unnamed

18

C’est peut-être l’ivresse,

Qui me fait voir un lion à deux têtes,

Et peut-être le vin de messe,

Participe à la fête…

 

la muraille verticale,

Supporte même un éléphant,

Qui s’extrait d’une cathédrale,

.vous m’en direz tant !

unnamed (1)

(éléphant de la cathedrale  de Trani – Italie)

 

Aussi quand je lis Aliénor,

J’ai quelques doutes sur ma santé,

Si je perds un peu le Nord,

( Vénus prête à enfanter ) .

 

Tout juste sortie du lit,

La barque d’un coquillage,

Dans la peinture de Botticielli,

Aborde nos rivages.

 

C’est avec elle,

Que l’enfant vagit,

S’envolant d’une nacelle ,

De mythologie .

 

On a des doutes sur le réel,

Un pied à cheval dans le merveilleux,

Aux enfants il pousse des ailes,

Et le ciel reste radieux .

 

Ce qu’on y voit ne sont pas des avions,

Mais le passage des déesses,

Et du char d’Apollon,

Ne tenant pas ses chevaux en laisse…

Le_Char_d'Apollon, 1868 via les amis de musées - www.ffsam.org

 

 

 

Tout leur est permis,

Et à portée de main,

Des collines d’Italie,

Le monde est un grand jardin,

 

C’est une terre d’abondance,

Ensoleillée et humide ,

Tout le monde danse,

Dans le jardin des Hespérides….

 

Si Hercule se souvient,

De ces lieux,

Et des plus anciens,

C’est qu’un demi-dieu

 

Toujours se doit,

De raconter des histoires,

Et celles de ses exploits,

Pour nous rafraîchir la mémoire…

 

Moi j’aime la poésie,

Et la peinture ,

J’y cueille de la fantaisie

Dans ses plus petits murmures…

 

Tout cela me parle d’imaginaire,

Et m’amuse,

En faisant interpréter les mystères,

Des nymphes et des muses….

 

C’est en quelque sorte

A travers l’art,

Ouvrir d’autres portes,

Et boire le nectar …

 

Que nous offre Bacchus …

Pas de sensations fades,

Même avec les icônes russes,

Du musée de Léningrad,

 

Qui nous regardent, sévères,

Dans leur cadre doré…

>   Allez,         je vide un verre,

Avant qu’il ne soit évaporé…

 

Et s’il faut que je trinque,

C’est parce qu’encore,

Dans le labyrinthe,

Je dois affronter le Minotaure .

 

Le pauvre est enfermé à double tour,

Sans voir le soleil…

Moi je vois l’issue de secours,

A travers la bouteille…

 

Il ne sait pas où le chemin le mène,

Ne pouvant pas lire  l’avenir dans sa tisane,

  • j’ai trouvé la sortie de l’arène,

( grâce au fil d’Ariane )

 

Qu’il y ait eu ou non combat,

Ou délit de fuite,

On parle encore beaucoup ici bas,

L’imagination permet d’inventer la suite

 

Sans pour autant abuser,

Des parquets cirés,

Des salles des musées,

–  il reste possible de délirer –  …

 

Ce dont jamais je ne me prive

N’étant pas Prométhée enchaîné,

Qu’il faudrait que l’on délivre,

Du rocher le maintenant prisonnier…

 

 

RC

***

 

19

14/04/15

Au cœur de ces libations

 Je me sens rasséréné

Et dans notre divine virée

J’entrevois ma libération.

 

Je goûte à la verte absinthe

Laissée sur le bord de la vie

Par Toulouse-Lautrec inassouvi

Parti cependant sans une plainte.

port-de-Roy2

 

Mais… des effluves marins

Franchissent les hauts murs

De ce lieu aux desseins obscurs

Que j’oublierai sans doute demain

 

 

Là-bas la corne de brume

Appelle au rassemblement

 Je dois fuir  le casernement

Sans aucune amertume.

 

Icare en mots ressuscité

Par la grâce d’une plume

Surgit tout nu de l’écume

Où il s’était pauvrement abîmé.

3 08 08 246

 

Pour survoler la ville assoupie

Point n’est besoin de trompette

Icare, sors-moi de ma cachette

 En profitant de la fin de la nuit.

 

A toi s’offre une autre chance

Nous ne sommes pas loin je pense

De cette barque isolée dans les remous

Tu pourras avec moi réaliser ton rêve fou.

 

Nous survolerons la ville austère

Nous serons les évadés à tire d’ailes

Les oubliés devenus complices fraternels

En quête d’un destin solidaire.

3 08 08 255

 

Partons en direction du pont

Avant que le soleil n’illumine le matin

Sous les arches commence le chemin

Qui nous mènera tout droit vers l’horizon.

 

Je suis comme ces barques en bois

Venues du fond des âges : elles s’étiolent,

Se délitent ; ce sont des symboles

A garder des courants d’air sournois.

 

Au fond de l’estuaire il est un royaume

Loin des parquets cirés, des salles de musées

Où tout est permis, même délirer

La barque nous y mènera : home ! Sweet home.

Maïté L

***

20

Oh, mais méfie-toi de l’absinthe,

( non pas que je prône les privations ),

mais il est bien connu que cette boisson,

n’a pas qu’un tendre vert dû à sa teinte…

 

Je me rappelle de cette dame hébétée,

Qui a un drôle d’air,

Juste en-dessus de son verre,

  • Allez, A votre santé ! –
  • unnamed

–   

–     Degas    – le  verre  d’absinthe

 

 

Allons ce n’est qu’une petite dose,

Et hop ! Un petit apéro !

  • on va pas s’noyer dans un verre d’eau ! –

Et ça aide à chasser le morose …

 

Voila le bar qui tangue,

On commande des blanc-cass,

Autres breuvages ( et j’en passe )

Et même à saveur de mangue …

 

 

Et s’il faut qu’on écluse,

Tous les apéritifs,

Cà tient de l’exploit sportif,

Style « radeau de la Méduse »

unnamed

 

 

 

Car on peut donner dans l’exotique,

Voyager ainsi coûte moins cher,

Que mettre le bateau à la mer …

Ou même un canot pneumatique…

 

Quitte à boire la tasse,

Nous revoilà dans l’océan,

Qui s’étend indéfiniment ,

….   Grand bien nous fasse,

tasse mer

 

 

Si la soif peut s’étancher

Avec un café-crème,

J’irai trinquer avec les sirènes,

( Par-dessus bord, se pencher …).

 

Il n’est pas sûr qu’elles apprécient ce breuvage,

Elles préfèrent me rendre un peu fou,

En provoquant des remous,

Et que la tasse se partage.

 

Qu’à cela ne tienne,

Elle vont me servir de guide,

Dans l’étendue liquide,

Ce sera une bien douce peine…!

J Waterhouse

 

 

                            peinture  J Waterhouse

 

Mais je ne m’attendais pas,

– j’ai peut-être trop parlé –

A ce que l’eau fût salée,

( et trop pour assaisonner le repas)

 

Je vais laisser ça aux sirènes :

Là où elles sont,

En compagnie des poissons,

Elles seront les reines…

divin breuvage

 

Et question de boire,

Je préfère les bouteilles,

Marquées au seau du cep vermeil,

aux tisanes « saveurs du soir »

 

Si je fais appel à mes souvenirs,

-autant que faire, je puisse –

C’est un goût de réglisse ,

Pour mieux se préparer à dormir…

 

Je vais plutôt quitter la mer,

( et tant pis pour toute cette eau )

Pour transformer ce vaisseau,

En engin inter-planétaire…

extrait J Bosh La tentation de St Antoine

 

–                            (extrait de tableau  J Bosch: la tentation de StAntoine )

 

 

Hop, voilà que je me marre,

Je lui ajoute des ailes,

Avec de la colle en gel,

Et voilà que je démarre…

unnamed (1)

 

 

Je compte bien remplir mon quart,

Avec du jus de nuages,

Si je capte un orage,

A leur ombre: – pas de souci pour Icare…

 

On dit même que l’imagination,

Aurait poussé les voiles,

Jusqu’à aller tutoyer les étoiles…

Tu vois jusqu’où va la passion !

 

Mais la boisson est mauvaise conseillère,

J’ai cru voir des druides,

A travers le verre vide…

Allez —         je reprends une bière !

unnamed

 

 Re Chab

***

21

 

« Dois-je vous dire où nous allions en ce très-court voyage ? Il fut rapide et comme un rêve, le but importe peu »

                                                                                     Odilon Redon

Photo011

Tutoyer les étoiles

A tu, à toi

La nuit tue

La nuit bue

Jusqu’à la lie

Le verre renversé

Et sonne la cloche

Contre le vaisseau

De l’espace.

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Déjà je m’envole

Icare sur mes talons

Je vire, je monte, appuie sur les boutons

C’est un jeu d’enfant

 Que la marelle d’antan

11 05 2010 058

Elle esquive les nuages

Qui doucement

S’en vont à la dérive

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Je choisis l’un deux

Avec oreiller incorporé

Pour nous y poser

Sous les astres animés

D’oreilles intergalactiques

De tics à clignotements

De ponts brillants.

3 08 08 267

Je cligne des yeux embrumés

Tu t’impatientes dans le bain

Dans les vapeurs célestes

16 10 10 261

Ici nul breuvage râpeux

Mais un brouillard

A siroter à la paille

A découper en tranches

Nulle gourmandise sournoise

Sucrée et  voilée d’interdits

16 10 10 284

Juste le ciel en escaliers

Et le soleil dispensé

A chaque étage franchi.

Là-bas Je n’ai que trop parlé

Et l’écho me parvient

Du brouhaha terrestre tandis que

La bouche en o

J’étouffe les sons.

03 12 10 026

Ici je ferai mon trou

Et  me reposerai  sur la voie lactée.

J’aspire au bon heurt du premier orage

Je serai le roi tu seras le bouffon

Nous aurons nos oracles

Nos cœurs battants

Nos milliers d’années

Rassemblées en petites coupures

Mais ici rien ne sert de compter

Au monopoly du cœur

Tout n’est qu’apesanteur.

08 02 2011 015

Je ferme les volets

Icare dans ses ailes s’est lové

Je peux reposer en toute liberté

Tournez vaisseau dans l’univers

Au bal des planètes, vous êtes convié.

Maïté L/16-04-15

***

22

19-04-15

voie lactée

« Seuls quelques grains brillants,

Parsèment les années -lumière, »

 

Le trajet dans l’espace,

Prend appui sur le vide.

La fusée voyage au cœur du noir,

On ne sait même si elle progresse,

Tant l’échelle du temps,

Se dilate en apesanteur….

 

Un temps qui dépasse,

Le vaisseau intrépide ,

Sans qu’on puisse s’en apercevoir,

Une si frêle forteresse,

Allant de l’avant ,

( le vol des migrateurs

 

vers d’autres planètes ) .

Seuls quelques grains brillants,

Parsèment les années -lumière,

La voie lactée, la plus proche,

Est un bain de vapeurs célestes,

La destination reste incertaine …

 

C’est comme un voyage dans la tête,

Ou comme un jeu d’enfant,

Quand on ferme ses paupières ,

On se réfugie sous une cloche,

En oubliant les soucis terrestres,

Et refermant ses antennes .

 

Je referme aussi les volets,

J’invente les oracles,

Et mille aventures,

En suivant ta marelle :

Plonger dans le temps, à l’envers,

Loin de la gravité,

 

Des étoiles en chapelets

Je crois aux miracles

En petites coupures

Arrivé sur la case ciel,

Bondir dans ton univers,

Et l’espace rêvé de l’été.

RC

  ***

23

20-04-15

DSC_0126

« Tu regarderas, la nuit, les étoiles. C’est trop petit chez moi pour que je te montre où se trouve la mienne. C’est mieux comme ça. Mon étoile, ça sera pour toi une des étoiles. Alors, toutes les étoiles, tu aimeras les regarder… Elles seront toutes tes amies… » Le Petit Prince

*

Devant le hublot, Le Petit Prince

En route vers sa minuscule planète

Chevauchait un ruban d’étoiles

Venant coiffer le chapeau de la Terre.

 

Il aimait l’été comme je l’aime

Ses grillons dans les prairies

et ses grenouilles près de la source

Ses nuits veloutées et ses étoiles filantes.

 

J’aime aussi l’étoile du Berger

Allumant la nuit de son feu brillant

Et la Lune dans son dernier quartier

Dans les cyprès du ciel étoilé.

 

Au vent de terre, au vent de mer

Succède le vent de l’univers

Où Van Gogh se perdit corps et âme

 Quelque part en Provence.

 

Jaune était son monde

Roué d’oliviers, de cigales

Orange claquait la vie

Et rouge sang finit le cri.

 

Tout cela n’est que souvenir

Faisons route pour les quatre saisons

La case ciel est bien plus profonde

Qu’une envolée de bête à bon dieu.

 

Mille fourmis de Vénus dansent

Sur la sarabande des étoiles

Le vaisseau conduit à travers le monde

Des ombres au chemin de lumière.

 

Au pied des réverbères, seule

Une fleur de lune attend son prince

Ou bien son jardinier des cœurs

Nous le reconnaîtrons à son rire.

 

L’univers est bien trop grand

Pour qu’on le foule du pied

Mais dans  la tête, tu as raison

Fleurissent les miracles.

 

Ils ont la saveur douce de l’été

Au rendez-vous des étoiles

L’hémisphère nord, l’hémisphère sud

N’ont plus besoin de boussole.

 

 Sur la terre des histoires

Seul point fixe du nord magnétique

Une infinie tendresse nous relie

Au Petit Prince de cet univers tournoyant.

Maïté L

***

24

22 04 15

C’est, extrait du livre de l’enfance,

Le Petit Prince, qui met le pied

Sur une planète fragile ,

(sculpture: Sadko )

 

On y entend, si on écoute, une brise

Qui chante dans les arbres, la vie

loin de avions qui passent

 

Et la caresse chaude des jours de l’été.

Le Petit Prince progresse, il ne lui faut pas longtemps

Pour  passer au-delà des sables des déserts , le gué

 

Des îles aux continents, sans se mouiller les pieds.

Il s’interroge avec insistance, sur la forme des montagnes,

Le silence blanc des déserts, l’aventure des rivières

 

La succession des villes, et des maisons jouets

Sagement alignées, le long des routes,

Et les supermarchés,           sont une grande attraction.

 

S’il veut dessiner des moutons, demander son chemin,

Il n’obtient pas de réponse, car on ne le comprend pas,

Déjà les hommes se barricadent chez eux , derrière leurs frontières,

 

Et ne se comprennent pas d’une région à l’ autre :

Mais au-delà de ces  murs on entend de la musique

Elle qui passe sans qu’on puisse l’arrêter  :   ♫  ♫

 

Comme le vol des colombes

Sur la frêle planète  :

On entend, si on l’écoute,

 

Tout de l’amour, et des langages, sans paroles.

La planète, ne disant rien,

finit par tout nous dire…

 

D’une  fleur  de lune,

Le bouquet  des étoiles,                          *  *  *

Leur dialogue  sans boussole …              ☼

Reparti dans  ses lointains  rivages,

Notre Petit Prince, désigne les étoiles amies,

Qui toujours, nous  sourient

 

peinture  J Mirò:  petit  chien aboyant à la luneImages intégrées 1

 

Et scintillent aussi,

Confrontées  à leur mouvement suspendu,

Au cœur  du zodiaque….

 

®

 

***

Il a suffi d’une rencontre en écriture entre deux inconnus: Re Chab et moi-même pour faire jaillir des éclats de mots depuis mars 2015 et faire remonter au grand jour un article de 2012. J’en suis très heureuse et je remercie Re Chab.

Bien sûr toute personne souhaitant se joindre à nous sur ce sujet ou bien un autre de son choix est la bienvenue.

Evidemment, nous ne savons ni l’un ni l’autre quand cet échange s’arrêtera, puisqu’il se déroule au gré de notre envie…

Je vous propose donc le journal de nos éclats de mots à partir de l’article originel se trouvant ici:

http://www.eclats-de-mots.fr/2012/10/07/reves-perles-destuaire/
23-02-08-123

 

 

Rêves  perlés d’estuaire

Bois de rose dans l’or du couchant
Perles de brume à peine voilée
et bleu-gris jeté dans les filets
des carrelets juchés sur leurs pieux
partis à la rencontre de la marée.

 

Quand les rêves de silence
conduisent au bord de l’eau…

Soudain,

tout contre notre cœur frissonnant
 tremblent les reflets émouvants

d’une barque comme posée
sur la ligne des flots…

 

                                                                                                                                               Les roseaux sur le devant de la scène

 opinent du bonnet et se courbent
en offrande à la brise
compagne discrète des premières virées.

Février descend sur l’estuaire apaisé

Il est temps de suivre les lueurs

Menant à la ville trop tôt retrouvée.

© Maïté L/ 2012

***

2/

03 03 2015

C’est une barque portée  par les  flots,

Ainsi, contre ton cœur,

Il y a la douceur de ton reflet,

Il embrasse ton visage,

Comme tu les fais de tes vagues,

Avec le mien.

 

Nous sommes portés,

Par une  étendue si vaste :

Que la conscience se dissout,

Re Chab

***

3/

03 03 15

Dans un morceau d’infini

le soir se dissout, s’amenuise

Se faufile tout contre la joue

où tambourine une larme

Où s’inscrit le chemin de rosée.

Une ombre grandit

Dans les yeux, dans les pensées

Une absence, le temps trop vite parti

Vers d’autres bords d’eaux.

Maïté L

***

4/

04 03 15

Dans un infime  clapotis,

Je tends  l’oreille

Aux ponts  jetés  sur la mer,

De ceux  qui suspendent les îles

 

Quand  l’ombre de ton absence grandit,

Et la perte  du soleil,

La larme  rejoint l’amer,

Et de ma main en coquille,

 

Je crois entendre encore le bruit…

Faut-il rester  en veille,

Parcourir le chemin à l’envers  ? …

A mesure que mes yeux  s’écarquillent,

 

Avant de se fondre dans la nuit,

Luttant  contre le sommeil,

Dans lequel se perd,

L’ espoir, comme une chandelle vacille

Re chab

***

5/

040315

L’espoir, comme une chandelle vacille
S’amenuise au fil des années
Allo? Ta voix devient si ténue
Tes gestes si lointains
Au coin d’une photo jaunie.
L’hiver nous envahit.
Ou bien est-ce la vieillesse ?
Quand ce soir au vent du nord
Les eaux se coloraient
en bleu, en nuit, en bleus de vie
Et que le clapotis claquait sur le sable
Où l’hiver prenait ses aises sur le rivage
Ne laissant à la plage que
Si peu de sable, quelques traces
De pas, de griffes, de pattes et de cristaux
Immobiles les mouettes balancées
Au gré des flots et les roseaux
Ces biffures du paysage en rangs serrés.
L’hiver nous assassine et pourtant je suis vivante
Vive, ment et dément le passé récent
La nuit, le sommeil retrouvé, les voix
Du tangage de la barque,
Dans le plumetis des oiseaux repliés
Dans la nuit, perdre pied, s’enivrer de…

Maïté L

***

6/

05 03 15

Nous perdons pied  dans la nuit,

La barque  elle -même,

Suspendue  à un fil,

Ne reconnaît plus  ni le ciel,

Ni les  rives.

 

Les mouettes  ont  replié  leurs  ailes,

Et se résignent au jour  enfui.

Les  eaux  prennent   de l’épaisseur,

Celle  d’une masse  d’encre,

Qui sommeille sur les  couleurs.

 

C’est  comme  si l’hiver  était descendu,

Poussé sur le bord

De l’embarcation

Par le vent  du nord.

Lui qui emporte  ta voix

 

Devenue  si lointaine,

Et presque  éteinte,

Si pâle  qu’on l’entend à peine,

Comme si la vie  se diluait

Au fil des années,

 

Egrenées  par un long parcours,

Sans laisser de trace à la surface de l’eau,

Si lasse, qu’elle ne dessine pas de sillage,

Ou bien est-ce  cette  barque  elle-même,

Qui fait  du sur-place,

 

Arrêtée même,    par le temps …

Re Chab

***

7/

05 03 15

La barque seule, arrêtée, dans les bras de la nuit

Ecoute de la vie lointaine le chant des sirènes.

 

Dans les profondeurs des eaux claquemurées

L’Histoire enfoncée, un village perdu, ses murmures.

 

Emportés par la boue, le limon, les algues

D’eaux douces, vaste linceul aux habits fanés.

 

Barque iceberg, plus petite entité visible

Des fonds parviennent les ondes des fantômes surannés.

 

Plus d’hiver. Que du passé. Plus de printemps

Dans les sans lumières, l’origine où gît la barque.

 

Le bois infini à toucher du doigt le souffle du présent

Tandis que s’enfuient les stigmates du temps passé.
Présent. Passé. A venir. Je ne sais. Je ne sais pas.

Je ne sais plus l’alphabet du sillage, celui du village.

 

Les pleins, les déliés des vagues, leur courbe de respiration

Les aspirations de l’avenir qui bulle à la surface.

 

Du visible, de l’invisible, du cœur qui pianote

Sur la peau où repose la barque, sur le fil de la nuit.

 

La nuit fait son lit

A l’abri

Des ronces

Où perle une goutte

Une seule…

Maïté L

***

8/

06 03 15

La passion du jour  a sombré
Au coeur  du liquide,
En une boule  orange,
Qui s’accroche  aux  vagues.

La solitude  s’accroche
au creux  des rochers,
Déjà tapis dans l’ombre.
C’est  le  refuge des crabes  et coquillages .

Ils soupirent dans le sable,
Au sanctuaire  redevu  vierge
de  présence humaine,
que l’on  remarque  toutefois .

Avec des restes  de filets,
Et objets de plastique épars
Dont la mutilation interroge l’origine.
Et l’idée même de leur usage.

Les  étoiles de mer s’étirent,
Et jouissent  du silence,
Seulement perturbé,à marée descendante
Par le clapotis des eaux.

Entre chien et loup,
On pourrait distinguer,
Un enchevêtrement de formes,
Retenues par les écueils.

Ce sont des bois flottés,
Lentement sculptés et érodés,
Des totems de branches,
N’ayant plus souvenir de feuilles.

Et aussi des planches au profil adouci,
Qui parlent des épaves,
Des morceaux qui conservent parfois,
Des traces de couleur.

Enfin ce qu’on peut distinguer encore,
Avant que ne s’installe  la nuit,
Qui se referme  doucement,
Sur le rivage  déserté..

Re Chab

***

9/

09 03 15

Les bois flottés 09/03/15

 

Au soir rougeoyant de passion du jour

Au petit soir orange et mandarine éclaboussé

Entre chien et loup  à l’abri de la dune se glisse

Le monde des bois flottés, le petit peuple

Des êtres de légende, échoués sur le ruban de la côte.

Ils se penchent, ils se voûtent, ils se tordent, ils frissonnent

Ils grimacent, ils s’allongent, s’alanguissent sur le sable

Ils s’écaillent, ils abritent plumes de mouette

S’entortillent dans des filets de pêcheur

Se dressent tels des totems tutélaires

Se fusèlent vers la marée, habitent l’estran

Ou bien se cachent tout contre la dune

S’habillent des ombres ou de rubans d’algues

Cliquètent tels des fantômes aux colliers de moules

Ou rêvent de destins sauveurs d’humanité

 Aux gloutons festins de plastique ou de boulettes.

Parfois dépositaires d’un pendant de sirène

Lorsque s’assoit une branche d’étoile de mer

Ils lancent un bras vers d’hypothétiques amis humains

Qui se mettent à leur hauteur pour écouter le refrain de la mer.

Doucement je m’accroupis ,  Marie de la dune, Rose des sables

Pierre de lune, Stella des marées, je convoque les secrets

Les colimaçons discrets, les fils de la pensée

Les mirages du soir…tandis que sur leurs frêles planches

Les hommes- grenouille luttent…

Maïté L

***

10/

10 03 15

La passion du jour  a sombré
Au coeur  du liquide,
En une boule  orange,
Qui s’accroche  aux  vagues.

La solitude  s’accroche
au creux  des rochers,
Déjà tapis dans l’ombre.
C’est  le  refuge des crabes  et coquillages .

Ils soupirent dans le sable,
Au sanctuaire  redevenu  vierge
de  présence humaine,
que l’on  remarque  toutefois .

Avec des restes  de filets,
Et objets de plastique épars
Dont la mutilation interroge l’origine.
Et l’idée même de leur usage.

Les  étoiles de mer s’étirent,
Et jouissent  du silence,
Seulement perturbé,à marée descendante
Par le clapotis des eaux.

Entre chien et loup,
On pourrait distinguer,
Un enchevêtrement de formes,
Retenues par les écueils.

Ce sont des bois flottés,
Lentement sculptés et érodés,
Des totems de branches,
N’ayant plus souvenir de feuilles.

Et aussi des planches au profil adouci,
Qui parlent des épaves,
Des morceaux qui conservent parfois,
Des traces de couleur.

Enfin ce qu’on peut distinguer encore,
Avant que ne s’installe  la nuit,
Qui se referme  doucement,
Sur le rivage  déserté…

Re Chab

 

***

11/

16 03 15

JEUX D’OMBRE

Sur le rivage déserté, l’ombre de l’ombre

Happe

L’ombre du rivage aux rivages de l’ombre

L’ombre du vide, le vide silence du clapotis

Dans la marge

Clapotis après clapotis s’échine le rivage

Dessine,

 Divague,

 Resquille

Au tourbillon des âmes, des vagues de vagues

Hors-tout.

S’enroulent les idées, s’arriment nos ombres

Aux branches décharnées, implorantes de la nuit.

Le sable redevenu froid se dérobe à l’or du jour

Se teinte de gris, de désamour de la nuit, des traces

Traquées

Réfugiées

Dans la minuscule vie, des trous minuscules, repérés.

 Soupçons

 Que le vent emplit d’oreilles du vide, d’échardes d’entre les dunes.

Pourtant

Sur les mamelons refuge, sans yeux, sans voix, sans poids

 Seuls les frissons

Dérivent en friselis. Nues les planches de bois disjointes

Pied après pied à la ceinture de

Nue, La nuit bleue, trépasse dans l’indifférence

De bleue à noire au fond de l’encrier venu de si loin.

La nuit a posé la plume, rendu les armes non loin de l’encrier

Refermé doucement  le souffle des mille et une nuits

Sur le rivage abandonné, déserté, douce, doucement

Désert doux et vide, rivage désert, soumis à l’inconnu…

Maïté L

***

12/

24 03 15

Je suis soumis à l’inconnu,

Le rivage déserté, où la vue se dérobe,

Laisse s’enrouler les idées,

Au tourbillon de l’âme,

Trempée dans l’encre, bleu-nuit ,

Où peut-être des chimères,

S’emparent de mon esprit.

 

Je suis soumis à l’inconnue,

Une femme entr’aperçue,

Aussitôt disparue,

Et la rue, rendue à son indifférence,

S’est enfoncée dans la nuit ,

Occupée par le vent,

Et ses échardes froides.

 

Les jeux d’ombre mouvants,

Les yeux ternes des réverbères,

Me font douter,

Dans les marges de la lumière,

D’une vision, qui divague,

Entre chimère, imagination

Et réalité.

 

Quelle est-elle,

La réalité : celle de ma conscience,

Ou celle, que j’ai cru percevoir,

Frêle silhouette,

Vite rendue aux marges du silence,

Où je risque mes pas,

Comme au-dessus du vide… ?

 

Soumis à l’inconnu ( e )

 

Re Chab

 ***

13/

26 03 15

Estuaire… Es-tu cette statue, ce pauvre hère

A la recherche du nord magnétique

Dans les courants d’air

Sur les courants d’eau

Et  le chemin de la lumière ?

 

Ou bien d’une écharpe nouée à la diable

Trois fils, une frange, se balancent-ils ?

Un sillage, quelques fragances

De nuit, d’herbe humide, de ciel constellé

S’enroulent-ils autour de ton doigt ?

 

 Toi, L’inconnu(e), au pied du réverbère

Dans le halo blafard et solitaire

Ecoutes-tu les battements de ton cœur

Qui frappent la cadence sombre

Des veines cognant à tes poignets ?

 

D’où te viennent ces pas pressés

Ce souffle court, ces cheveux en bataille

Cette lutte incertaine contre la sensation

Des grands espaces délétères

Dont les lucioles sont absentes ?

 

Ce soir, l’estuaire rime avec suaire

Les stigmates du jour ont ouvert la plaie

Tandis que dans ta bulle tu dessines le présent

Le temps lui qu’on assassine sur une page de la nuit

Va-t-il  rendre l’âme au parapet de demain ?

Maïté L

***

 

14/

03 04 15

J’étais  l’inconnu au pied  du réverbère,
Les battements  de mon cœur  se sont figés,
Un jour, sous des néons blafards…
L’horloge  s’est arrêtée,   de même,
Le souffle s’est fait absent,
Je cherchais un chemin,

Qui n’est plus ceux  qu’empruntent les hommes,
Le monde auquel j’appartiens,
M’est soudain devenu inconnu.
Peut-être que ces espaces délétères,
M’avaient  soudain transporté,
Dans un ailleurs  étanche…
 
Les stigmates  du jour,
Ont franchi la barrière  de l’eau.
Les algues étaient comme des cheveux,
Balayés par le courant,
Et cachaient presque en totalité
La statue  engloutie ;

Elle apparaissait sévère,
Le bras dressé 
Dans une brume liquide,
Peut-être dans un mouvement de nage immobile,
Cherchant à remonter le cours  du temps,
Et le chemin vers la lumière.

C’est un inconnu solitaire,
Au bronze incrusté de coquillages,
Qu’on a remonté des profondeurs…
Les muscles  saillants, l’attitude  fière,
C’était peut-être le gardien d’un temple,
Dont il ne reste rien du souvenir 

Son regard  était creusé,
Et  scrutait sans  comprendre,
Notre époque, aux avenues rectilignes,
Parcourues  d’automobiles ;
A son visage, on voyait qu’il regrettait
Son monde silencieux, au cœur de l’estuaire.

Re Chab

***

15

/04 04 15

 Hors le monde du silence

 

Quelle est cette lumière ? Qu’on  m’éloigne de votre souffle rauque

Moi qui me baignais et me régénérais dans des eaux dormantes !

Les algues me coiffaient, la boue enveloppait mon corps d’athlète

Et je paressais bienheureux dans cette somptueuse parure d’éternité.

Nul besoin de soleil mais à moi l’ombre, l’ambre et la rouille ! 

 

Au cœur de l’estuaire, tant et tant de bateaux engloutis

Et mes semblables de chair, de peau, de sentiments

Couchés, dépouillés sur les terres de fonds marins.

Les armes se sont tues et quelques boulets de canon

Creusent leur nid que sillonnent les silures, ces  vieux épouvantails

A cheval entre deux mondes : celui de la nuit et celui des berges.

 

Autour de moi quelques moteurs toussotent et crachotent

Nul jamais ne m’aurait ramené dans ses filets de crevettes.

Les pétroliers aussi tracent leur route aveugle vers la pleine mer.

Moi l’inconnu, venu, sans ma sirène vouée aux dieux et

Aux sacrifices sous les piliers et les arcades du temple abandonné

Moi que la drague n’avait jamais atteint, on m’arrache de force

On me contraint à la parole que je ne voulais pas donner.

Ce monde d’en-dessous m’appartient. On le croit disparu

Il est juste en sommeil comme ces graines qui attendent leur heure.

 

 Livré au regard impudique des passants, la lumière m’aveugle

Me brûle, m’incendie tandis que je déchiffre une langue inconnue

Des signes d’impatience chez vous, les sourds au passé oublié.

Mon cœur est d’or, mon cœur est de bronze ; il sonne silence

Quand le vôtre tambourine et s’affole dans votre vie de zombies.

 Votre vie est si décousue qu’elle s’éparpille en lambeaux

 Sur le macadam et dans vos prisons et vos cages de verre…

 

Votre monde bruit de l’impossible silence

Votre monde suinte de lumière trop crue

Votre monde délétère n’est pas fait pour moi :

Qu’on me rendre à mon mille-feuille du passé !

Maïté L

***

16/

07 04 15

alors…

 

Aux souvenirs des fonds de vase,

J’étais couché sur le flanc,

Et regardais passer les ans,

Les hélices des moteurs, leur emphase,

Sous une lumière glauque,

Le passage soyeux des sirènes,

Où les marins se promènent

Une agitation d’une autre époque,

Et son pesant d’atmosphères,

Sous l’épaisseur de l’eau,

Qu’ignorent les bateaux,

Semblant suspendus en l’air.

 

Je suis gardien d’un monde disparu.

Les poissons me frôlent,

Sans prononcer la moindre parole,

Mais voilà qu’il a fallu,

Que j’interrompe mon monologue,

Que je pensais engagé pour une durée illimitée,

Sans pour autant prétendre à l’éternité,

Et voilà que les archéologues

Veuillent à tout prix que je quitte

La douce gangue du temps,

Les eaux aux accents caressants,

Où depuis si longtemps j’habite.

 

S’il faut que je m’en éloigne

Et que je sois placé au sec…

S’il faut que je parle au nom des Grecs

On s’attend à ce que je témoigne,

Que je délivre des messages,

Exposé, comme un personnage de foire,

Sans même me permettre de m’asseoir

N’ayant comme entourage,

Que des objets ébrêchés,

Placés dans des vitrines,

Sentant presque la naphtaline,

  • donc, plutôt des déchets.

 

Cette parole que l’on attend,

Comment pourrais-je avec mon grand âge,

Interpréter ces nouveaux langages,

Même en ouvrant les oreilles en grand ?

Pour moi-même, tant d’années de silence ,

M’ont amené à la réserve,

Et ont soudé mes lèvres,

( Plutôt comme une délivrance ) :

On ne peut pas faire des discours,

Même les plus savants,

En les dispersant au vent,

Car ce qui fut dit, est sans retour….

Re Chab

***

17/

10 04 15 Arrivée au Musée d’Aquitaine(Bordeaux)

Rencontre entre immortels

 

Passé le seuil océanique,

Dont le souvenir s’estompe déjà

Dans les voies de garage

Indignes d’un voyageur du passé

 Me voilà jeté à la face de la terre.

Je suis désormais ce prisonnier

Dans le temps foudroyé

D’une mémoire où la nuit est reine.

 

Vais-je enfin retrouver le silence

Dans ces lieux où les pas

Epousent le moelleux du sol

Tandis que mes geôliers éphémères

Se reflètent dans les vitrines

Où semble s’écrire l’Histoire ?

 

Posé dans un coin, sans égard

 Pour mon âge vénérable

Je reste là à déchiffrer l’abandon

 Et les mystères de la nuit noire…

 

Quand

Soudain s’anime une vie

Jusque-là invisible

Au commun des mortels.

Un carnaval de sagaies

Une danse d’ossements,

Un parfum de jarres aux huiles précieuses

Autour d’un foyer et d’ombres mouvantes.

Des paires d’yeux en pointillé

Reprennent leur dialogue

 Dans le musée  en révolution.

 

Jupiter me guide en maître des flammes

Tandis qu’Hercule se souvient…

Lui qui connaît les villas gallo-romaines

Baignées de soleil, au bord de l’estuaire

Lui qui, autrefois,

Buvait à la coupe des dieux, la douce ambroisie

Et le  précieux nectar venu sur les premiers ceps.

Quelle est cette prière qui monte de l’orante

Aux accents royaux de pierre et de gascon

De notre chère Aliénor d’Aquitaine

Venue en voisine de son palais de L’Ombrière

Tandis que le temps et l’espace abolis

Font discourir Montaigne et Montesquieu.

Vénus est  prête à enfanter

 Dans les vapeurs des outre-mers

 Des vents de sucre caramélisé et de rhum

Au pied de la goélette  au mouillage

Voiles déployées, lourdes chaînes cliquetantes.

Le lion aux deux langues, rôde solitaire

Et respire la nuit comme un enchantement…

Maïté L

 

 

 

 

 

 

 

 

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Depuis le temps que je vous parle de ce monument aux Girondins, vous ne verrez pas l’ombre d’une représentation des Girondins. Pas plus à l’air libre que sous la colonne.

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En son temps, Stendhal, visitant Bordeaux et ses environs s’en est ému en ces termes :

« C’est en vain jusqu’ici que j’ai cherché les noms des immortels Girondins, qui se trompèrent sans doute, mais acquirent une gloire immortelle. Peut-être qu’ils ont encore des envieux à Bordeaux, comme Barnave à Grenoble. Dès que ces êtres vulgaires auront cessé d’avoir voix au chapitre, Bordeaux honorera Vergniaud. »

STENDHAL, âgé de 55 ans parcourt la France. Son «  Voyage de Bordeaux à Valence  en 1838» ne paraîtra qu’en 1927, après sa mort.

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La plus grande place d’Europe, les Quinconces sur laquelle ce trouve le monument a été aménagée quelques années avant la venue de Stendhal. Sous la place se trouvent à la fois des vestiges du Château Trompette et des blockhaus de la seconde guerre mondiale.

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En 1828 furent érigées les colonnes rostrales qui en délimitent l’accès du côté du fleuve .

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en 1858  les sculptures de Montaigne.

Vous pouvez retrouver Montaigne chez Tania .

 

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Montaigne et Montesquieu prirent place latéralement.

« Les Girondins (se veulent) disciples de Montaigne, ils sont sensibles aux différences qui distinguent les personnalités ».

http://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Victurnien_Vergniaud

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Enfin, mais seulement en 1989, une plaque commémorative est apposée sur le monument pour rendre hommage aux députés girondins suivants :François Bergoeing, Henri Boyer-Fonfrède, Jean-François Ducos, Armand Gensonné, Marguerite- Elie Guadet, Jacques Lacaze, Jean-Antoine Lafargue de Grangeneuve Pierre Victurien Vergniaud .

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Vergniaud avait défini son groupe aux éléments d’origines géographiques variées comme celui « des amants de la liberté ».

Voici les dernières paroles de VERGNIAUD

« Francis Alluaud vient voir VERGNIAUD. Mais il a  peine à reconnaître son oncle dans le détenu au teint hâve et aux habits salis.

L’ancien avocat lui tend les bras : »Mon enfant, rassure-toi. Et regarde-moi bien. Quand tu seras un homme, tu diras que tu as vu Vergniaud, le fondateur de la République, dans le plus beau temps et dans le plus glorieux costume de sa vie. Celui où il souffrait la persécution des scélérats et où il se préparait à mourir pour les hommes libres ».

L’Histoire de la Terreur ne s’est pas arrêtée avec la disparition des Girondins. Arrive un moment où il faut toujours jeter le masque.

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Ce personnage est là pour nous le rappeler. Portons haut la République sur les traces de ces illustres prédécesseurs.

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Interrogeons-nous sur la signification de ce sourire de pierre, un de ces mascarons comme ceux qui peuplent les façades, les rues de la ville, non pas des masques de Carnaval mais de véritables visages passagers du temps et des soubresauts de la société. Celui-ci a un sourire que nous espérons depuis longtemps, un sourire généreux comme peuvent en avoir encore les enfants…

« La vie n’est pas une plaisanterie,
Tu la prendras au sérieux,
Mais au sérieux à tel point,
Qu’adossé au mur, par exemple, les mains liées
Ou dans un laboratoire,
En chemise blanche avec de grandes lunettes,
Tu mourras pour que vivent les hommes,
Les hommes dont tu n’auras même pas vu le visage,
Et tu mourras tout en sachant
Que rien n’est plus beau, que rien n’est plus vrai que la vie. »

NÂZIM HIKMET/ Il neige dans la nuit et autres poèmes

***

Les citations historiques sont extraites du livre :

Histoire des Girondins :

Hélène TIERCHANT :

HOMMES DE LA GIRONDE OU LA LIBERTE ECLAIREE

***

Et parce que c’est sans doute mon symbole préféré…

J’en termine ainsi avec le sujet.

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Moi Gallus gallus en bronze, le coq gaulois à cheval sur deux mots latins, symbole venu remplacer le lys, moi la vigie haut placée, je surmonte souvent les monuments aux morts, celui-ci ne faisant pas exception à la règle.

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Je porte la signature d’ALPHONSE DUMILÂTRE et de VICTOR RICH.

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Tourné vers le soleil levant et le fleuve, dans mon chant silencieux mais puissant et infini, car commencé durant la nuit, je suis accompagné d’un important bestiaire de mammifères et batraciens, d’animaux symboliques disséminés sur le monument ou bien dans la rocaille des fontaines.

Certains jours de grand vent, les mécanismes des fontaines régis en sous-sol  s’arrêtent et c’est l’occasion de mieux apercevoir mes congénères.

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En tout premier lieu,  ils se voient de loin, les fameux  quadriges de chevaux de GUSTAVE DEBRIE .

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Archétypes fondamentaux, apparaissant dans toute leur fougue, ils traversent le temps, mêlant les trois éléments : l’air, l’eau et le feu solaire.

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Marins ou reptiliens, ils participent de part et d’autre de la colonne, au « triomphe de la République »en rappelant ses lois : exaltation du Bonheur dans la paix, le travail, la sécurité, la fraternité en jetant à bas le mensonge, le vice et l’ignorance.

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Durant la seconde guerre mondiale, en 1943, ces chevaux faisaient partie des  sculptures  emportées par l’occupant dans leur collecte de  métaux et vendus 30 f le kilo. Retrouvés à Angers en 1945, les groupes de sculptures en bronze n’ont été remis en place qu’à partir de 1982 après avoir longuement dormi sous le Pont d’Aquitaine. Entre temps, leurs socles avaient disparu aussi !

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Les chevaux hennissent tandis que rugit le lion symbole de force. Ici dans toute la splendeur de sa crinière.

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On le retrouve aussi à 4 reprises de chaque côté de la colonne,

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entourant la plaque commémorative rendant hommage aux Girondins.

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Ailleurs  un couple joue avec un dauphin chevauché par un enfant : encore une image du bonheur.

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Un peu partout, les grenouilles semblent avoir avalé une perle

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mais il n’en est rien.

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Dommage ! j’aurais bien voulu croire encore un peu aux contes de fées

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assise dans un char en forme de coquille Saint-Jacques : vous aussi ?

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Tandis que L’allégorie de la Garonne caresse un cygne,

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celle de la Dordogne se rapproche de la ferme (et du foie gras ?) avec à ses genoux un canard blanc : ce sont les plus beaux !

J’aurai sans doute oublié de voir quelque animal tapi dans les roseaux… Mais rassurez-vous, si vous passez par ici, un peu partout dans la ville il reste beaucoup à voir et vous verrez que le bestiaire est très riche.

Vous pouvez aussi vous plonger dans le livre de RICHARD ZEBOULON, photographe : BESTIAIRE DE BORDEAUX, un zoo près de chez nous/ Editions Cairn

Femmes, femmes, femmes…

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En ce jour du 8 mars, je m’autorise une lecture féminine du Monument aux Girondins et de ses nombreux symboles.

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Lorsque nous levons bien haut les yeux vers le ciel, tout en haut de la colonne, à 43 m voici la FEMME-OISEAU célébrant la République triomphante: elle représente le Génie de la Liberté brisant ses chaînes.

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« Les Girondins veulent libérer la femme de la condition servile où les préjugés l’ont maintenue jusqu’alors.

Ils ont drainé dans leur sillage des femmes comme Olympe de Gouges, Sophie de Condorcet, Manon Roland ou Anne Therwagne dite Théroigne de Méricourt, l’amazone de la Liberté, pour n’en citer qu’une poignée. »

Hélène Tierchant

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J’aime tout particulièrement la colonne côté Allées de Tourny et ses trois femmes représentant pour  la plus élevée:

 la ville de BORDEAUX

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et pour les deux autres à la pose alanguie accompagnée de leur cygne, LA GARONNE ET LA DORDOGNE.

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Ne me demandez pas qui est qui. Chacune traverse des paysages variés, a une histoire personnelle et vient mêler ses eaux avant de finir dans l’estuaire de la Gironde.

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Elles en ont des choses à se dire; des secrets d’histoires, de neige et de bois flotté, de gabarres et de mascaret; des histoires de ponts et de droits de passage, de commerce… Elles vont de la montagne à la mer dans un dialogue continu.

J’aime leur complicité .

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Mais comment en ce jour ne pas penser à Olympe de Gouges qui écrivit une Déclaration des Droits de la femme et de la citoyenne  sur les pas de madame de Staël comme l’avait fait un an plus tôt une anglaise:Mary Woolstonecraft.On vous dira que c’était dans l’air du temps mais elle a défendu avec la même fougue l’abolition de l’esclavage des noirs.

Elle a eu plus de détracteurs que de défenseurs mais si vous voulez en savoir davantage, vous pouvez plonger dans le livre OLYMPE DE GOUGES: DES DROITS DE LA FEMME A LA GUILLOTINE/OLIVIER BLANC/ EDITIONS TAILLANDIER.

Et, comme la défense de ces causes ne l’empêchait pas d’apprécier les hommes je me permets la citation de Khalil Gibran:

« Lorsque la main d’un homme touche la main d’une femme, tous deux touchent le cœur de l’éternité; »

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à suivre…

 

 

 

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Bordeaux en l’an 2015

Le 2 juin 1793, 29 députés de la Gironde sont exclus de l’Assemblée. Leur perte fomentée, ils seront traqués et la plupart finiront sur l’échafaud. 222 ans plus tard, le 11 janvier, un rassemblement symbolique a eu lieu au pied de ce monument aux Girondins qui rappelle ceux qui moururent passionnés, honnêtes mais trop modérés ou respectueux dans une lutte pour la LIBERTÉ ECLAIREE .

Il est temps d’aborder ici,  ce monument rendant hommage aux Hommes de la Gironde.

Tous les livres de tourisme vous présentent la Place des Quinconces et son monument aux Girondins ; mon éclairage des lieux commencera  par une visite nocturne.

LAMARTINE dans  L’HISTOIRE DES GIRONDINS s’interrogeant au sujet de la France accédant à la République écrivait:

« Pourquoi cette impulsion devait-elle venir du département de la Gironde et non de Paris?… La République devait naître dans le berceau de Montaigne et de Montesquieu ».

*

Homme de tous lieux

Otage des mots
Violenté par le sort
Empoigné par le temps

Jamais les meutes ne trancheront ton cri
Aucun traquenard n’asservira ton rêve

Homme de tous lieux

Dont la voix s’évase
Vers la houle du chant.

ANDRÉE CHEDID

*

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LA FRATERNITE

Le bourgeois parle à l’ouvrier

 » Ces nœuds de l’ombre dissous par la parole » Andrée Chedid

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LA CONCORDE

« Ces lucarnes trouant l’opaque
Ces lunes rachetant l’obscur »

Andrée Chedid

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Je mise sur ces clartés
Profondes et périssables

Sur l’intense face au terne
Sur l’aube face aux déclins

Andrée Chedid

à suivre

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Ce Bleu n’appartient à personne.

« Il n’est ni le bien des hommes ni le royaume des dieux.Il circule et se répand, distribuant partout la matière mobile de son propre rêve.Le fini et l’inachevé échangent indéfiniment en lui leurs vertus.S’il n’est point d’âme ni de principe, au moins existe-t-il ce bleu,toujours près de s’entrouvrir  dans la grisaille des jours, offert à quiconque et pour rien, telle la paume d’une main vide, et telle une promesse dont chacun doit savoir qu’elle ne sera point tenue.C’est bien ainsi: cette lumière sur notre misère, cette beauté proche de notre mort.De quoi écrire encore des livres, peindre des toiles, aimer, et composer de la musique. Pour essayer de retenir contre soi le jour. Et pour toujours plus de misère, mêlée avec plus de beauté. Aussi longtemps que nous le pourrons, nous accompagnerons du bout des doigts le temps qui passe. »

Jean-Michel Maulpoix/ Une histoire de bleu

*

Retour sur la plage du Grand Crohot à la faveur d’un fort coefficient de marée (103/109). En une semaine, la configuration de la plage a changé: elle est devenue plane, arasée par le va-et-vient des flots.

Aujourd’hui, il faisait doux,et en période de vacances scolaires, les enfants étaient nombreux ainsi que les chiens dont certains assuraient le spectacle.

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J’en ai choisi deux: le premier de type labrador s’égayait dans les vagues mourantes et dans l’écume avant de venir se frotter le dos sur le sable et de repartir dans l’eau!

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Le deuxième de type husky était un champion de la course hors catégorie: une flèche emportée à perte de vue avant de revenir jouer avec un comparse de rencontre.

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Pas d’étoiles de mer échouées sur la portion sableuse de plus en plus congrue.

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Et puis des vagues à cueillir au cœur: un œil guetteur de l’instant propice à la photo ,l’ autre sur l’océan qui montait, montait et ne demandait qu’à lécher nos pieds.

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Quelques courses à notre actif, en direction de la dune!Pas de quoi se fier à l’apparente bonhomie du jour!

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Aucun quartier non plus pour les châteaux de sable engloutis en une avancée.

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Un seul surfer à l’horizon,patient, loin, très loin mais les vagues ne semblaient pas favorables. elles crevaient beaucoup trop vite en écume.

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Crédit photo: J et M Ladrat.

Je vous invite à revoir les archives sur le sujet:

http://www.eclats-de-mots.fr/category/ocean/le-livre-des-murmures-de-la-mer/

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« L’homme qui regarde la mer est un enfant passible d’amour »*

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Le voile nuageux venu d’Espagne était déjà là, se lançant à l’assaut de tout ce bleu, celui que nous attendions en vain dans la grisaille de l’hiver. La température était douce, printanière.

« Étranger, c’est ainsi que l’on nomme celui qui aime les nuages. Mais d’où vient que parmi les siens il circule en pensant toujours à autre chose ? D’où vient qu’il les observe si souvent avec une stupéfaction douloureuse comme issu d’une autre planète où nul n’oserait prendre ses aises à la façon des vivants d’ici ?« *

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La plage du Grand Crohot a beaucoup bougé avec les tempêtes.

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 Les dunes semblent laminées, stratifiées, comme le moindre monticule de sable au pied des baïnes auxquelles il ne faut pas se fier : les sables y sont mouvants et si elles prennent l’apparence de petits lacs tranquilles,  les courants y sont forts et traîtres.

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 http://www.littoral33.com/baines.htm

*

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 *

Je n’avais jamais vu d’étoile de mer échouée sur le sable et celles-ci paraissaient en difficulté dans la laisse de mer. Une fillette les remettait patiemment à l’eau alors qu’elles semblaient agonisantes sur le sable et parfois mortes. Il est probable que de grands coefficients de marée ou de forts coups de vent les ont arrachées aux grands fonds, emportées, ballotées. Auront-elles la force de reprendre la mer ?

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« Bleue la lumière du jour. Bleu cet espace où chacun marche. Cet air même qu’il respire. La transparence qui baigne  son visage lui fait désirer d’être aimé, immobile, sur le point d’ajouter une larme à la mer qui pousse et accroît sa vague sous la calme surface de son indifférence.

Pourquoi demeurent-ils si longtemps devant le bleu, sinon pour faire face à ce qui fut là avant eux et qui restera toujours après eux : cette question muette, à jamais posée ?… » *

♣ ♣♣

*** Les trois citations sont tirées du livre :Une histoire de bleu suivi de L’instinct de ciel / JEAN_MICHEL MAULPOIX

crédit photo: M et J Ladrat

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Ces deux-là, on ne les voyait jamais ensemble ou alors juste parce que Lui(à gauche) jouait à importuner l’Elle qui traversait la cour d’un pas nonchalant.

Par quel miracle les voilà partageant le même espace?

Eux aussi ont été touchés par la grâce?

Ou comment vivre ensemble…

♥♥♥

Plus sérieusement, je partage avec vous cette relecture:

Contre-Chant

 

Où en es-tu, Vie ?

Où en sommes-nous ?

 

Plaine d’encre. Supplices. Hécatombes.

Nasses du malheur. Phénix de la haine.

Beaux visages racornis.

Un temps pour chacun,

Et puis le gong final !

 

Si je te mesure à tes ombres,

La grêle des preuves te condamne.

 

Toi, dans la lagune aux couleuvres.

Toi, nid de mort.

Toi, pourrie par les racines.

Je te couvre du linceul de nos mains.

 

Pourtant, de toutes nos voix

Je te crie :             Bienvenue !

Bienvenue aux fenêtres

Qui criblent la muraille,

A l’âme sans séjour,

A nos corps continués,

Aux terrasses de demain où l’on veille,

A tes lopins d’infini où l’on croit.

 

Toi, plus vive que les ronces,

Bienvenue !

Toi, gravée d’espace

Et de cette terre des terres.

Toi, arquée au-dessus des nuits.

 

Vie, où en es-tu ?

 

Où nous en sommes.

ANDREE CHEDID/ CONTRE-CHANT 1968

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Sur le Parvis des Droits de L’homme, parole de bordelais -ce que je ne suis pas à l’origine- on n’avait jamais vu ça depuis la Libération.Hier il y avait du vent et les contributions des uns et des autres s’envolaient, se retournaient ou accrochaient le regard des passants.

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Entre l’Ecole nationale de la magistrature et le Tribunal de grande instance,contre le mur c’était le royaume des anonymes.

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De simples mots, des bouquets de roses, des crayons, des dessins, des pensées, à la craie et parfois à même le mur(pas bien disait devant moi,une jeune fille,  la liberté d’expression ne devrait pas conduire à crayonner sur ce beau mur de pierre!).

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Sur cette place où j’aime tant à passer car sur la promenade sont affichés les articles de la Déclaration de L’Homme, tristesse, colère, rappel des valeurs de la république dans la quiétude d’un sur-lendemain.

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Pour ma part, je n’avais pas ressenti autant de ferveur depuis le rassemblement spontané après les attentats madrilènes du 11 mars 2004.

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Maintenant est venu le temps de la réflexion.

Mais je tiens à souligner l’initiative des jeunes marcheurs lycéens bordelais partis hier de la Place de L’Hôtel de Ville toute proche pour une marche qui les conduira devant le siège de Charlie Hebdo.

Nous pouvons suivre leur périple ici:

https://marchebordeauxparis.wordpress.com/

Voici aussi l’article du journal Sud-Ouest:

http://www.sudouest.fr/2015/01/13/bordeaux-des-lyceens-en-marche-versde-charlie-hebdo-1795361-813.php-le-siege-

et puis faisant suite à mon billet précédent, ce témoignage d’une prof du 93: à lire jusqu’au bout:

http://tailspin.fr/post/107696839163/pour-mes-eleves-de-seine-saint-denis

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