Vendredi 24 mai 2013, 19h :

Début de la Fête du Fleuve.

DSC_2821

DSC_2827

Le temps est aux giboulées… et au vent glacial vers 18 h 30,   mais il y a du monde sur les quais pour saluer le Cauhtémoc suivi des 42 voiliers participant à la Solitaire du Figaro. Tous vont passer sous le Pont Chaban-Delmas.

DSC_2828

 

Lorsque Le Cauhtémoc  sur lequel veille le remorqueur » Le Pauillac »apparaît dans le dernier virage et s’approche,

DSC_2846

l’excitation est à son comble. Il est 19h 15.

Construit à Bilbao en 1982, le Cauhtémoc est un navire-école appartenant à la Marine mexicaine. 
L’équipage est composé de 252 membres dont 90 cadets de la Marine nationale mexicaine, futurs officiers.

                                                                           

DSC_2840

Les marins mexicains sont traditionnellement perchés, alignés jusqu’en haut de la mâture et chantent à tue-tête des chants traditionnels.

DSC_2843

Bientôt le trois-mâts donne de la corne pour signifier  son point de passage exact sous le pont Chaban-Delmas.

DSC_2844

Illusion d’optique : nous avons l’impression que là-haut, ça touche !

DSC_2856

Si l’entrée émouvante dans le Port de la Lune de ce bateau tant attendu avec  son merveilleux spectacle a bénéficié d’une accalmie de pluie, cette dernière sera d’une courte durée.

DSC_2861

Les marins subissent en guise d’accueil un abat d’eau aussi soudain que dru.

DSC_2862

Le Cauhtémoc laisse la place au   Maxi Trimaran Solo Banque Populaire VII

DSC_2863

DSC_2870

A la hauteur du hangar 18, les spectateurs se replient à l’abri sous les gouttières d’un avant-toit à larges trous mais même sous les parapluies, continuent à applaudir chaleureusement les voiliers faisant leur entrée dans la foulée .

DSC_2871

Nous sommes récompensés de notre attente dégoulinante par leur passage au plus près des hangars.

DSC_2872

                                    DSC_2921

   DSC_2898

Nous rentrons chez nous transis mais heureux d’avoir eu la chance de pouvoir assister à cette arrivée mémorable.

DSC_2887                                                                 

  *** à suivre*** 

19 03 13 (58)

Notes de lecture autour des ponts

« Les gens qui habitent sur les rives sont des riverains, mais ce sont aussi des rivaux. La notion de rivalité signifie que l’on habite sur chacune des rives. Le pont entre les deux rives devient soit celui de la paix soit celui de la guerre, tel le pont d’Arcole. »

MICHEL SERRES

DSC_1427

 

 DSC_1428

Il arrive que les deux rives vivent chacune leur vie, se développent indépendamment puis se découvrent, se prennent en compte jusqu’à la naissance d’un pont, avec des intérêts divers.

Longtemps à Bordeaux, seuls des bacs permettaient la traversée de la Garonne avec tous les trafics que l’on connaissait. L’Intendant Tourny, et d’autres ingénieurs ont évoqué des constructions possibles. Mais au XVIIIème siècle, Bordeaux est un des ports les plus importants de France : nous savons pourquoi !il n’y avait donc pas de nécessité de franchissement.

 Le premier pont fut le Pont de pierre en 1822, réalisé à la demande  de Bonaparte, dans ses élans de conquête.De plus, la première difficulté a toujours été de travailler avec la Garonne, ses courants, ses marées et ses fonds meubles.

19 03 13 (21)

A la fin du XIXème siècle, émerge la conception d’un pont transbordeur qui ne verra jamais le jour, alors qu’il faut une demi- journée pour aller du quartier des Chartrons à La Bastide !

19 03 13 (25)

 

Dans son livre NAISSANCE D’UN PONT, MAYLIS DE KERANGAL s’intéresse à une émotion collective ; construire un pont n’est pas simple depuis sa conception même. Le pont est dans son livre une menace. La construction d’un pont suspendu quelque part dans une Californie imaginaire, à partir des destins croisés d’une dizaine d’hommes et de femmes, tous employés d’un titanesque projet va représenter un télescopage entre ceux qui imaginent le pont, ceux qui le font, ceux qui le refusent, ceux qui l’emprunteront et « ceux qui le rêvent ».

19 03 13 (40)

 

19 03 13 (41)

« Fallait-il encombrer la Terre plutôt que le ciel ? Fallait-t-il démontrer sa force, opter pour un ouvrage puissant, une combinaison de pièces massives, lourdes, tel le pont de Maracaibo ? Fallait-il un ouvrage transparent, aérien, une construction où les structures concentrent en peu d’éléments, une option de finesse tel le viaduc de Millau ? Fallait-il désenclaver une ville ou souder deux paysages, fallait-il surseoir à la nature, utiliser ses lignes ou s’y incorporer ? Le Boa ne sait pas, il veut tout. Il veut l’innovation et la référence, l’entreprise florissante, la beauté et le record mondial. »MAYLIS DE KERANGAL

DSC_0021

Je vous invite aussi à consulter l’intervention de MICHEL SERRES qui a écrit L’ART DES PONTS/ HOMO PONTIFEX (un livre + une intervention)

http://www.unipef.org/docs/2010155835_michel-serres.pdf

 

et dont je cite ici certaines de ses déclarations faites devant les ingénieurs des Ponts, qui me paraissent essentielles :

« Le métier de ma famille, puis le mien et celui de mes frères consistait à draguer la Garonne. Mon père était propriétaire d’une drague dans le milieu du fleuve. Il nous  fallait extraire du fond de la

Garonne du sable et gravier, puis les broyer, les concasser, pour éviter les éclats d’ophite ou de granit.

C’était un métier dur et l’ingénieur des ponts, pour moi, était l’homme qui maîtrisait la théorie d’une pratique que je faisais sans théorie. Par conséquent, je crois que ma vocation intellectuelle, je vous la dois.

J’ai connu des ingénieurs des ponts, clients de l’entreprise paternelle et j’ai compris l’importance de la théorie et du savoir.

J’ai écrit « L’art des ponts » peut-être en pensant presque tous les jours à vous ou à vos prédécesseurs, avec une certaine émotion. J’ai l’impression de vous rendre dans ma vieillesse ce que vous m’avez appris dans ma jeunesse, c’est une sorte de reddition, d’hommage que j’ai à vous faire aujourd’hui. J’ai écrit « L’art des ponts » parce que j’ai été un dragueur, pas comme on l’entend aujourd’hui, mais un casseur de cailloux. .. »MICHEL SERRES

DSC_0017

« A la fin de ma vie, je me suis aperçu que le pont était le bon objet, symbole de la communication, de la relation, que le pont était un objet mais aussi un symbole ou une figure de la communication, c’est bien la raison douce d’existence de ce livre… »MICHEL SERRES

19 03 13 (47)

« Le pont est donc un objet, celui que vous savez construire en tant que pontifex, que pontife, mais c’est aussi un symbole. Je voudrais dire non pas que le pont est un symbole, mais que le symbole est un pont… »MICHEL SERRES

DSC_0032

Le saviez-vous ?

 

« Il n’y a pas une seule coupure d’euros qui n’ait un pont, 20, 50, 100 euros, etc. Personne ne le remarque. Pourquoi y a-t-il un pont sur les euros ? Je suis un peu en colère car le fonctionnaire européen qui a imaginé cela a mis des ponts très vieux, le pont du Gard dans 5 ou 10 euros et des ponts très neufs sur les 100 ou 200 euros, ce qui est absurde. Ils ont mis un pont sur les euros parce qu’ils ont pensé comme moi qu’un pont était un symbole d’union entre des nations qui s’étaient déchirées au cours de l’histoire. L’euro était un symbole d’union entre les nations européennes, et le symbole du symbole était le pont… »MICHEL SERRES

Mais revenons à notre  Pont Chaban-Delmas :

« Le dessin des pylônes symbolise la porte d’entrée du port de la Lune, c’est un symbole de bienvenue à l’entrée de Bordeaux »

THOMAS LAVIGNE, architecte

DSC_0511

La ville de BORDEAUX est indissociable du souvenir de JACQUES CHABAN-DELMAS. Le pont a pris son nom après une polémique, certains s’étaient pris d’affection pour la dénomination Pont BA-BA mettant en avant le lien créé entre le quartier de Bacalan et La Bastide.

DSC_0506

Pour rappel, Jacques Chaban-Delmas a été député de la Gironde de 1946 jusqu’en 1997, puis maire de Bordeaux de 1947 à 1995. Il a présidé l’Assemblée nationale de 1958 à 1969, de 1978 à 1981 et de 1986 à 1988.Il a été premier ministre de 1969 à 1972.

DSC_0512

En 2012, une statue a été érigée en son honneur, Place Pey-Berland .

***

19 03 13 (51)

 

 Et puis il y a aussi les poètes: ici APOLLINAIRE,(Sous le pont Mirabeau, coule la Seine…) mais aussi RIMBAUD

« Le pont

Deux dames le long le long du fleuve

Elles se parlent par-dessus l’eau

Et sur le pont de leurs paroles

La foule passe et repasse en dansant »

APOLLINAIRE

***

Voici une photo du Bélem, le jour de l’inauguration du pont; cette photo  été aimablement prêtée par Frantz, je l’en remercie.

IMG_1001

 

Aujourd’hui, Le Port de la Lune se prépare à accueillir  l’arrivée des bateaux pour la Solitaire du Figaro qui débutera le 2 juin. Le Cuauhtémoc  passera en tête, suivi de 42 voiliers,

demain sous le Pont Chaban-Delmas.

********************

 

 

24 05 10 001

24 05 10 002

 

24 05 10 006

 

24 05 10 009

24 05 10 012

 

« LES HOMMES CONSTRUISENT TROP DE MURS ET PAS ASSEZ DE PONTS »

ISAAC NEWTON

***

Le 24 mai 2010 nous allions, comme beaucoup de bordelais,  en promenade au bout des quais pour lire les panneaux d’affichage et constater les travaux d’avancement du futur pont.

DSC_0019

DSC_0356

Puis nous avons gagné la rive droite en 2012 pour avoir une vue du pont en construction depuis les coteaux de Lormont. Le débouché sur la rive droite est encore une friche

***

DSC_0079

DSC_0073

P1050339

Toutes les occasions d’approcher le futur pont sont bonnes, et nous sommes ravis lorsqu’une croisière amicale à destination de  Bourg ou une invitation de la Ville à faire un tour  dans le Port de la Lune nous font passer entre les piles du Pont.

***

Aujourd’hui,

le Pont  en CHIFFRES ET RECORDS c’est:

4m, la largeur des poulies géantes, 50 tonnes chacune;

Il a fallu une grue de 700 tonnes équipée d’une flèche de 90 m.

77 m la hauteur des pylônes qui permettent de lever le tablier à 47 m de haut par rapport au niveau du pont.Côté navigable, 40 câbles qui servent à hisser le tablier.

Les câbles font 80 millimètres et pèsent 2 tonnes chacun.

2520 tonnes le poids du tablier mobile.

39 mois de chantier

106m  la voie navigable offerte aux bateaux.

40 000 tonnes de béton nécessaires à la construction des piles intermédiaires.

6500 tonnes , le poids des charpentes métalliques

440 m, la longueur totale du pont, 117 m, la partie mobile, 45 m de largeur.

11mn le temps que met le pont pour descendre ou monter…sans bruit!

70000 tonnes de terre et gravats dégagés.

Mes sources en chiffres proviennent de la revue

 Hors-série Sud-Ouest

Un pont se lève/ Bordeaux 16 mars 2013

***

DSC_1443

vous pourrez constater quelques changements: le poste de commande

mais aussi l ‘aménagement des îlots qui s’inscrivent dans un projet ultérieur.

DSC_0024

DSC_0014

Je laisse  THOMAS LAVIGNE, l’architecte du PONT le qualifier en 5 mots :

« Élégance, légèreté, transparence, équilibre, monumental »

**********

 

DSC_0007

***une photo prise le 19 mars ***

Bordeaux et le Pont Levant

Sous le Pont Levant où coule la Garonne

De sauvages eaux friponnes

S’engouffrent comme des lionnes

 Entre ses si  hautes colonnes.

***

Et sur le Pont Levant

***

 

Sous le Pont Levant aux allures de géant

S’en vont fiers les navires au vent

Vers la  courbe des roseaux et le couchant

 Mettant le cap sur le large et l’océan.

***

 

Et sur le Pont Levant…

Dans un tourbillon de passants

***

Sous le Pont Levant, malgré les apparences

Les poulies déchirent le silence

A chaque jour sa peine immense

La valse du temps épouse l’absence.

***

Et sur le Pont Levant…

Dans un tourbillon de passants…

Le regard s’abandonne en rêvant…

***

Sous le Pont levant se cachent les pieux

Floconnent en force les eaux parfois bleues

Coule le souvenir des hommes besogneux

A la porte  de la Lune, au balcon des cieux.

***

Et sur le Pont Levant…

Dans un tourbillon de passants…

Le regard s’abandonne en rêvant…

 Sur La Ville et son Croissant…

***

 

Maïté Ladrat

***

DSC_0037

ASC_0152

Au bord de L’Eau Bourde

Cheminement

Dans l’œil du vert

Sous couvert du vent.

ASC_0135

 

L’Eau Bourde est une jolie rivière de la communauté urbaine bordelaise ; 5 communes sont arrosées par cet affluent de la rive gauche de la Garonne.

Autrefois haut lieu d’activités, notamment pour moudre le grain des habitants contre redevance (droit de ban), l’Eau Bourde garde le souvenir des moulins qui appartenaient à des nobles ou des communautés ecclésiastiques. Presque tous les moulins ont disparu tout au long de ses chemins ombragés. On peut cependant encore voir un moulin restauré avec sa roue à aube et son bief.

Les moulins pratiquèrent ensuite d’autres activités : fabrique de chocolat, de pains de glace, d’engins explosifs, pulvérisation de silex, fabrique de tapis vendus sur place, tannerie au moulin de Cazaux de 1903 à 1955 (150 employés). Celui de Cayac fut le seul à rester jusqu’à la fin un moulin à farine.

Aujourd’hui, le chemin de l’Eau Bourde est un chemin très fréquenté, dès que revient le beau temps !

Qu’i passe gén coum sou camin de Sen-Jacques. (se dit d’un chemin très fréquenté)

Ou avec une autre formulation:

Tan bau lou camin de Sen-Jacques !

ASC_0136

A la source de L’Eau Bourde, dans le parc des Sources de Cestas, on pouvait voir avant la mémorable tempête qui eut raison de son chêne multi séculaire, un panneau indiquant que Napoléon et ses troupes avaient bivouaqué là, sur le chemin de L’Espagne.

ASC_0148

L’Eau Bourde serpente sur 22,5 km ; on rencontre sur ses berges une grande richesse d’arbres : chênes, châtaigniers, aulnes, frênes et saules. On peut aussi observer des érables champêtres, des charmes, des trembles, des ifs, des peupliers, de l’aubépine, des pins sylvestres. Voici quel est le royaume des poules d’eau, martins pêcheurs, (il m’a été donné d’en apercevoir un sans pouvoir le photographier) hérons, tortues de marais. La rivière est paraît-il, d’après les pêcheurs, le territoire du goujon, du chevaine et du gardon mais aussi de la loche franche, de l’anguille, du chabot, de la lamproie de planer et du vairon.

ASC_0137

J’aime tout particulièrement ses reflets, la multitude d’approches rendue possible grâce aux différents parcs qui la jalonnent dans une grande coulée verte, ses passerelles, ses visages si différents selon les saisons. Rendez-vous compte : elle a même son « Petit-Arcachon » et sa plage sablonneuse de poche, pour ceux qui ne peuvent (ou ne veulent) profiter du Grand.

ASC_0138

Je vous laisse vagabonder sur ses chuchotis, ses éclats surpris entre les arbres, sa géométrie poétique, ses souvenirs ; ses silences sur ses bancs accueillants ;

ASC_0144

je vous laisse imaginer ses rencontres insolites : un chat à vélo (mais oui, vous lisez bien !), ses chiens , ses marcheurs nordiques, ses enfants en vacances et centre aéré, ses heureux riverains et les habitants du coin tout étonnés de rencontrer l’intérêt de « bordelais »(ils ont tôt fait de nous qualifier, nous bordelais d’adoption !)

ASC_0143

Je ne sais pas si les pèlerins ont suivi les bords de l’Eau Bourde, ailleurs qu’à Cayac, Cestas… ou s’ils n’ont fait que traverser la rivière.

ASC_0159

 Il m’a semblé que le paysage devait être si important à leurs yeux en fonction du temps que  j’ai cherché chez

FELIX ARNAUDIN,

dans son RECUEIL DE PROVERBES DE LA GRANDE LANDE

des mots immémoriaux dans la langue gasconne, celle qui venait à l’oreille des pèlerins du Moyen-Âge.

Lou diabble que danse sous parcs.(l’ardeur du soleil est telle qu’elle fait trembler

l’air sur le toit des bergeries)

***

Lou renart que se maride.(Le renard se marie, temps de soleil et de pluie)

***

Lou téms qu’a l’amne negue.(Le ciel est noir, il médite un mauvais coup, littéralement il a l’âme noire)

***

Mourane que hey bragué.(Mourane est le nom d’une vache donné au ciel, vache qui a le pis gonflé à l’approche du vêlage , comme le ciel où les nuages s’amoncellent)

***

Héy pa sou, ni pluye, ni bén:

Semble esta les dames en un coumbén.(Il n’y a ni soleil, ni pluie ni vent, comme chez les dames du couvent…ça ne bouge pas; se dit d’un ciel couvert et temps doux)

***

en été

 ****adichats!

ASC_0162

Je suis retournée récemment voir le pèlerin et les ruines de Cayac et j’ai  constaté que la restauration est en cours.Ce jour-là, le pèlerin avait toujours la faveur des photographes…

ASC_0124

Voici les sources qui me permettent de retracer l’Histoire de Cayac:

1-Le site de la Ville de Gradignan

http://www.ville-gradignan.fr/menu-principal/tourisme-histoire/les-sites-a-decouvrir/le-prieure-et-leglise-de-cayac/

2-la plaquette « La Mémoire des Pierres » téléchargeable sur ce site.

3-Le livre : » Les chemins de Saint-Jacques en Gironde » de Francis Zapata aux Éditions Sud-Ouest.

***

06 12 09 046

Cayac, à la sortie de la Ville de Gradignan, à 10 km de Bordeaux est la dernière étape avant la terrible traversée des Landes :

Cet hôpital est cité dans un acte de 1229 .Un inventaire des lieux cité par Henri de Montaigne, commissaire du Parlement de Bordeaux, en 1673 décrit avec minutie cet établissement. Il s’agit probablement de l’oncle de Michel de Montaigne, qui siégea lui aussi au Parlement de Bordeaux ainsi que de nombreuses personnes de la famille de sa femme).

ASC_0156

Le petit « château » n’existait pas au Moyen-Age. A sa place se trouvait un autre bâtiment dont nous ignorons tout, qui servait de domicile aux religieux. Par la suite, il est démoli et reconstruit au XVe siècle avec les pierres de la bâtisse primitive. Il est restauré au XVIIe siècle et occupé par les pères Chartreux (d’où le nom de la rue de Chartrèze). Les fenêtres à meneaux datent de cette époque. Vers 1850, il est transformé dans l’esprit médiéval, alors à la mode (décoration de la grande salle et, à l’extérieur, tour carrée et créneaux). Les bâtiments annexes, tant ceux accolés à l’église que ceux situés du côté du château sont plus difficiles à dater. Il devait s’agir dès l’origine de dépendances agricoles, plusieurs fois transformées.

06 12 09 023

L’église et les trois portails sur le chemin, parties les plus anciennes, ont environ huit cents ans (fin XIIe ou début XIIIe siècle).

Après la Révolution française, l’église abrite une verrerie (1837-1860) et subit des mutilations (obturation d’ouvertures, fermeture de la nef sud, installation de fours).

En1940 : installation d’un atelier de mécanique.

Son évolution au cours de l’Histoire :

A la fin du XIIème siècle et au début du XIIIème, le lieu avait une vocation d’accueil des pèlerins. Il était tenu par des religieux : les Frères Hospitaliers.

Du XIV ème au XVIIème siècle : transformation en prieuré, c’est-à-dire couvent dont la vocation première n’est plus l’accueil des pèlerins.(1304). Le prieuré prend des allures de propriété agricole.

Du XVIIème siècle à la Révolution, l’ensemble appartient aux pères Chartreux.(1618) Les pèlerins se font moins nombreux.

En 1649, lors de la Fronde, le prieuré a subi des dégradations lors d’une révolte paysanne. Il fut assiégé par les troupes du Duc d’Épernon.

En 1688, on constate de nombreuses brèches dans les murailles.

En 1731, les lieux sont désertés car il n’y a plus aucun office religieux.

1979-1988 : sauvetage de Cayac par la commune de Gradignan qui rachète tout d’abord l’Eglise à la famille Calvet puis ensuite le Prieuré à la famille Barbet.
1981 : déviation de la RN 10.
1982-1983 : fouilles dans l’église.
1988 : début de la restauration du prieuré.

ASC_0123

 Certains ont pu même envisager de raser le tout pour élargir la fameuse Nationale 10 qui passait entre les ruines et le château !

ASC_0160

 

La prochaine fois je vous invite sur le Chemin de L’Eau Bourde.

En attendant…Partagez le repos du pèlerin si vous le voulez bien.

ASC_0165

 

*******Adichats!

06 12 09 013

Nous devons ce pèlerin  à DANIELLE BIGATA.

Il se trouve sur le site des ruines Cayac alors que pendant des années la Nationale 10 a coupé l’ensemble des bâtiments en deux, occasionnant des dégradations des porches romans et gothiques importantes, jusqu’en 1981 où l’axe routier a été dévié.Il s’agissait d’un hospice sur la route de Saint-Jacques- de- Compostelle.

06 12 09 039

 

Vous aurez un aperçu de l’œuvre de cette artiste ici:

http://www.bigata.com/

*******

06 12 09 041

06 12 09 038

 Le pèlerin

 

Vêtu de sa cape alourdie par les  notes  fantasques du vent,

Portant la richesse de toutes les  bribes de ses silences,

 Il a parcouru tous les horizons  au rythme de ses rêves les plus fous.

Les fougères ont enlacé ses chevilles malmenées

Et les ruisseaux, rafraîchi  ses veines et ses paumes écorchées.

Aveuglé par les tourbillons et les  grains de poussière

Il a parfois dû momentanément renoncer.

Nourri du chant des oiseaux et du halo pur des aurores,

Ses lèvres se sont scellées aux heures écrasantes du jour à son apogée.

Il a péniblement avancé, voûté  sur son solide bourdon.

Sa main lourde s’appuyait  sur le pommeau luisant

Sur  ce bois  cueilli, comme il se doit,  à la pleine lune

En morte sève, et mis à sommeiller jusqu’à l’heure

De s’élancer dans les paysages aux brumes fantomatiques.

Il a dormi à la belle étoile, celle du berger à la houppelande,

S’est tenu pieusement et comme une ombre en haut de la dune,

Ne laissant à chaque départ qu’une  empreinte chaude au  creux du sable.

Parfois la forêt et les sentiers ont retenti de ses pleurs :

Cent fois il faillit abandonner !

Son langage s’est forgé immobile et bossué en se frottant à ses peurs,

A ses ardeurs toujours renouvelées et à la grandeur de ses doutes.

Sa peau s’est patinée à l’égal de son bourdon :

Il est devenu chêne, nervuré, à l’écorce pétrie de fatigue.

Ses pas portaient tant de plaies, tant  de crevasses, malgré cela

Il réussit à magnifier la souffrance jusqu’à s’illuminer.

Tendu comme un arc vers l’ultime but des jacquets,

Il a tant cherché la réconciliation avec cet autre lui-même,

Qu’un jour béni, aux pieds de Saint Jacques il s’est jeté.

Le voilà de  retour, le temps d’une halte,  à l’ombre du prieuré.

Au bord de l’Eau Bourde, sous les arbres, avec sa fidèle coquille.

Le voyageur sans bagages songe à tout ce qui en  lui, a changé.

Maïté L

06 12 09 016

Montée entre ciel et terre

Le chemin est rude jusqu’aux bambous, caresse de saule pleureur .

Cheminer vers les lampes immobiles.

Les flots peuvent bien  s’enrouler autour de leurs cordées de vase

Cheminer et se sentir nu de parole.

Feux, derniers feux ; rayons de miel sur le visage ; la soirée s’alanguit un instant

Cheminer en soi, être aspiré par la mémoire honorant le paysage

Au passage, l’horizontale, avant les mots dressés, scandés, chantés, criés.

Générosité.

Paroxysme.

Parole semée…

 

Soudain le Milan surgit…sur un texte du photographe écrivain MICHEL QUÉRAL

« Migrateur sans frontières : le temps du milan

Début mars. Le ciel de l’estuaire est plombé. Les premières tulipes sauvages balancent leurs flammes jaunes entre les squelettiques pieds de vigne de Tayac où les premiers bourgeons commencent à percer.

Chahuté par le vent d’Ouest qui balaie la rive en rafales, un Milan noir surgit de nulle part. C’est mon « premier de l’année » !…

Mais bien vite l’estuaire nous rappelle et les paroles d’ilouts surgissent en mélopée, lancinantes, mélancoliques …

Sur ses chemins ma vie sauvage(extraits) David de Souza-Armand Florea

« Né(e) sur Sans-Pain né(e) sur Bouchaud

Sur Patiras à l’île verte

Mon papa faisait le bateau

Un papa extraordinaire

Parti trop tôt, parti trop tôt

 

On a vécu comme sur l’eau

Au milieu d’un lit de rivière

Une pièce en bas une pièce en haut

Dans de fortes maisons de pierre

Mais pas à terre mais pas à terre…

***

On grimpait aux arbres, on guettait

Le paysage de la vie

Des cabanes à pique-cerises

L’espace c’est pas ce qui manquait

On s’évadait on s’évadait

 

Le défendu se promenait

Entre la digue, le bord de l’eau

On arrivait à monter là-haut

Tout en haut de la liberté

En bois flotté en bois flotté… »

Chemin faisant les feux empreintes s’interpellent

les lianes s’enroulent autour du poignet

se déposent en offrandes à nos pieds

unis en signe de ralliement

comme le ciel, la terre et les arbres

sous la voûte d’ombre que gagne le noir.

Dernières visions avant le départ.

« Les heures passées au bord de l’eau sont à déduire de celles passées au paradis »

RENÉ FALLET, LES PIEDS DANS L’EAU.

«  Je suis les liens que je tisse »

Théodore Monot

Sentinelles sur la digue

Drapeaux rouges de la mémoire

Ne le dites à personne :

 Quand le vent vous visite

Quand les étoiles filantes suivent l’arc ou la voûte

Quand la rosée monte ou le chant des grillons

Quand le village de huttes se met à danser

Ou bien à claquer de ses tissus serpents

Ne dites à personne que dedans égale dehors

Que le mauvais temps égale l’haleine de l’estuaire

Que l’île verte égale toutes les gouttes nuages rideaux tirés

Que vous volez la vedette au phare impassible

Trop haut les marches

Trop haut le flot la magie

Trop haut le bouche à oreille.

Tout se joue contre le grain de la terre

Tout se joue dans la rumeur des arbres

Le cahier des histoires au jour le jour

Une histoire pousse l’autre au jour le jour

Les murs tombent au jour le jour.

Va et vient

La parole.

 

©Maïté L

***

« Elle  lui dit:

Il suffit d’une pensée et la colline est fleurie. Ma pensée est une prière. »

Au Matin De La Parole/ Gabriel MWènè Okoundji/ Dialogue d’Ampili et de Pampou

Je  suis incertaine sur le pont

Qui mène à l’île rêvée, comme toutes les îles,

 Celles que je porte en idéal, avec

 Les jeux de tangage et du vent

Celles qui délivreront les paroles et les chants

A mon cœur qui bat d’impatience.

Tambour contre étrave avant l’île-Refuge,

L’île au phare qui s’annonce en lettres essentielles :

 Patiras.

Et soudain, comme une révélation :

Vous/ Nou(és) les liens du passé et ceux du présent.

Les cordes se croisent, se tendent, se hissent au soleil.

Des champs de maïs.

Dans la transparence des huttes, le faîte prie le ciel de se souvenir de

 L’ici, l’ailleurs, oiseaux plumes musiques, hommes femmes compagnons de besogne

D’esclavage

Noirs.

  Toi, Tu Voues ta passion au milan

Qui plane au-dessus des îliens du rêve, ceux qui sont partis, ceux qui se sont établis

Ici

Ceux venus de l’ailleurs pour quelques instants. Ceux qui, noirs, ont souffert dans leurs chaînes.

Pioche, pioche dans le lopin de terre. Erige des cathédrales sur pilotis

Dans la musique des bambous, frontières abolies, végétal étalement vert sombre

Lumière blanchie tout contre

 Les lèvres de la terre, gonflées de tout le sel

Qui gercent une fois les marées retirées,

Ici

 Gisent les avancées à coup de bois flottés, échoués.
Paroles d’îlouts lancées sur le haut de la berge

Offerte la mélopée d’un soir à l’estuaire :

 A lui, le Maître linéaire qui file pressé devant nous.

La tête bercée aux émotions d’herbe, dernières lueurs paroles et chants reçus

Dans le creux vert tendre de l’agora, à l’ombre

Des continents, paroles et chants de souffrance, d’espoir

Wolof

Sorti veine après veine, de la gangue de l’oubli.

Départ Bateau et Gens d’estuaire. Accueil paroles  de nuit

Chants d’ici.

Pauillac,

Le quai

S’étire

Orange

La nuit

L’emporte

Glisse la nuit

Avec

Ou

Sans étoiles

Je ne sais pas. Pas vu ailleurs mais dans les yeux, oui … l’espace d’un bonheur.

Impression d’été 2012.

©Maïté L

***

***

J’ai choisi de partir par la fin: les images qui se sont installées dans mes souvenirs. J’ai choisi de prolonger un peu le rêve par des mots. J’ai choisi de dévoiler les images peu à peu.

Mes remerciements vont à ceux qui ont fait de cette soirée un ensemble de vibrations, d’émotions, une escale de bonheur:

les Scènes d’été du Conseil général de la Gironde

les associations MC2A (Guy Lenoir) et Musiques de nuit (Patrick Duval) qui ont  proposé une rencontre « Ici, ailleurs », autour de la notion de migrations.

– La mise en espace par le collectif de plasticiens « Les Mains dans les pioches« .

 – La chorale de l’opéra wolof Leena à laquelle participait notamment la chorale de Pessac Croq Notes donnant l’Oratorio de l’Opéra Leena, musiques de El Hadj N’Diaye et Mathieu Ben Hassen

– la lectures des textes de Michel Quéral, auteur naturaliste, accompagné des musiciens présentés par Musiques de Nuit : 5 musiciens du Monde’ Rocher de Palmer) Pascal Lefeuvre,( vielle à roue), Philippe Bayle( tiple), Pedram Khavar Zamini(tombak) et Doudou Cissoko(kora).

-L’ évocation incantatoire de la mémoire des îlouts, portée par la chorale Pianissimo et contée par Davis De Souza.

     »  Un voyage  autour d’un axe migratoire majeur : l’estuaire de la Gironde.
Toutes ces migrations, proches et lointaines : mémoire de la traite négrière, souvenirs des ilouts, passage des oiseaux mis en scène sur l’île de Patiras par différents regards artistiques. »

******* à suivre*******