Mardi 28 juillet 2015, avenue Thiers

Ce sera une demi- journée consacrée au street art, mais je parlerai de l’après-midi plus tard.

Pourtant ce soir-là, il fallait s’armer de patience pour arriver au rendez-vous rive droite depuis Bordeaux rive gauche: le tram décharge tous ses voyageurs 2 arrêts plus loin que celui où nous montons: panne d’une rame… Heureusement, une navette sous la forme d’un bus articulé et rapidement bondé car loin d’avoir la capacité du tram prend la relève: c’est une chance quand même! Il faut descendre bien avant l’arrêt où le tram reprendra son périple et marcher un bout de chemin: cela ne nous fait pas peur! Le franchissement de la Garonne ne nous permettra pas d’admirer le Pont de pierre tant nous sommes serrés, compressés… Mais nous finirons par arriver. et découvrirons le presque aboutissement du travail de Zarb.

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Zarb se repose. Nous admirons.

L’ambiance est bon enfant et nous essayons de deviner qui est Zarb dans ces divers groupe de discussion.

Zarb, appartient au collectif FullColor. Cet artiste originaire de la rive droite, a eu 15 jours pour réaliser une performance sur  le mur à l’angle de l’avenue Thiers et de la rue Antoine-Monier.

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Un arbre magique a poussé en quelques jours

 

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une chimère

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ombres, lumière, mouvement: le décor est planté

La fresque n°1  en cours de réalisation était visible tous les jours depuis la route et la ligne A du tram qui relie les deux rives de la Garonne.

La performance  placée sous l’égide de Bordeaux Métropole, dans le cadre de L’été métropolitain 2015  offre au public la possibilité d’assister à l’élaboration de l’œuvre en direct et de rencontrer l’artiste.

Deux mois, deux lieux, deux murs… L’un rive droite, l’autre rive gauche, (nous attendons que soit dévoilé le lieu)l’un en juillet, l’autre en août, et six occasions privilégiées de le rencontrer (3 rencontres en juillet, 2 en août, 1 en septembre).

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Zarb manoeuvre avant de s’équiper.

Ce soir-là, le vent est de la partie lorsque Zarb prend place dans l’élévateur électrique.Nous pourrons ensuite admirer la précision et l’élégance de son geste.

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ce soir Zarb revient à son amour de bombe

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précision, flou orchestré…

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Jeux d’ombre et d’ambre des derniers rayons

Zarb graphe depuis une quinzaine d’années et aime  changer de décor. Aussi intervient-il ici en recouvrant une de ses propres réalisations.

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Je est un autre

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c’est haut, très haut!

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concentration

https://fr-fr.facebook.com/fullcoloriginal

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jeux de main

Lorsque nous quittons les lieux, à la nuit, Zarb fait à nouveau une pause, s’éloigne pour apprécier ce qu’il vient d’ajouter, pour juger de ce qui reste à faire, prend ses repères sur l’espace mur vu dans son ensemble, reprend sa discussion avec les uns, les autres.

On avance dans la découverte du street art…

au skatepark

Bordeaux, au Skatepark, sur les quais.

Ils sont là avec leurs roues-soleil…

 

Mais je cligne des yeux et

Que vois-je : le vélo silencieux

 

Quitter le mur où il était au repos

Le voilà parti par monts et par vaux

 

Ne laissant que son empreinte

Entre les obstacles urbains déjà il feinte

 

Il caresse les bosses, disparaît dans les creux

S’envole soudain vers les cieux

 

Il n’a que faire de la marée

Venue de son écume irisée

 

Lécher les prémices de son élan magique

Et fendre l’air de sa douce  musique

 

Après le mur où il s’adossait

Un autre mur semble l’arrêter

 

Mais rien n’est insurmontable

Pour une monture redoutable

 

Mur après mur, dans les creux, sur les crêtes

Hardiment lancé il poursuit de l’espace sa quête

 

L’artiste semble s’accrocher, persévérer

Avec un cœur d’enfant et par l’engin emporté

 

Le voilà comme un point à l’horizon

Le rêve a pris le relais de la passion.

Maïté L

 

http://urbstreet.fr/07/arts/streetart/street-art-fullcolor-x-skatepark-bordeaux/

 

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je suis dans le vent

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la grenouille se marie avec un épouvantail…

Si quelqu’un en doutait encore, les épouvantails ont une vie après la journée en compagnie des jardiniers et des promeneurs, mais pas celle à laquelle j’avais pensé dans mon billet précédent.

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moi « Drôle d’Oiseau »… Il y a pire!

Les nuits des épouvantails ne se ressemblent pas ;  aux conciliabules avec les oiseaux du petit parc il a fallu ajouter la bêtise humaine et l’instinct de destruction de drôles d’oiseaux de passage!

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Pauvre oiseau en miettes!

Ils ne se sont pas sentis en empathie avec le « Drôle d’oiseau » à moins que ce dernier ne leur ait renvoyé en miroir ces mots drôles qui leur allaient comme un gant (de boxe).

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ça swingue par-ici!

A croire que tous ne sont pas poètes et qu’un peu plus de poésie dans notre monde serait bienvenue. Mais ils sont incapables d’autres actions que celle d’instiller du sable dans les rouages de la société !

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épouvantail carnacavaleur

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N’œil?

Comme si cela pouvait résoudre leurs problèmes existentiels de détruire le calme et la beauté, l’amitié et le partage !

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lui non plus n’a pas été épargné

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sexy girl

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tu surveilles les artichauts?

J’étais de passage ce lundi matin pour glaner je ne sais quelle photo supplémentaire lorsque j’ai pu constater que la consternation régnait à l’entrée des Jardins de Bacchus : les épouvantails avaient dans le meilleur des cas échappé à l’arrachage, prenaient un air penché où avaient abouti en miettes loin de leur place d’origine… Quand ils n’avaient pas tout simplement disparu!

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j’éponge les soucis!

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gros plan

Je suis  contente de pouvoir témoigner par mes photos du travail accompli car si les vandales s’attendaient à voir  les personnes découvrant le saccage baisser les bras, ce fut peine perdue ! Aussitôt les petites mains déployèrent leur énergie pour effacer le passage des indésirables.

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je prends mes aises en guise de haie

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tu fais l’avion?

Dans le petit jardin

j’entre presque en catimini

Pour ne pas déranger les jardiniers

Cachés derrière les épouvantails.

C’est soudain la valse des arrosoirs

Ou le nuage de bouillie bordelaise.

Le partage de saveurs

Le partage d’informations.

Tandis que les  verveines de Buenos Aires

S’agitent au vent

Les capucines font la cour

A Sire Bacchus sur sa caisse en bois.

Les artichauts perchés tout en haut

S’éclairent doucement au soleil du matin

Les pois chiches et les souvenirs d’un ailleurs

Les légumes de saison

Montrent que Les Jardiniers

Jonglent avec le calendrier lunaire

et la météo de ce petit coin de terre.

Ils  réapprennent le contact avec la nature,

Ils  participent à la vie de ce poumon vert

Bien agréable en ville .

C’est un petit coin calme

Qui la nuit s’endort-en principe-

Il laisse derrière ses grilles

Les rumeurs, les peines et l’affolement de la ville

C’est une parenthèse heureuse

Une bulle bienfaisante

Entourée de ses grands arbres.

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un rien de bonhomie et de naïveté

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balai brosse unijambiste?

Me revient alors  ce refrain de Jacques Dutronc :

« De grâce, de grâce, monsieur le promoteur,

De grâce, de grâce, préservez cette grâce

De grâce, de grâce, monsieur le promoteur

Ne coupez pas mes fleurs »

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la bouche en coeur

Quelle chance nous avons de tenir à distance l’homme amoureux des parpaings

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Tu faisais quoi, toi?

« un homme qui au revers de son veston

Portait une fleur de béton »

Jacques Dutronc

Longue vie aux jardiniers, à leurs épouvantails et que le grand Cric croque les croquants de la nuit malintentionnés dont le passage ne laisse pas de trace de toute manière.

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ouf, sauvé, l’Anatole!

Un bel été à tous les visiteurs et que les légumes et les épouvantails continuent à danser au clair de lune.

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épouvantail au féminin, très élégante

 

Maïté L

 

« Tel un épouvantail il ne fait peur que de loin. »

Proverbe égyptien

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par Chantal

Mes promenades dans le quartier me conduisent souvent au Jardin de la Béchade

Ce petit parc proche du stade Chaban-Delmas et du CHU, abrite depuis son origine, de nombreuses espèces de chênes et des plants de vigne (proximité de crûs célèbres comme Château Haut-Brion ou Château Pape Clément)venus s’ajouter aux arbres tricentenaires sur cette ancienne propriété privée appartenant maintenant à la Ville de Bordeaux.

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L’année dernière, sont nés à leur tour les jardins partagés qui portent le nom de « Jardins de Bacchus ».

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par Chantal

Pour fêter le premier anniversaire des Jardins partagés une fête champêtre et un concours d’épouvantails ont eu lieu ce mois-ci.

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l’homme de paille

Dans nos campagnes livrées aux pesticides, dans nos jardins on ne voit plus guère d’épouvantails, sensés assurer l’intérim des jardiniers et paysans lorsque ceux-ci sont absents des champs. Mais qu’épouvantaient-ils vraiment, confectionnés à partir de vieux habits, de vieux chiffons,  de paille et crucifiés à tous vents.  Je crois bien plus à leur formidable capital de sympathie qu’à leur pouvoir d’effarouchement, à force d’observer la capacité de nos oiseaux à s’adapter à leur environnement.

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la pêche est dans le vent

Aujourd’hui, les épouvantails sont revenus symboliquement dans les Jardins de Bacchus où d’ailleurs, Bacchus lui-même s’est invité.

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Les épouvantails sont les amis des enfants, des poètes et de la culture raisonnée, comme j’ai pu le constater lors de ma première visite. Ils donnent de la couleur, de l’humour, de la joie de vivre aux jardins partagés.  Ils sont les clowns joyeux de nos pensées et de formidables liens  alimentant les conversations. Ils nous ressemblent dans nos travers, nos préoccupations ou nos joies. Mais aussi comme un dessinateur talentueux pourrait le faire, ils croquent nos travers ou les travers de certains corps de métier.

Aux jardins de Bacchus, les nombreux épouvantails font vibrer l’esprit jardin et nature et semblent chanter la chanson de l’été.

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le tube de l’été

L’épouvantail traditionnel  est souvent masculin, souvent affublé d’un couvre-chef, je sais gré à certains d’avoir conçu une dame créole qui ne manque pas d’allure.

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Dame créole en son jardin exposé

Il y a là le gardien du jardin, fortement adepte du divin nectar de Bacchus,

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Altela! Hic!

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qui l’eût cru?

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la panoplie du parfait gardien des jardins de Bacchus

copain de bamboche d’Anatole, conçu par notre correspondante Sud-Ouest Chantal (qui est aussi mon amie),

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Buvons un coup fleuri!

 

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Anatole par Chantal

le gardien des roses trémières, Le Drôle d’Oiseau , frère du vent, toujours conçu par Chantal,

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Drôle d’oiseau par Chantal

tout comme l’épouvantail qui nous accueille à l’entrée.  Bacchus évolue au milieu des capucines et les contributeurs à la réflexion sur la nature et les déchets ont fait non des hommes non de paille mais de sacs poubelle qui ne manquent pas de charme lorsque le vent s’engouffre dans leur robe de plastique

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jupes au vent

tandis que  cliquette l’homme de canettes.

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coca mon amour!

En partant il ne faut  pas oublier de saluer les épouvantails qui préfèrent le calme, près d’un banc accueillant

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venez donc me tenir compagnie

ou dans les bras d’un chêne.

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auprès de mon arbre je vivais heureux

 

Petite anecdote : lorsque j’ai fait une série de photos : il y avait de la joie au jardin tout bruissant des échos de la fête récente. Pendant que je photographiais, un groupe d’enfants commentaient chaque épouvantail. Bacchus retenait leur attention lorsque  à un moment donné, ils m’ont vue et très à l’aise, après un moment d’hésitation dû à mon appareil photo ? à mon immobilité ? à ma joie de les observer ? Ou bien peut-être à mon habillement peu conventionnel, l’un d’entre eux a soudain tourné ses grands yeux vers moi et dit en me regardant : » oh ! je croyais que c’était un épouvantail« !

L’épouvantail

Les cheveux en bataille
Le corps en brin de paille
Vêtu d’un vieux chandail,
C’est l’épouvantail.


Il fait peur aux moineaux
Aux corneilles, aux corbeaux,
À tout oiseau qui piaille,
C’est l’épouvantail.


Est-ce que tu oserais
Le toucher, l’embrasser,
Le prendre par la taille,
Cet épouvantail
?

Corinne Albaut

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Zébulon

 

 

Il y a donc une certaine empathie entre les non épouvantables épouvantails et moi et je ne voudrais pas clore ce billet sans faire un saut dans « le Magicien d’Oz » auprès de Dorothée qui veut aider l’épouvantail, véritable  homme de paille à qui ne manque apparemment qu’une cervelle.

« ça ne me dérange pas d’avoir les jambes, les bras et le corps empaillés, au contraire : on ne risque pas de me faire du mal. Si on me marche sur les orteils ou qu’on m’enfonce une épingle, ça n’a aucune importance, puisque je ne sens rien. Mais je ne veux pas qu’on me traite de sot, et si ma tête, au lieu d’avoir une cervelle comme la vôtre, reste bourrée de paille, comment apprendrai- je jamais quelque chose ? »

Mais au fait quelle est la vie des épouvantails dans les jardins de Bacchus lorsque le parc est fermé au public ?

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au soleil les salades

Un petit détour encore du côté du Magicien d’Oz pourrait semer le trouble en nous.

« Comme Dorothée dévisageait gravement l’étrange face peinte de l’Épouvantail, elle eut la surprise de le voir cligner lentement de l’œil dans sa direction. Tout d’abord, elle crut s’être trompée : au Kansas aucun Épouvantail ne cligne de l’œil ; mais voilà que le mannequin lui adressait un signe amical de la tête. Elle descendit alors de la barrière et s’approcha, tandis que Toto courait autour du pieu en aboyant. – Bonne journée, dit l’Épouvantail d’une voix plutôt enrouée. – Vous avez parlé ? demanda la fillette, très étonnée. – Sans doute, répondit l’Épouvantail ; comment allez-vous ? – Assez bien, merci, répliqua poliment Dorothée ; et vous ? – Ça ne va pas fort, dit l’Épouvantail en souriant, car c’est bien ennuyeux d’être là, perché nuit et jour, à effrayer les corbeaux. – Vous ne pouvez  pas descendre ? – Non, ce pieu est enfoncé dans mon dos. Si vous vouliez bien me l’ôter, je vous en serais très reconnaissant. Dorothée se hissa jusqu’aux deux bras et enleva le mannequin, qui, bourré de paille, ne pesait pas lourd. – Merci beaucoup, dit l’Épouvantail, une fois posé à terre. Je me sens un autre homme. Dorothée était très intriguée ; un homme en paille qui parlait, qui s’inclinait et lui emboîtait le pas, tout cela lui paraissait plutôt bizarre. »

Maïté L

à suivre…

 

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Depuis le temps que je vous parle de ce monument aux Girondins, vous ne verrez pas l’ombre d’une représentation des Girondins. Pas plus à l’air libre que sous la colonne.

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En son temps, Stendhal, visitant Bordeaux et ses environs s’en est ému en ces termes :

« C’est en vain jusqu’ici que j’ai cherché les noms des immortels Girondins, qui se trompèrent sans doute, mais acquirent une gloire immortelle. Peut-être qu’ils ont encore des envieux à Bordeaux, comme Barnave à Grenoble. Dès que ces êtres vulgaires auront cessé d’avoir voix au chapitre, Bordeaux honorera Vergniaud. »

STENDHAL, âgé de 55 ans parcourt la France. Son «  Voyage de Bordeaux à Valence  en 1838» ne paraîtra qu’en 1927, après sa mort.

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La plus grande place d’Europe, les Quinconces sur laquelle ce trouve le monument a été aménagée quelques années avant la venue de Stendhal. Sous la place se trouvent à la fois des vestiges du Château Trompette et des blockhaus de la seconde guerre mondiale.

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En 1828 furent érigées les colonnes rostrales qui en délimitent l’accès du côté du fleuve .

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en 1858  les sculptures de Montaigne.

Vous pouvez retrouver Montaigne chez Tania .

 

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Montaigne et Montesquieu prirent place latéralement.

« Les Girondins (se veulent) disciples de Montaigne, ils sont sensibles aux différences qui distinguent les personnalités ».

http://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Victurnien_Vergniaud

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Enfin, mais seulement en 1989, une plaque commémorative est apposée sur le monument pour rendre hommage aux députés girondins suivants :François Bergoeing, Henri Boyer-Fonfrède, Jean-François Ducos, Armand Gensonné, Marguerite- Elie Guadet, Jacques Lacaze, Jean-Antoine Lafargue de Grangeneuve Pierre Victurien Vergniaud .

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Vergniaud avait défini son groupe aux éléments d’origines géographiques variées comme celui « des amants de la liberté ».

Voici les dernières paroles de VERGNIAUD

« Francis Alluaud vient voir VERGNIAUD. Mais il a  peine à reconnaître son oncle dans le détenu au teint hâve et aux habits salis.

L’ancien avocat lui tend les bras : »Mon enfant, rassure-toi. Et regarde-moi bien. Quand tu seras un homme, tu diras que tu as vu Vergniaud, le fondateur de la République, dans le plus beau temps et dans le plus glorieux costume de sa vie. Celui où il souffrait la persécution des scélérats et où il se préparait à mourir pour les hommes libres ».

L’Histoire de la Terreur ne s’est pas arrêtée avec la disparition des Girondins. Arrive un moment où il faut toujours jeter le masque.

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Ce personnage est là pour nous le rappeler. Portons haut la République sur les traces de ces illustres prédécesseurs.

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Interrogeons-nous sur la signification de ce sourire de pierre, un de ces mascarons comme ceux qui peuplent les façades, les rues de la ville, non pas des masques de Carnaval mais de véritables visages passagers du temps et des soubresauts de la société. Celui-ci a un sourire que nous espérons depuis longtemps, un sourire généreux comme peuvent en avoir encore les enfants…

« La vie n’est pas une plaisanterie,
Tu la prendras au sérieux,
Mais au sérieux à tel point,
Qu’adossé au mur, par exemple, les mains liées
Ou dans un laboratoire,
En chemise blanche avec de grandes lunettes,
Tu mourras pour que vivent les hommes,
Les hommes dont tu n’auras même pas vu le visage,
Et tu mourras tout en sachant
Que rien n’est plus beau, que rien n’est plus vrai que la vie. »

NÂZIM HIKMET/ Il neige dans la nuit et autres poèmes

***

Les citations historiques sont extraites du livre :

Histoire des Girondins :

Hélène TIERCHANT :

HOMMES DE LA GIRONDE OU LA LIBERTE ECLAIREE

***

Et parce que c’est sans doute mon symbole préféré…

J’en termine ainsi avec le sujet.

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Moi Gallus gallus en bronze, le coq gaulois à cheval sur deux mots latins, symbole venu remplacer le lys, moi la vigie haut placée, je surmonte souvent les monuments aux morts, celui-ci ne faisant pas exception à la règle.

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Je porte la signature d’ALPHONSE DUMILÂTRE et de VICTOR RICH.

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Tourné vers le soleil levant et le fleuve, dans mon chant silencieux mais puissant et infini, car commencé durant la nuit, je suis accompagné d’un important bestiaire de mammifères et batraciens, d’animaux symboliques disséminés sur le monument ou bien dans la rocaille des fontaines.

Certains jours de grand vent, les mécanismes des fontaines régis en sous-sol  s’arrêtent et c’est l’occasion de mieux apercevoir mes congénères.

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En tout premier lieu,  ils se voient de loin, les fameux  quadriges de chevaux de GUSTAVE DEBRIE .

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Archétypes fondamentaux, apparaissant dans toute leur fougue, ils traversent le temps, mêlant les trois éléments : l’air, l’eau et le feu solaire.

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Marins ou reptiliens, ils participent de part et d’autre de la colonne, au « triomphe de la République »en rappelant ses lois : exaltation du Bonheur dans la paix, le travail, la sécurité, la fraternité en jetant à bas le mensonge, le vice et l’ignorance.

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Durant la seconde guerre mondiale, en 1943, ces chevaux faisaient partie des  sculptures  emportées par l’occupant dans leur collecte de  métaux et vendus 30 f le kilo. Retrouvés à Angers en 1945, les groupes de sculptures en bronze n’ont été remis en place qu’à partir de 1982 après avoir longuement dormi sous le Pont d’Aquitaine. Entre temps, leurs socles avaient disparu aussi !

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Les chevaux hennissent tandis que rugit le lion symbole de force. Ici dans toute la splendeur de sa crinière.

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On le retrouve aussi à 4 reprises de chaque côté de la colonne,

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entourant la plaque commémorative rendant hommage aux Girondins.

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Ailleurs  un couple joue avec un dauphin chevauché par un enfant : encore une image du bonheur.

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Un peu partout, les grenouilles semblent avoir avalé une perle

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mais il n’en est rien.

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Dommage ! j’aurais bien voulu croire encore un peu aux contes de fées

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assise dans un char en forme de coquille Saint-Jacques : vous aussi ?

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Tandis que L’allégorie de la Garonne caresse un cygne,

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celle de la Dordogne se rapproche de la ferme (et du foie gras ?) avec à ses genoux un canard blanc : ce sont les plus beaux !

J’aurai sans doute oublié de voir quelque animal tapi dans les roseaux… Mais rassurez-vous, si vous passez par ici, un peu partout dans la ville il reste beaucoup à voir et vous verrez que le bestiaire est très riche.

Vous pouvez aussi vous plonger dans le livre de RICHARD ZEBOULON, photographe : BESTIAIRE DE BORDEAUX, un zoo près de chez nous/ Editions Cairn

Femmes, femmes, femmes…

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En ce jour du 8 mars, je m’autorise une lecture féminine du Monument aux Girondins et de ses nombreux symboles.

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Lorsque nous levons bien haut les yeux vers le ciel, tout en haut de la colonne, à 43 m voici la FEMME-OISEAU célébrant la République triomphante: elle représente le Génie de la Liberté brisant ses chaînes.

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« Les Girondins veulent libérer la femme de la condition servile où les préjugés l’ont maintenue jusqu’alors.

Ils ont drainé dans leur sillage des femmes comme Olympe de Gouges, Sophie de Condorcet, Manon Roland ou Anne Therwagne dite Théroigne de Méricourt, l’amazone de la Liberté, pour n’en citer qu’une poignée. »

Hélène Tierchant

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J’aime tout particulièrement la colonne côté Allées de Tourny et ses trois femmes représentant pour  la plus élevée:

 la ville de BORDEAUX

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et pour les deux autres à la pose alanguie accompagnée de leur cygne, LA GARONNE ET LA DORDOGNE.

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Ne me demandez pas qui est qui. Chacune traverse des paysages variés, a une histoire personnelle et vient mêler ses eaux avant de finir dans l’estuaire de la Gironde.

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Elles en ont des choses à se dire; des secrets d’histoires, de neige et de bois flotté, de gabarres et de mascaret; des histoires de ponts et de droits de passage, de commerce… Elles vont de la montagne à la mer dans un dialogue continu.

J’aime leur complicité .

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Mais comment en ce jour ne pas penser à Olympe de Gouges qui écrivit une Déclaration des Droits de la femme et de la citoyenne  sur les pas de madame de Staël comme l’avait fait un an plus tôt une anglaise:Mary Woolstonecraft.On vous dira que c’était dans l’air du temps mais elle a défendu avec la même fougue l’abolition de l’esclavage des noirs.

Elle a eu plus de détracteurs que de défenseurs mais si vous voulez en savoir davantage, vous pouvez plonger dans le livre OLYMPE DE GOUGES: DES DROITS DE LA FEMME A LA GUILLOTINE/OLIVIER BLANC/ EDITIONS TAILLANDIER.

Et, comme la défense de ces causes ne l’empêchait pas d’apprécier les hommes je me permets la citation de Khalil Gibran:

« Lorsque la main d’un homme touche la main d’une femme, tous deux touchent le cœur de l’éternité; »

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à suivre…

 

 

 

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Bordeaux en l’an 2015

Le 2 juin 1793, 29 députés de la Gironde sont exclus de l’Assemblée. Leur perte fomentée, ils seront traqués et la plupart finiront sur l’échafaud. 222 ans plus tard, le 11 janvier, un rassemblement symbolique a eu lieu au pied de ce monument aux Girondins qui rappelle ceux qui moururent passionnés, honnêtes mais trop modérés ou respectueux dans une lutte pour la LIBERTÉ ECLAIREE .

Il est temps d’aborder ici,  ce monument rendant hommage aux Hommes de la Gironde.

Tous les livres de tourisme vous présentent la Place des Quinconces et son monument aux Girondins ; mon éclairage des lieux commencera  par une visite nocturne.

LAMARTINE dans  L’HISTOIRE DES GIRONDINS s’interrogeant au sujet de la France accédant à la République écrivait:

« Pourquoi cette impulsion devait-elle venir du département de la Gironde et non de Paris?… La République devait naître dans le berceau de Montaigne et de Montesquieu ».

*

Homme de tous lieux

Otage des mots
Violenté par le sort
Empoigné par le temps

Jamais les meutes ne trancheront ton cri
Aucun traquenard n’asservira ton rêve

Homme de tous lieux

Dont la voix s’évase
Vers la houle du chant.

ANDRÉE CHEDID

*

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LA FRATERNITE

Le bourgeois parle à l’ouvrier

 » Ces nœuds de l’ombre dissous par la parole » Andrée Chedid

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LA CONCORDE

« Ces lucarnes trouant l’opaque
Ces lunes rachetant l’obscur »

Andrée Chedid

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Je mise sur ces clartés
Profondes et périssables

Sur l’intense face au terne
Sur l’aube face aux déclins

Andrée Chedid

à suivre

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Sur le Parvis des Droits de L’homme, parole de bordelais -ce que je ne suis pas à l’origine- on n’avait jamais vu ça depuis la Libération.Hier il y avait du vent et les contributions des uns et des autres s’envolaient, se retournaient ou accrochaient le regard des passants.

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Entre l’Ecole nationale de la magistrature et le Tribunal de grande instance,contre le mur c’était le royaume des anonymes.

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De simples mots, des bouquets de roses, des crayons, des dessins, des pensées, à la craie et parfois à même le mur(pas bien disait devant moi,une jeune fille,  la liberté d’expression ne devrait pas conduire à crayonner sur ce beau mur de pierre!).

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Sur cette place où j’aime tant à passer car sur la promenade sont affichés les articles de la Déclaration de L’Homme, tristesse, colère, rappel des valeurs de la république dans la quiétude d’un sur-lendemain.

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Pour ma part, je n’avais pas ressenti autant de ferveur depuis le rassemblement spontané après les attentats madrilènes du 11 mars 2004.

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Maintenant est venu le temps de la réflexion.

Mais je tiens à souligner l’initiative des jeunes marcheurs lycéens bordelais partis hier de la Place de L’Hôtel de Ville toute proche pour une marche qui les conduira devant le siège de Charlie Hebdo.

Nous pouvons suivre leur périple ici:

https://marchebordeauxparis.wordpress.com/

Voici aussi l’article du journal Sud-Ouest:

http://www.sudouest.fr/2015/01/13/bordeaux-des-lyceens-en-marche-versde-charlie-hebdo-1795361-813.php-le-siege-

et puis faisant suite à mon billet précédent, ce témoignage d’une prof du 93: à lire jusqu’au bout:

http://tailspin.fr/post/107696839163/pour-mes-eleves-de-seine-saint-denis

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Je suis heureuse d’avoir participé au grand rassemblement d’une nation en marche vers un après dont tous les lendemains ne chanteront pas mais qui sait qu’elle n’a pas besoin des politiques, syndicats et autres émanations un peu émoussées pour dire NON, exprimer ses émotions et ses espoirs.

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Hier, dans Bordeaux nous étions 140 000.

Du jamais vu depuis la Libération. Encore une fois, les participants étaient venus de partout : de tout le département et de bien plus loin encore, parfois des confins de notre future grande région.

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Lorsque nous sommes arrivés devant le monument aux Girondins, c’était un choix symbolique de notre part car nous savions que beaucoup d’instants forts se dérouleraient au pied de la colonne surmontée de la Liberté ailée brisant ses chaînes.

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La colonne était déjà prise d’assaut par les jeunes. Mais quand donc étaient-ils arrivés pour être ainsi aux premières loges ? Nous avons pu voir les jeunes hisser les drapeaux, la banderole sous le coq gaulois, répondre au silence par le silence, renvoyer l’écho des frappés de mains, les scansions de Charlie avant d’écouter le discours sobre et percutant du représentant girondin du club de la presse.

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Ce fut un après-midi de grande émotion ; les visages étaient tantôt graves, tantôt souriants et l’ambiance, toutes générations confondues absolument bon enfant, sans aucun débordement. . Je retiendrai l’instant de recueillement le plus poignant où tous les participants se sont donné la main dans une ultime  minute de silence avant de se mettre en marche.

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Mais il y a un après…

 

Comment juguler le fanatisme ?

Comment développer cette fraternité, cette humanité si présente sur les pancartes ?

Comment enseigner le devoir citoyen de respect de nos valeurs ?

Comment développer l’esprit critique ?

Comment donner toute sa place au rire et à l’autodérision ?

Comment repenser l’accès à la culture ?

Que vont faire nos gouvernants de cet après ?

Qu’allons-NOUS faire de cet après ?

Tout le monde s’accorde sur le rôle prépondérant de l’Education mais…

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Cela me fait tout drôle d’entendre répéter qu’il faut développer le « Vivre ensemble » si nécessaire à tous. Je suis heureuse de l’avoir travaillé avec les élèves des petites classes depuis des années déjà. J’ai eu de la chance d’avoir pour formateurs des personnalités qui étaient comme des sentinelles.

-Après avoir mené des débats avec ces mêmes enfants jeunes dont on disait volontiers qu’ils étaient soi-disant trop petits pour comprendre, alors que ce sont des éponges du monde de notre temps ;

 

-après avoir abondamment prêché l’importance de leur  donner la parole sur des sujets qui leur tenaient à cœur et qui nous tenaient à cœur dans notre société;

 

-après avoir œuvré  auprès des stagiaires, démontré par films interposés que c’était possible,  je me dis qu’il est grand temps temps que les adultes prennent conscience qu’il faut VIVRE ENSEMBLE et je me demande si ce que nous faisions si naturellement en maternelle, et sans doute en primaire pour la plupart des professeurs normalement constitués se poursuit naturellement au-delà.

Comment se fait-il que dans les années 70, lorsque j’étais moi-même stagiaire, il y avait des classes de primaire qui mettaient au moins une heure au programme le vendredi après-midi pour traiter du « VIVRE ENSEMBLE » et traiter les problèmes dès leur apparition sans attendre le pourrissement ?

-Est-ce  une pratique en usage au collège où la connaissance et l’usage de la parole est plus aisée? J’en doute…Il y a tant à faire pour chaque matière.

 

J’espère qu’au lycée où les adolescents ont développé le goût de la discussion(oui je sais…ils ont aussi la possibilité de devenir muets comme des carpes) la lutte contre l’obscurantisme est menée et qu’elle n’est pas seulement le fait de quelques encadrants.

 

Lorsque je participais aux journées de rencontre entre professeurs de lycée, collège,CPE et professeurs du premier degré dans les lycées et collèges des banlieues les problèmes étaient déjà très aigus et cela n’a fait qu’empirer. Je me souviens des jeunes profs partant au casse-pipe à Créteil.

 

Je suis retraitée. J’ai perdu de vue les pratiques pédagogiques…d’où mon questionnement.

Mais comme vous tous, je reste vigilante…

 

Bref…Il y a du travail sur la planche

*

Hier, je n’arborais pas de signe distinctif: c’était un choix.

Je n’arborais pas de pancarte: c’était aussi un choix.

Par contre je n’ai pu prendre que  mon plus petit appareil photo pour deux raisons: la première est d’ordre physique par rapport à mon vécu récent, la deuxième était de privilégier avant tout le recueillement.

Mais les deux lieux emblématiques que sont le monument aux Girondins et le Parvis des Droits de l’Homme sont ici représentés.

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ET dans cet après, je vous emmène aussi dans les pensées vagabondes de Martine

https://danslemondedemartine.wordpress.com/2015/01/12/un-mot-sur-ces-jours-passes/

Quant à Ulysse, il pourrait en faire une chanson

http://eldorad-oc.midiblogs.com/archive/2015/01/11/liberte-fraternite-824537.html