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Il arrive parfois que le bleu nous envahisse, nous garde à la lisière des mots, que la page reste blanche sous le plafond des heures penchant vers la terre.

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«  Ne croyez pas que tout ce bleu soit sans douleur »

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Point de naïveté, d’oubli durable mais un parti-pris de l’iris.

Le bleu n’est-il qu’un leurre, une illusion d’optique, un théâtre d’interdit?

Bleu suave, bleu de velours, flottant tel une brume sur le paysage.

Le paysage, ce costume de l’âme où glisser la légèreté du paraître.

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«  Nous sommes ici pour peu de temps : quelques mots, quelques phrases, si peu sous les étoiles, rien que cela, parmi tout le reste. Du bleu dans la bouche, jusqu’à la dernière heure. Voix blanche, voix tachée, conjurant la mort, écoutant sans effroi craquer les os du ciel et de la mer.« 

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Les citations entre parenthèses sont de Jean-Michel Maulpoix.

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à hauteur du regard, un bateau passe, glissant vers des contrées plus claires.

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Le regard captivé par  les touches pianotées rouge braise, or sur glace.Le soleil gagne les visages, généreux, horizontalement puissant.

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Aucun tremblement de l’air coupant comme verre à pied-d’œuvre versant le métal de l’hiver en fusion sur les dernières minutes possibles d’immobilité.

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Le regard de loin en proche à la recherche du labyrinthe hanté par le soir en couches successives, fondues, plaquées, superposées, révélées au plus offrant.

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Le souffle court sur le miroir des heures propices à l’envol de l’esprit.

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Décorporation.

Être le bateau qui rentre au port.

Être l’eau qui vient de la presqu’île.

Être le ciel dans son fourreau de danse maléfiquement pur.

Être.

Samsara.

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Être infiniment soir.

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Derrière les roseaux, une autre scène se préparait. La marée nourrissait l’espace mètre après mètre; Le soir venait en renoncement au jour. Le domaine de Certes s’endormait dans ses coins secrets. Côté Bassin, tout allait se jouer. Les rares promeneurs cédaient la digue: la frontière entre deux mondes antagonistes;la digue au-delà de laquelle les chasseurs se mettaient à l’affût. Comme le dit l’un d’entre eux, fusil prêt à la détente,  si les canards et autres sarcelles s’aventuraient hors de leur espace protégé, ils entreraient dans le champ de tir et deviendraient gibier. Il avait suffi d’une coloration subite du ciel; il avait suffi que le bleu ait moins de pouvoir pour que le renversement d’influences s’opérât.

Heureusement , tout le temps que dura le coucher du soleil, nous n’entendîmes pas un seul coup de feu.

Horreur et peur des armes.

« L’azur, certains soirs, a des soins de vieil or. Le paysage est une icône » écrit Jean-Michel Maulpoix; il trouve tant d’échos en nous tous avec son bleu qui est aussi le nôtre.Une icône, qui comme beaucoup d’icônes venait là de perdre sa valeur sacrée avec l’apparition du soir. Comme souvent, les icônes sont voisines des armes.

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NEUF ECLATS DE GESTE

« se détacher du temps comme une fleur

de sa tige


qui griffe la lumière

fait durer

la courbe


à l’angle d’envol

tirer son corps

vers le bleu


c’est la boule du monde

qui libère

l’horizon »

ZENO BIANU/ Infiniment proche

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Sur la scène, le rideau de branchages et de roseaux s’écarte lorsque le vent frappe les trois coups.

Jeu de cache-cache.

Comme  au théâtre, l’un entre en scène puis s’efface: le galbe d’un cygne, puis un autre.

Silence. Le souffle suspendu.

Et le ballet commence.

Jeu de cache-cache.

Glisse sans but précis. Lisser le plumage, apprêt en accord paysage.

Chacun pour soi.

Semble-t-il.

Et puis

la mélodie harmonieuse du silence.

Soudain, les danseurs de la lagune immobile

se rejoignent

et vont de concert en concert.

Une seconde en éclat de geste sépare chaque envol

parallèles au couchant

ils tracent les chemins du soir

ne laissant aux roseaux que des perles d’eau

bien vite effacées par l’instant

du fruit d’une blanche beauté parfaite.

Dents  de laine et pics d’argent

aiguilles de vent et craquelures de terre

Il est venu l’hiver sur les berges

vriller les remous et les écailles

siffler des feuilles

échappées du temps

et engrosser les nuits

interminables compagnes

aux seins ployant sous les heures

comme pommes ridées

des jours de grisaille

comme neige râpeuse

sur les haies de l’été

Il reviendra le soleil sur la mousse

les lichens refleuriront

de leurs âges millénaires

sous la caresse de L’Enclume

dans le silence des mains de paille.

Maïté L

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Woolly teeth and silver picks,

Windy needles and cracked earth

Winter came on the banks

Piercing swirls and scales,

whistling leaves,

flights of time,

knocking up the nights

those endless companions

with breasts heavy with time

like wrinkled apples,

gloomy days

rough snow upon

the hedges of summer.

The sun will come back on the moss
the lichen will arise from old age
under the caress of the Anvil
in the silence of straw hands.

traduit par Mosea
tous

mes remerciements.

« Entre arbre et nuage

Que passe l’oiseau blessé ou vent ravi

Que l’éclat furtif s’inscrive

………entre les yeux

………………..entre les lèvres

A la vraie vie

…….indéfiniment

……………….nous re-naissons »

François Cheng/ Le livre du Vide médian

J’ai déjà eu l’occasion de le photographier il y a quelques années. Il est toujours là.Il se sculpte au gré des vents en creux et en bosses et domine avec quelques très rares arbrisseaux la végétation rase. A demi caché par les roseaux, lorsqu’on l’aperçoit d’assez loin , le regard ne peut plus s’en détacher, du moins lorsque la passante est sensible aux décharnement, aux bras-branches en croix, au bois travaillé par les ans, le sel, les vents. il est le témoin de la Réserve. Il contemple les couples de cygnes que nous verrons bientôt apparaître.

JE VOUS INVITE A DECOUVRIR ICI LES ECHOS  SENSIBLES DE L’ARBRE CHEZ LAUTREJE

http://lautreje.blogspot.com/2011/01/kimtala-rouda.html

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« Mystère est un singulier

Qui ne peut se révéler

Que par d’autres singuliers

Que par l’ardent face-à-face

Des présences entrecroisées

-saule à saule par la racine

et tige à tige par le vent-

En leur plus long vouloir-dire

En leur ultime non-dit »

François CHENG/ Le Livre du Vide médian

Sens dessus-dessous  l’onde                              

Un bouquet de racines

Solitaires

Danseuses

S’ébrouent

Dans leur prison des glaces

Lancent l’anathème

zébré

A l’hiver

Allégées

Du  poids des ans.

Dévolues

A la paisible révolution des signes

Elles veillent impassibles                                                      

A l’envol des cygnes.

De vague en vague

De gerbe en gerbe

Elles retournent

A leur calligraphie

A leur sens dessus-dessous

A l’envers du miroir lissé par la froidure.

L’endroit reprend son souffle immobile

Tentation d’infertile

Immobile Cri noir

Suspendu au soir

Qui les verra retourner

L’azur détourné

A l’infiniment désert roi du silence.

Maïté L

« Perdue au sens de l’immense

Toute présence est pivot

Autour duquel l’univers

Tourne, soudain proche intime »

François CHENG


Un poète

« Laissez-le vivre sans lui faire de mal!

Laissez-le s’en aller; c’est un rêveur qui passe;

C’est une âme angélique ouverte sur l’espace,

Qui porte en elle un ciel de printemps auroral. »

EMILE NELLIGAN


RIEN

Qu’un point, un bouquet de biffures            

RIEN

que le vent sifflant glace

Bleu métal alentour

La digue sue en ocelles d’argent

Pas à pas crissent, la vie glisse vers l’harmonie

Epie l’eau qui s’enfuit au loin, si loin

Des heures serties dans les lys de l’hiver.

Les marées retrouvant les chenaux primitifs de la mer

Grisent le regard aux diamants tremblants.

RIEN                                                          

Temps immobile rare

Sculptant le tronc, sculptant le visage.

Présage.

RIEN

Qu’un léger rideau de roseaux

Monde à monde l’océan; dans la poche cristal du beau temps.

Maïté L