A patrickmodiano

In memoriam

A Patrick ou les maux du silence…

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Un triste soir d’octobre, j’ai lu un avis de décès. Froid. Sec. Professionnel.

Tu avais choisi le silence si souvent par le passé. Il semble que cette fois-ci il t’ait emporté au pays de Folon :

« Comme dans les dessins de Folon
Ceux qu’on aimait nagent à l’envers
Oiseaux de l’eau, poissons de l’air
Perdent le fil de nos saisons

Dans la brume de leur prison
Ceux qu’on aimait toujours s’effacent
Derrière les voiles de l’espace
Comme dans les dessins de Folon ».

 

Tu écrivais comme on respire. La poésie coulait de source. Nous avions en commun l’océan, la poésie et Van Gogh. Nous étions aussi deux des trois « trolls » qui luttions contre les idées nauséabondes. Nous défendions le devoir de mémoire quand d’autres voulaient faire table rase du passé.

Grâce à toi, je lus Patrick Modiano . C’était au temps du PEDIGREE ; à tous ceux qui croyaient reconnaître en toi Patrick Modiano tu écrivais  ce que tu intitulais : AVEU :

« J’ai grandi depuis la place de l’Etoile. Mûri et vieilli. Les livres de Patrick Modiano ont été des compagnons de vie au fil des années. Des romans qui se lisaient au chevet. Jusqu’à entretenir un fétichisme de l’écrivain, à défaut de culte. Je sais son lectorat multiple et fidèle. « Un pedigree » n’est pas un roman. Il n’en revendique pas le titre. Il n’est pas une auto-biographie qui s’ignore(-rait).
Je crains le testament. La mort littéraire. Le chagrin des orphelins. L’encre qui sèche et s’efface. Il nous donnait des clés; il nous lègue désormais le trousseau…
Je me cache sous un pseudo éponyme un peu présomptueux. Je préfère désormais l’anonymat… »

Tu n’auras pas vu le prix Nobel de Littérature attribué à Patrick Modiano en 2014. Quelle misère…

Pourquoi ?

Partir

valise au vent.
Avec des mots
avec des verbes…
à quia avais-tu dit et

J’avais découvert cette expression du passé.
Zeus n’était pas muet
il se dégonflait à l’aune du temps
de pacotille.
Avec ta valise de rêves,
 ta valise d’herbe et de vent
entrouverte au passant.

J’étais cette passante

De la terre de Graves,

 j’étais cette passante

qui comprenait entre les maux.

Tu partais vers le silence, silence, silence…
Ta valise était le fléau
de la balance d’argent.
Zeus lançait des éclairs,
Des rires sarcastiques,
Narcoleptiques d’antan.
Tu es parti en rubans,
Taquiner la pieuvre,
Glisser atout vent,
dégonfler la voile
noire à serpent.

Sur le chemin, tu croisas maintes fois
une vénéneuse parure
si peu sûre
par soir pas clair.

Alors tu lanças ta valise au vent
à quia tu te mis.

Pour toujours.

In memoriam.

*

Tu revins parfois, et de ta voix rocailleuse, tu disais tes peines, tu disais ton chant d’amour et ton désespoir. Tu me fis héritière d’un manuscrit : Le Procès de Van Gogh écrit par tes soins, en bonne et due forme .S’y mêlaient l’artiste ; les considérations sur le suicide et les petits cailloux blancs des titres des livres parus de PATRICK MODIANO.

Au détour d’une page on peut lire sous ta plume: :
« Le suicide est un moyen de locomotion céleste et dans la vie d’un peintre qui déraille la mort n’est pas l’horaire le plus inflexible »
patrickmodiano

Je te répondis ceci :

 

Les champs de blé courbés,
Des vagues de vagues de murmures
Les tournesols fanés,
et le soleil éclaté
En mille pleurs d’abandon.
L’homme à l’oreille coupée,
chemise rouge étoilée
de souffrance, de fulgurance
A rejoint le ciel tourmenté.
Pinceaux, tableaux abandonnés
orphelins. Des couleurs dispersées,
Semées aux quatre vents de folie
Rouge , rouge profond du fossé,
incarnat, grenade de la vie
fauchée sur le bas-côté,
en lisière d’inflexibles sentiments
La mort au rendez-vous
Blottie tout contre la démence.
Vincent V. Vie Vécue . Vie rendue sans conditions.

Un jour où toi, l’autre moi-même, attrait du suicide mis à part, m’avait souri en revenant à la vie, je dis :

Etre nu sans rime, échoué sur les rives

Des rêves d’hier si souvent inassouvis

Mais patienter aux frontières invisibles et mouvantes.

 

Fuir l’absurde silence couperet

Les paumes en prière simplement dressées

Comme pour apaiser nos sombres racines.

 

Aller jusqu’à la douce délivrance

Sans consentir le moindre prix du sang

Et combler avec demain la déchirure du présent.

 

Déposer en creux, en intime repousse sur l’amer

Comme la mousse saprophyte habille l’arbre

Les zébrures profondément gravées du souvenir.

 

Oser présenter nos  nuits à la lueur de la flamme

Découvrant ainsi la vérité sous le charme

Eclosion velours du jour couleur de l’espoir.

 

C’était en 2007…

Il y eut 2008 et cette rencontre qui ne put avoir lieu….

 

Patrick… ou les mots du silence

Dis-moi un peu…
où s’en vont les mots du silence? Sont-ils relégués dans un coin? Englués?Tourmentés de poussière? Sursautent-ils au moindre courant d’air? Sont-ils troués, mités, rapiécés du cœur, ou bien laissent-ils s’écouler la lave de l’esprit trop longtemps contenue, Explosent-ils à la face du monde?

Il y a quelques jours, j’ai lu sur le blog de Colo Octavio Paz et les vers ont vibré en moi.

Destino del Poeta

Octavio Paz

« ¿Palabras? Sí, de aire,
y en el aire perdidas.

Déjame que me pierda entre palabras,
déjame ser el aire en unos labios,
un soplo vagabundo sin contornos
que el aire desvanece.

También la luz en sí misma se pierde.

*

 

 


Destin du poète

Octavio Paz 

 

Mots? Oui, d’air,

et dans l’air perdus.

 

Laisse-moi me perdre parmi les mots,

laisse-moi être l’air sur des lèvres,

un souffle vagabond sans contours

que l’air dissipe.

 

Même la lumière se perd en elle-même. »

(trad: Colo)

 

 

Quel gâchis…Je ne saurai jamais comment tu es parti…Au fond de moi, je le sais.

Tu étais trop jeune…

Et je suis si triste pour toi.

Il y a quelques jours aussi, j’ai reçu »Pour que tu ne te perdes pas dans le quartier » et «  Villa triste »…

**

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« Il aurait voulu plonger dans cette matière sombre, renouer un à un les fils brisés, oui, revenir en arrière pour retenir les ombres et en savoir plus long  sur  elles. Impossible.

Alors il ne restait plus qu’à retrouver les noms. Ou même les prénoms, ils servaient d’aimants. Ils faisaient resurgir des impressions confuses que vous aviez du mal à éclaircir.

Appartenaient-elles au rêve ou à la réalité ? »

Patrick Modiano. L’Horizon.

***

Merci Marithé pour cet élan poétique qui me touche, comme il aurait touché Patrick alias patrickmodiano

« Quand l’Étoile n’est plus à sa Place
et que la Nuit fait sa Ronde
les Boulevards se font Obscurs
comme les Boutiques
et les Villas se font Tristes.
Passe la Jeunesse dans les Quartiers Perdus.
Du Vestiaire de l’Enfance
aux Noces en Voyage
à travers les Fleurs de Ruine
un Cirque est Passé
dans un Printemps de Chien
jusqu’à l’Accident Nocturne
vers les 28 Paradis.
Pas de Remise de Peine
Fragilité du Temps…

Quand les mots se font silences
les maux s’imposent encore plus fort…

… Et voilà un autre silence
qui nous laisse démuni, affecté…

Alors coulent les mots du cœur
Les mots qui vibrent
Les mots de l’émotion
Les mots qui livrent
Pour délivrer…
Pour ne Pas se Perdre…

Restent les mots secrets
Les mots discrets
Les mots du Poète………. »

Marithé

*Emprunts de Mots aux titres de Patrick Modiano, comme autant d’hommages à l’un et à l’autre… *

 

De sable le temps,

de temps le sable

 

à la lisière

où s’enlise

 

un soupçon

d’océan.

GEORGES-EMMANUEL CLANCIER

VIVE  FUT L’AVENTURE

Poèmes, éditions Gallimard

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Sable

Les grains de sable
surfent sur la dune,
caressent la lande.
Emportés par le vent
sur des vagues de pierre.
Accrochées à des branches d’étoiles,
Les bulles de sable
jouent à cherche-minuit,
au milieu des horloges
où s’incruste la mousse,
dans des sillons creusés
à même la peau.
Des langues de sable
s’allongent sur les ombres,
cathédrales de verdure
où jamais n’iront
ni les nuages
ni les images
ni les certitudes
d’un monde
à l’endroit.

Maïté L

*

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*

Avec quelques photos, je m’en remets aux écrits des uns et des autres qui tombèrent amoureux de la Dune et de l’océan pour un jour ou une vie.

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dune du Pilat vue du Cap-Ferret

La Dune du Pilat vue depuis le Cap Ferret

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« L’océan au pied, en face et à l’infini »

YVES SIMON

« Le prochain amour »Je vous écris du Bassin d’Arcachon 2,éditions Pimientos

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Située à l’entrée du Bassin d’Arcachon, face au banc d’Arguin et au Cap-ferret, « La Grande Montagne »est un désert formé par l’accumulation de sable due aux vents et aux courant marins.

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au loin le Cap Ferret vu depuis la dune du Pilat

Au loin, juste en face, la pointe du Cap Ferret

*

60 millions de mètres cubes de sable  passés à travers le sablier du temps,se dressent entre la station balnéaire du Pyla-sur-mer créée au début du XX ème siècle et la forêt de la Teste-de Buch sur 3800 ha.

La plus haute dune d’Europe est soumise aux éléments; instable, en perpétuel mouvement, elle  ne cesse de reculer de plusieurs mètres carrés chaque année.

*

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*

La montée vers le sommet ne se situe plus à l’endroit où je l’ai connue dans ma jeunesse. Elle se faisait plus près du village du Pyla-sur-mer où les premières maisons semblent devoir être englouties par le sable.

*

Le Pyla-sur-mer

Le Pyla-sur-mer vue depuis la Dune

*

La Dune s’étend sur 3 km et culmine à 110 m. Ce site classé depuis 1943 est un site très visité et donc à protéger de toute urgence;il est géré depuis 2007 par un Syndicat mixte de la Grande Dune du Pilat formé par le Conseil Régional, le Conseil Général et la commune de la Teste-de-Buch.

 http://www.ladunedupilat.com/monument-exception/

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« Nulle part en France, les grands éléments naturels-juxtaposés sommairement, étalés sans limites-ne se présentent comme ici en grandes masses simples et homogènes, d’une pureté qu’on dirait native, comme au long d’une mangrove d’Afrique ou d’une grève de Papouasie : pas un golfe, pas un rocher, pas une embouchure, pas une île, pas un phare, pas un champ, une saline ou une pêcherie, mais simplement la forêt, la plage, la mer. Un soir de septembre, alors que le soleil allait se coucher dans un ciel très pur, à peine arrivés au Pyla avec B., nous escaladâmes la grande dune, à cette heure-là et dans la saison avancée déjà absolument déserte. Il soufflait de la mer avec le soir un vent merveilleusement froid et revigorant. De la crête, arrondie comme un ballon vosgien, de la montagne de sable si pure et si blanche, on ne dominait à perte de vue, à droite, que l’océan bleu, à gauche, que l’océan vert. La dune, sous la grande brise de mer levée avec le soir, fumait comme un erg saharien et semblait arracher d’elle une à une, ainsi que des voiles translucides, les très fines pellicules de sable que le vent faisait glisser sans trêve sur elle, comme dans un vertige de nudité. Devant moi, je vis B. se déchausser et se mettre à courir, à courir à perdre haleine au long de la crête, les cheveux défaits, une aigrette de sable ailant dans le vent enragé chacune de ses chevilles, saisie par je ne sais quelle ivresse de l’étendue et de la virginité. »

JULIEN GRACQ
Lettrines 2

Texte recueilli par Jean-Claude Garnung
« Je vous écris du Bassin d’Arcachon 2, éditions Pimientos.

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Le banc d’Arguin

Le ,banc d'Arguin

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Assise là

au sommet de la Dune, dune venant après la Dune, venant après

les creux et les faux plats, pas à pas d’un premier matin du monde,

Toutes voiles de coton dressées, comme un bateau de terre,  un bateau fragile

Je jette mes maux au vent, je lance mes pensées à l’océan.

Seule, dans ce matin au soleil hésitant, livrée à l’envolée de grains cinglants

Je deviens calice, je deviens matrice de silence et d’infini.

En contrebas, les voiles blanches effleurent le tableau du rêve, tandis qu’au loin,

très loin, les bateaux que j’aperçois, glissent dans un écrin de  distance

échangent leurs traînées d’écume rectilignes, sur des chemins d’eau tracés au cordeau.

Parfois les humains vont par deux, sans oser l’abrupte pente menant à la plage, parfois,

ils s’assoient savourant l’émotion du grand bleu d’outremer à turquoise

venant mourir de tendre écume aux abords des langues de terre du Banc d’Arguin.

Parfois, ils s’élancent dans la fougue de la jeunesse et finiront sur la grève

Que j’imagine, dont l’odeur me ravit, mais que je ne vois pas. Ce sont aussi

Les pas d’un enfant : il reprend son souffle, dans ce sable qui avale ses petits pieds.

Et toujours le vent sur les crêtes : il cingle, étreint, donne le vertige, sème le doute

Et décourage ceux qui ne se donnent pas à La dune du Pilat, cette grande fille à la merci

de ciels, qui au fil des tempêtes, la livrent en pâture aux caprices des éléments.

A chacun sa Dune : faite d’impatience, à peine cueillie en une fois, du  seul  regard

quand, pour le contemplatif, au contraire,  elle se drape de pans changeants ;

elle rôde alors, nous entoure, nous parcourt en entier : c’est l’oubli providence

qui nous fait entrer en communion, arrêtant la montre aux portes du désert retrouvé.

Dune vertige, Dune en escaliers, Dune en arbre mort qui ne cède pas d’un pouce

Dune  sans cesse recommencée, Dune des millénaires, Dune phare,

Dune liberté des ailes retrouvées, Dune victoire Octobre rose.

Comme un défi, un jalon dans la reconquête du présent et du mouvement

Une offrande claire aux jours qui s’en viennent. Une longue aspiration blonde,

 La Vie majuscule.

Maïté Ladrat/ 16 septembre 2014

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Clair obscur

Sur les poubelles

Reposait nonchalamment

La belle alanguie

A la nuit tombée

Pas un cil, rien ne bougeait

Hormis le passant.

Comme il s’approchait

Il tiqua légèrement

Mais la raison sut garder

Se dit qu’en ces lieux

Des vacanciers désertés

Grand ménage fut fait

Plusieurs mains expertes

L’avaient disposée

Pour qu’une seconde vie fut offerte

A la rescapée

D’un zoo très familier

Où l’humeur avait changé.

Le cliché fut pris

La distance bien gardée

Dans le silence complice.

Qui choisirait-elle

Muscles et griffes bien cachés

Sous le poil lustré ?

Le rêve préservé,

Dans la nuit glissait

Au matin elle s’éveillerait…

♥♥

 Août 2014

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Aujourd’hui, je vous invite à suivre LE CHEMIN DES GRANDS JARDINS

http://rogerdautais.blogspot.fr/

et à retrouver ROGER DAUTAIS, à le découvrir, si cela n’est pas encore fait.

Cela fait des années que je me promène de ce côté-là, que je savoure son approche du LAND ART, que j’y puise du réconfort, de l’émotion, des connaissances, de la réflexion. mais ce n’est que récemment que j’ai osé laisser une trace pour la première fois. J’étais très intimidée.

Je vous invite à lire en particulier le dernier billet à ce jour datant du 6 août où j’ai eu la joie de découvrir avec émotion que Roger Dautais a fait battre pour moi « Le tambour du monde ».

Voici ma réponse:

 

A Roger

Comme à chaque fois, Roger, je viens ici tâter le goût de la terre, du ciel, de l’eau et du feu, prendre part au festin des mots, des couleurs, des odeurs, écouter pulser les sortilèges  de la levée polyphonique  des voix. Puis je m’éloigne pour un temps, forte de toutes ces graines qui se sont insinuées en moi et ne me laisseront de cesse que lorsque je serai  revenue au bord des cairns et des mandalas, guetter avec la marée cet apaisement de la tête soumise à un tourbillon de feux. J’écouterai les voix présentes, les absentes, les cris d’amour, le tambour de la vie et toute cette énergie que je puise car perceptible, dans l’apaisement et dans l’harmonie de la tâche accomplie.

Être le maître des éléments, les modeler et les mêler au passé, au présent, n’est-ce pas recueillir dans le creux de la paume endolorie le sel des embruns, cet estran dénudé dont tu parles si bien.

Convoquer ici les croix et les cris, le coude-à coude des fruits, les points cardinaux, la fleur de pétales d’énergie au centre en un va-et-vient qui rythme, envoûte. Il y a là une bataille , boucliers au vent, une croisade pacifique et la pierre qui se refroidit ou se réchauffe selon l’humeur.

Car aujourd’hui, j’ai vu le tambour du monde. Mais l’ai-je vraiment vu ?

J’ai écouté le tambour du monde ? Ai-je su l’écouter et aller au-delà pour qu’il sache trouver la porte ouverte ?

J’ai goûté à chaque fruit perlé de patience, à chaque brin de fougère minuscule flèche, aiguille du temps qui bat le tambour.

L’énergie du centre est si puissante qu’elle renvoie des ondes !

Aux armes les pois de senteurs marines !Rosissez vos prétentions !

Et vous bâtonnets feuillus de la roue de la vie, soyez mandala, soyez verte prairie des sentiments.

Roger, en guise de remerciement, je t’offre ces quelques mots d’un poète que j’aime beaucoup, à cheval entre deux mondes, voire plus, un poète à cheval sur les civilisations : Gabriel Mwènè Okoundji.

Dans son livre « Prière aux ancêtres » il écrit :

« Toute réponse est parole et toute parole est nombreuse

Un lézard portant un papillon, cela est une parole

Le coq appelant une poule, cela est aussi une parole

Le hibou chantant sa mélopée à la nuit, cela est encore une parole

La parole n’a pas de père, pas de mère, pas d’ancêtres

Elle est immortalité divine, grossesse et enfantement miraculeux

Elle est esprit du vent : aucun mortel ne peut donner rendez-vous au vent ! »

Mais aussi :

«  C’est à la fin du chemin que commence le cheminement

Qui n’a pas bon pied ne peut reconnaître sa trace

L’audace du premier pas éveille l’impossible quête de l’espace

Seule est nommée gloire, la période où la douleur du cosmos épargne l’homme »

Ne perdons pas la boussole. Merci de m’en avoir offert une que je garderai dans mon cœur.

PS : je crois que j’ai rêvé des années durant qu’un jour tu m’associerais, moi, l’inconnue, à une élévation d’âme. MERCI.

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Ces sculptures à figures humaines, sont autant d’énigmes. Ces personnages intitulés « PROFILS » de 55 cm de haut font partie d’une série de 60 pièces, des visages modelés dans le grès et juchés sur des blocs de terre.

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L’exposition se tenait  au Château Lescombes , à Eysines où Danièle Marteau voisinait avec Danielle Bigata.

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. « Autant d’expressions différentes qui me sont venues en travaillant » dit l’artiste.

« Cette foultitude est surprenante. Ils sont tous différents. Certains sont beaux, d’autres moins, voire beaucoup moins, presque laids. Certains suscitent de la sympathie, d’autres, du rejet. J’ai décidé de tous les garder. Ainsi va la vie ».

 « Mon travail trouve son origine dans les rencontres humaines » 

Interview de Danièle Marteau dans le journal Sud-Ouest 10/01/2014.

***

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Cette foultitude m’a inspiré quelques mots parce que dans son œuvre autour de laquelle j’ai longuement tourné, j’ai ressenti des émotions, des interrogations, des pensées mouvantes selon l’axe d’approche, cette force de l’expression associée au dépouillement.

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***

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***

à Monique

à qui ma poésie manquait…

Foultitude

Sarabande vertige

Tourbillon

De la foule

JE

En soltitude

Va-et-vient

Aux portes de l’autre

Frôle l’aura

Freine l’ange

Au chuchotis

Dans le brouhaha

Passe  repasse

Glisse

Ou s’enlise

La tête haute

Le dos courbé

Belle beauté

Enlaidie

A l’ombre des JE.

Le jeu des évitements

Le miroir des télescopages

 Mais Qui parle ?

Qui voit le regard croisé

L’absence

Le repli

Le dialogue qui n’aura pas lieu ?

Ainsi la guerre

Fratricide

Homicide

L’ailleurs sans voix

La bouche mutique

JE tire les tangentes

Trace les parallèles

Au cordeau.

Ses pensées intimes

Mises en équations,

Il n’en reste plus rien

De grès en force

Du passage à vide

 A la Vie d’ange déchu

Le salut ou la pluie

Viendront-ils du ciel ?

Seul Je s’arrête, suspend son verbe

Viendra ?

 Viendra pas

Ce cri du corps nié

Où seule la tête grave

Le billet du jour blond

Le vent, le poids des âges courbe

Lutte

Frontalement aux autres.

Qui détient la vérité

Dans l’incertitude

Des attitudes ?

La pâle ouate de la convergence

Emerge

De la plume

Du mot

Lisse le JE

Dans la négation des oripeaux.

 Avec  le Silence

Aux yeux trop grands

Le nez prend le vent

 L’Ange ou démon

 Dans sa fenêtre convaincue,

JE parle à JE en pied-de-nez

Rumeur, rumeur, rumeur,

 Humeur de  JE,

JE à l’honneur malmené.

Qui se fond dans la ville ?JE

Qui s’oublie dans la ville ?JE

Qui se meut dans la ville ?JE

Qui se meurt dans la ville ?JE

Quel poids ou quelle insouciance

Charrie la foultitude des  JE ?

Maïté Ladrat

***

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***

« Dans ces sortes de compétitions, l’esprit tout entier est tendu vers un but : gagner. Or il y a beaucoup à faire sur un bateau si l’on veut gagner une course »…

Eric Tabarly

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A la lecture du livre :

 « Victoire en solitaire, Atlantique 1964,  récit» (Arthaud)

cette phrase du formidable compétiteur que fut Eric Tabarly a curieusement fait écho dans ma tête.

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« Il réunissait donc au plus haut point les qualités de marin océanique, du navigateur solitaire, solide et résistant, et du régatier. Il le fallait pour réaliser un tel exploit sportif ! » dit de lui dans son hommage en préface du livre le capitaine de vaisseau  De Kerviler.

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J’ai été heureuse de renouer  avec mes balades sur les quais, appareil photo en bandoulière, à l’occasion de la venue des Pen Duick dans le Port de la Lune. Leur déplacement  a été salué par la foule, 50 ans après la victoire d’Eric Tabarly sur Pen Duick II,arrivé à Newport alors qu’il émergeait des brumes insistantes, pilote automatique cassé, silence radio depuis le début…

Cela faisait des mois aussi que j’étais entre parenthèses pour « gagner » non pas une course contre la montre car je n’appartiens pas aux « voileux » ni effectuer une traversée en solitaire…

Mais… comme LUI l’a fait en son temps, mes frères et sœurs d’infortune et moi-même nous devons vaincre et  cette « gagne nous mobilise à plein temps. Nous savons bien que nous n’aurons pas de médaille, et que nous devons arracher la rémission grâce à la médecine, avec la tête, les jambes, le sourire, la force mentale et notre entourage, proche ou lointain. Que nous devons collectionner les petits bonheurs même si nous avons dû réduire la voilure. Parfois nous connaissons la gîte, les creux, le calme plat, la chute parfois et chaque jour se gagne… Mon parallèle ne doit pas apparaître comme présomptueux.

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Bref revenons à Pen Duick

A l’origine…

 Pen Duick, le premier du genre

fut construit en Irlande en 1898 et « datait déjà » lorsque les parents D’Eric Tabarly l’achetèrent en 1938.Eric Tabarly l’a racheté à son père en 1952, à l’âge de 21 ans.

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« Le bateau ; aucun ne m’est plus cher que mon vieux Pen Duick, un cotre franc de quinze mètres, dessiné par Five… Il y a aujourd’hui  tout juste deux tiers de siècle. Il n’y a pas de « marine » que je préfère à la photo qui le représente incliné sous le vent, le plat-bord à fleur d’eau, toutes voiles dehors ».

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« Quand je le regarde, avec son habit noir et son plastron de voiles, il évoque pour moi un vieux et digne gentleman. Entre lui, dont la silhouette désuète fête ses cent ans et moi le retraité de la Marine, s’est nouée une affection qui a marqué nos existences. Sans moi, il ne serait plus qu’une épave. Sans lui ma vie eût été différente. »

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« Il est là, superbe, sous son gréement aurique, humant le vent, évaluant la force de la mer, frissonnant dans l’attente de la première risée : objet d’art, précieux, exigeant, sensuel, vif, capricieux, tel est Pen Duick, mon bateau ». 

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 ***

Tabarly, un visionnaire qui conçoit des machines à gagner grâce à ses connaissances en architecture navale.

Naissance du Pen Duick II:

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un bateau plus léger que son prédécesseur, en contreplaqué marine, construit pour naviguer en solitaire nécessitant la mise en œuvre de deux concepts : Rapidité et maniabilité.

1964: Eric Tabarly Vainqueur de la Transat en solitaire sur Pen Duick II

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« Pourquoi Pen Duick II ? Pour moi la réponse est simple, je voulais associer à mon nouveau bateau le souvenir du premier. J’ajoute que ces deux mots bretons signifient    petite tête noire , et sont aussi le nom de la mésange (de la mésange « à tête noire », très répandue, paraît-il, en Bretagne) ».

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« Je crayonnai ces indications, comme à l’ordinaire, sur quelques feuilles de cahier d’écolier et commençai à les concrétiser sous forme de plans et de profils à l’échelle. Puis je les apportai à Gilles, et de nouveau nous nous installâmes devant sa table à dessin. Je venais tous les week-ends de Lorient. J’arrivais à Saint-Philibert le samedi après-midi et aussitôt nous nous mettions au travail. Nous discutions parfois chez Gilles jusqu’à une heure avancée de la nuit et, le dimanche, nous retournions  dans la salle de dessin du chantier… En octobre, notre projet était déjà très avancé.

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… Et, à la fin décembre, j’avais pratiquement renoncé…quant au dernier moment, un ami rencontré par hasard me proposa d’avancer l’argent qui manquait ». 

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« Je descends et m’installe dans la cuisine. A bord du Pen Duick II on ne trouve que l’essentiel. La table de carré, chère aux plaisanciers mais peu utilisable dans mon cas, n’existe pas ici. Je n’ai gardé qu’une table à cartes et je prends mes repas à la cuisine sur une combinaison de réchaud et de tablette à cardan qui suffit à mes besoins. Ne pouvant m’y tenir debout étant donné la faible hauteur sous barrots (1,50 m), j’ai fait installer une selle de moto (je précise une selle de moto Harley Davidson) large et confortable, montée sur un pied vertical à hauteur réglable et que l’on peut incliner pour compenser la gîte…. » 

Le célèbre ketch et son numéro 14

 

Victoire en solitaire sur Pen Duick II

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« J’ai donc été très occupé, mais – et quelles qu’aient été les difficultés qui s’ajoutaient pour moi aux occupations normales du bord- je puis dire que la course par elle-même n’a pas été une épreuve. Elle correspondait à la vie même que je désirais le plus mener. Et, physiquement aussi bien que moralement, je crois que j’aurais pu tenir encore des jours et des jours après celui de cette arrivée. »

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 « On m’a souvent demandé si j’avais éprouvé de l’angoisse en quittant la terre et en me retrouvant seul à bord, ayant perdu de vue aussi mes compagnons de départ. Je suis bien obligé encore une fois de constater que non. D’abord ce n’était pas la première fois que je naviguais hors de vue de la côte : c’est une situation à laquelle je suis accoutumé depuis l’enfance. J’aurais même de la peine à dire si mon plus vieux souvenir se rapporte à la terre ou à la mer ».

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Et puis vinrent Pen Duick III

1967 Eric Tabarly Vainqueur du championnat du R.O.R.C.(Angleterre) et de Sydney-Hobart (Australie) sur Pen Duick III

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Pen Duick IV disparu en mer avec Alain Colas

1968 Mise à l’eau de Pen Duick IV

1969 Record Eric Tabarly de Los Angeles-Honolulu sur Pen Duick IV.

Pen Duick V

 1969: Mise à l’eau de Pen Duick V

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et Pen Duick VI

1973Participe à la première course autour du monde sur Pen Duick VI

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Pour terminer cette note, un lien s’impose: celui menant à l’association Eric Tabarly dont les objectifs sont les suivants:

Cette association possède plusieurs missions complémentaires :

– Maintenir en condition de navigabilité les Pen Duick, et les faire naviguer.

– Poursuivre l’œuvre maritime et éducative d’Eric Tabarly en favorisant le développement de la culture maritime, en suscitant l’intérêt, la recherche et l’innovation dans les différents domaines de la Plaisance.

– Accompagner et aider la Cité de la Voile Eric Tabarly à mettre en œuvre les objectifs ci-dessus.

J’ ajouterai simplement que la présentation des Pen Duick par monsieur Gérard Petipas fut des plus agréables et émouvants.

Vous trouverez toutes les explications relatives à chaque bateau sur ce site relativement bien fait.

http://www.asso-eric-tabarly.org/

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NB:Toutes les citations ou presque ( à l’exception de deux d’entre elles)  sont extraites du livre cité au début « Victoire en solitaire » écrit par Eric TABARLY, aux éditions  Arthaud

Pour prendre connaissance de l’ensemble  des courses gagnées par Eric Tabarly, voir le site de l’association.

La promenade fut longue (sur le blog) la découverte vivifiante pour moi; Comme un rituel qui me donnait un cap à suivre.

Un dernier petit tour s’impose dans le parc LAURENZANNE sous le signe du silence et du respect, en privilégiant la parole de l’artiste.

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Il reste encore quelques personnages à visiter pêle-mêle au détour des pelouses et des arbres ,

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un certain nombre d’enfants,

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un bas-relief dédié à la musique,

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une sculpture prenant racine dans la mythologie pour une chevauchée fantastique,

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quelques échappées géographiques et beaucoup de rêve.

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Bigata, on aime ou pas… J’aime, j’approfondis.

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J’aime et je le dis:

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parce qu’à mon tour,j’ai voyagé longuement dans le temps, l’espace, j’ai mis en lien dans ma tête des petits bouts d’idées, de textes, de rencontres…

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« De retour à Saucats, je fais une sorte de synthèse de tous ces gens formidables que j’ai pu rencontrer et j’essaie de faire ressortir la personnalité de chaque peuplade dans l’une de mes sculptures »

Danielle Bigata

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« En sculpture, comme au travers de mes dessins, je souhaite mettre en valeur des ethnies qui sont en voie de disparition. Ce musée à ciel ouvert, crée dans ce parc, permanent, accessible, c’est pour moi un rêve, l’aboutissement de ma carrière  ».

Danielle Bigata

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« Sans fard ni calculs, ses dessins prennent place dans les jardins de nos instincts oubliés. Sa capture innocente des gestes traditionnels, son ombre généreuse qui se penche sur les mondes en passe d’être engloutis sont fait pour agir à la manière d’un baume bienfaisant dans la tourmente où nous sommes. La démarche de Bigata relève tellement de l’instinct de vie et d’une inspiration universaliste à la justice qu’on pourrait lui attribuer comme devise cette formule sortie de la gorge du grand poète martiniquais Aimé Césaire : « Liberté, mon seul pirate !  » 

Jean Vautrin

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Quelques liens très utiles nous permettent aussi de consulter des galeries de sculptures sur lesquelles je me suis appuyée parfois:

http://issuu.com/daniellebigata/docs/cataloguesculpturecomplet

 

http://issuu.com/sculpteurstatuaire/docs/brochure-escale-bigata/9

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Et juste avant de m’effacer sur la pointe des pieds, encore une fois les mots de Jean Vautrin:

« Souvent elle s’en va. Elle nous échappe. Elle est partie. Elle place une fois de plus son voyage au pays des soleils magnifiques ».

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Et cette digression qui me conduit tout droit vers Gabriel Mwene Okoundji:

« Le temps enseigne au temps que l’Homme, l’animal et l’arbre

Partagent, à part égale, les mêmes secrets, la même mortalité

Le même rêve, les mêmes énigmes, la même dignité de l’âme

Ainsi de l’arbre, de l’Homme, et de l’animal

Nul ne possède le monopole du plus grand numérateur »

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♥♥ ♥fin♥♥♥

Merci Danielle.Vous seule pouvez savoir pourquoi je vous dis merci du fond du cœur comme je dis merci à mes lecteurs.

Une page se tourne.

 

 

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«  La connaissance s’acquiert en lisant des livres, mais la connaissance la plus utile, celle du monde, ne s’acquiert qu’en lisant les hommes, avec soin, et dans toutes les éditions. »

LORD CHESTERFIELD

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DANIELLE BIGATA a fait sienne cette citation. Elle nous accueille de fort agréable manière à notre entrée dans le parc de la mairie de GRADIGNAN(33), entre pelouse et espaces arborés, entre grands cèdres et arbres plus communs.

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Nous avons fait notre entrée dans un lieu devenu un musée de plein air habité, par les sculptures de DANIELLE BIGATA, depuis le printemps 2011 LE PARC LAURENZANNE.

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Le site accessible en permanence offre  la rencontre avec 16 œuvres en bronze ou en en marbre.

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Le corps du bâtiment de la mairie est une maison noble  du XVII ème siècle qui voisine avec une serre dessinée par GUSTAVE  EIFFEL, laissée à l’abandon sur une propriété jusqu’en 1979.

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La serre récupérée par la mairie a été entièrement reconstruite dans ce cadre enchanteur auquel elle donne  une note romantique, surtout lorsqu’en fin de journée, la lune vient taquiner la coupole.

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Plus loin, les asphodèles dans le vent jouaient avec les sombres sous-bois qui n’avaient rien d’un enfer ; mais il me tardait de revenir en pleine lumière lire le livre de souvenirs de voyages de Danielle Bigata, saisir au vol les dialogues du vent et des personnages, quelques accords de musique d’écorces et de bois, aux parfums d’herbe drue et de feuilles bruissantes.

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Il y a tant de soleils
A partager
Aux quatre coins de la terre
Tant d’amis , de sourires à illuminer,
Tant de lumières
Au zénith de nos sentiments
Tant d’espérances
A broder au point du jour,
Tant de souvenances
A ranger
Pour les heures grises ou velours
Tant de rayons
Annonciateurs d’amour
Ce soir c’est décidé :
Les soleils de nos cœurs
Gagneront la terre entière.

Maïté L

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à suivre…