxième photo: l’orme après la dernière  guerre.


Il y a parfois des rendez-vous ratés. Ma dernière rencontre souhaitée avec l’orme fait partie de ceux-ci. Je regrette d’être passée si près de lui sans avoir pu prendre le temps de le photographier une dernière fois.

Le journal Sud-Ouest a publié ces jours derniers un article en forme d’adieu. L’orme est mort, victime de la graphiose qui le rongeait depuis quatre ans. Il s’est endormi l’hiver dernier et ne s’est pas réveillé au printemps.Cet arbre vieux de six siècles porte en lui une partie de l’Histoire et des légendes  gasconnes.

Cette histoire  se passe au temps du Prince Noir…Vainqueur à Poitiers en 1536, il règne en seigneur sur l’Aquitaine…

La légende de l’orme*

« Vers 1450, Adeline jeune et jolie bergère, promenait en ces temps moyenâgeux son troupeau. Vers midi, lorsque le soleil invitait au repos, elle conduisait ses brebis là où l’eau limpide de la lande leur permettait de s’abreuver. Elle s’étendait volontiers là à l’ombre des jeunes chênes et y croquait paisiblement son pain de seigle au fromage blanc.

Déjà bien des bergers tournaient autour d’elle mais son cœur avait déjà fait son choix. Pierre qui poussait aussi parfois son troupeau sur les rivages du Pit vers le Nord, non pas parce que l’herbe y était grasse, mais parce qu’il y avait Adeline.

Tandis qu’elle faisait quenouille, Pierre du haut de ses échasses, surveillait les deux troupeaux. Ils étaient heureux et venaient là oublier l’oppression de l’occupant anglais. L’automne vint et Pierre dut partir avec son troupeau vers la vallée de l’Adour où les pâturages étaient moins sensibles aux rigueurs de l’hiver. Avant son départ, il promit à Adeline de revenir pour Pâques et de l’épouser à la Saint Marc. Mais durant cette absence, un bel officier anglais se montra très, intrépide à faire la cour à Adeline qui restait insensible à toutes ses avances. Mais les langues commençaient à jaser. L’Anglais ne parvenant pas à ses fins, décida de se venger. Il affirma avoir vu Adeline en flagrant délit de taillis.

En ces temps très sévères sur les mœurs, toute fiancée qui fautait encourait de graves châtiments allant jusqu’au déshonneur public. La calomnie fait toujours son chemin, elle s’insinue et pénètre les esprits semant le doute et l’incertitude. Adeline fut traduite devant le conseil des Anciens. Malgré ses protestations et ses serments rien n’y fit l’Anglais persistait.

Adeline fut condamnée à rester trois jours exposée nue sur un tonneau contre l’orme de la place. Trois jours à subir les moqueries et sarcasmes des passants. La sentence fut du Samedi Saint au lundi de Pâques. Pierre, de retour, entend parler de ce qui se passe à Biscarrosse. Il décide de revenir vite et parvient au pied d’Adeline attachée sur le tonneau devant l’orme. Elle lui crie son innocence. Tout à coup sa tête retombe sur sa poitrine. La honte vient de la tuer.

A ce moment là, juste au-dessus de sa tête à même le tronc de l’arbre apparaît miraculeusement une couronne blanche symbole de l’innocence.
Depuis une couronne blanche fleurit tous les ans au mois de mai au même endroit. »

*inspirée de la légende orale recueillie par l’abbé Lapeyre.

L’orme en 1975

Bien sûr, vous pouvez, comme dans chaque article, cliquer sur les photos pour les voir à la taille normale.

Et vous retrouverez cette légende ainsi que des photos de l’orme  en suivant les liens:

http://www.biscarrosse.com/La-legende-de-l-orme

http://krapooarboricole.wordpress.com/2009/04/24/le-vieil-orme-de-biscarosse-landes-la-couronne-de-fleurs-legendaire/