Catégorie : Coups de coeur géographiques
Bordeaux:Brumes et reflets-1-
***
« L’être voué à l’eau est un être de vertige. Il meurt à chaque minute, sans cesse quelque chose de sa substance s’écoule…
L’eau coule toujours, l’eau tombe toujours, elle finit toujours en sa mort horizontale. »
Bachelard/L’Eau et les Rêves
***
***
Lorsque l’architecte-urbaniste Michel Courajoud a réalisé en 2006 cet espace constitué de dalles de granit entre la Place de La Bourse et la Garonne, il ne pensait pas que le miroir de cette belle fontaine susciterait un tel engouement. Petit clin d’œil à Venise et à la Place Saint-Marc, désir de faire que la ville se dédouble dans son miroir jour et nuit et s’ouvre au monde de l’imagination en tutoyant le ciel, le concept allait enchanter les spectateurs au-delà de toute espérance et porter aux quatre coins du monde cette parole d’eau, de fraîcheur et d’humanité se dégageant de ce paysage urbain.
***
***
Aujourd’hui, plusieurs villes françaises comme Nantes et Nice mais aussi étrangères comme Québec ou Brasilia souhaitent bâtir un projet similaire. Des pays comme la Chine ou la Russie s’informent.
Le miroir d’eau fonctionne en dehors des périodes hivernales, en l’absence de gel et de vent signalé par le biais de capteurs.
***
***
Sur la dalle sèche aux couleurs d’ardoise, de 130 m sur 42m, se met en place un cycle de 15 mn conduisant à l’effet magique. Un chuintement caractéristique annonce les volutes de brume ; elles sortent d’abord des buses de la dalle jusqu’à produire un brouillard donnant une dimension nouvelle au paysage tout comme aux personnes attirées ici, comme par des aimants. Puis, la brume s’estompe, bientôt deux centimètres d’eau recouvrent les dalles de granit pour cet effet de miroir d’eau qui s’accompagne d’un aspect hautement ludique pour petits et grands.
***
***
Le miroir d’eau est le passage obligé des touristes venus admirer les reflets de la Place de la Bourse de jour comme de nuit. Il est aussi l’accroche du regard des bordelais qui se promènent sur les quais si agréables depuis leur réaménagement.
***
Michel Suffran se désolait que le brouillard ait déserté Bordeaux :
« Ces journées hors du temps dans les feuillages duveteux, sont à ranger, elles aussi, au rang des vieilles lunes. »
C’était avant la sublimation de la ville dans sa fontaine d’exception le jour ou bien lors des nuits de complicité avec la lune, si près du Pont de pierre, sous l’œil des lanternes aux reflets changeants.
***
***
***
Malheureusement ces derniers temps, la proximité du miroir d’eau a été entachée par la disparition tragique de jeunes hommes, par la présence de tous ces jeunes fortement alcoolisés qui en ont fait un lieu de rassemblement à la nuit tombée alors que la Garonne n’est qu’à quelques pas. Il est devenu un problème de sécurité publique et cette situation préoccupe édiles et bordelais.
***
***
Mais, sous cette dalle, en sous-sol, se cache un mécanisme complexe et sophistiqué permettant d’alimenter le pavage en eau : ce sera l’objet d’un prochain billet.
***
***
Maïté L
*******
Le monde bleu du Pont de Pierre-5-
Pont aux âmes
Lent, d’arche en arche, le pont de pierre arpente la Garonne.
Sereine, au cours de sa pente elle se trouble s’estourbillonne
Peine à emporter l’importun, s’engironde saumure au jusant,
Tousse et rebrousse vers sa source. Laisse les reflux suivants
Sourdre la renverse. Las ce flot serein s’élance vers l’estuaire.
Sur le pont, de pierre, voitures, hommes fourmis s’affairent,
Argent temps aveugles à la joute, reflet mourant, cormorans.
Silhouette, couples d’amoureux, consentent d’être un instant.
Tablier pontonnier sans source ni estuaire disperse le passant.
D’innombrables sentes sans pardon, promènent leur vestiaire.
FRANTZ
***
***
A pas de roses, à pas de roule-ta-pomme, le soir s’offre en calice où plonger avec délice.
Les mains dans les poches ou bien à croque-mitaines accroche-pensées
Le ciel s’enroule autour de l’être, lui, l’immobile se laisse happer;
A fleur de berge, à cache-cache branches dénudées, l’or tinte
Au bord du mensonge de l’été, il ne faut pas se fier
Aux heures bleues, aux pétales jetés à la face de l’hiver
Mais s’arrêter à l’iris velouté, à l’écrin doux du loup
La nuit, la nuit proférée, à petites gorgées miel et souffle
Au pied du Pont, cheminer, baisers tressés de fils myosotis.
MAÏTÉ L
***
***
« Elle est venue la nuit de plus loin que la nuit
à pas de vent de loup de fougère et de menthe
voleuse de parfum impure fausse nuit
fille aux cheveux d’écume issue de l’eau dormante…
***
Mais elle vient la nuit de plus loin que la nuit
à pas de vent de mer de feu de loup de piège
bergère sans troupeau glaneuse sans épis
aveugle aux lèvres d’or qui marche sur la neige. » »
CLAUDE ROY
« La Garonne était une faucille d’or apprêtée pour le champ des étoiles »
JEAN-MARIE PLANES
***
***
« Mes yeux vont demi-clos des becs de gaz tremblants
Au fleuve où leur lueur fantastique s’immerge,
Et je songe en voyant fuir le long de la berge
Tous ces reflets tombés dans l’eau, comme des pleurs, » »
…
EPHRAÏM MIKHAËL(1866-1890)
Je ne pouvais clore cette balade autour du Pont de Pierre
Sans vous dire qu’aucune couleur n’a été modifiée.
Je tiens à remercier:
Yves SIMONE, guide passionné de Bordeaux
et citer tous les livres qui m’ont aidée:
Je vous écris du Bordelais:Textes recueillis par Jean-Claude Garnung/ Préface par Alain Juppé
Balade en Gironde, Sur les pas des écrivains/ Préface de Claude Villers
La Bastide ; mémoire en images /Francis Moro, Brigitte Lacombe/ Editions Sutton aimablement prêté par JOSETTE
Le Festin/ Hors série : un tour de ville en 101 monuments.
Merci aussi à tous les poètes qui m’accompagnent de leurs mots, les célèbres et les amicaux comme Frantz.
Un lien complémentaire de ce que j’écris ailleurs vous permettra d’en savoir plus sur LA BASTIDE:
http://www.maisondes5sens.fr/article-balade-en-tout-sens-a-la-bastide-avec-yves-simone-98496037.html
Merci à vous tous qui avez eu la patience de me suivre jusqu’au bout.
***
Le Pont de Pierre saupoudré de neige et autres pensées -4-
13 décembre 1945
« La nuit, la neige est soudain tombée,
le matin commence avec des corbeaux
qui s’envolent de branches toutes blanches.
Hiver à perte de vue dans la plaine de Brousse:
on pense à l’infini sans fin ni commencement.
Ma bien-aimée,
la saison a changé d’un bond
et sous la neige,
fière et laborieuse,
la vie va son train.
Être dehors maintenant
lancer mon cheval au grand galop vers les montagnes…
–« Tu ne sais pas monter à cheval! » me diras-tu.
Mais assez plaisanté et ne sois pas jalouse.
Une manie nouvelle m’est venue en prison:
j’aime la nature– bien moins que je t’aime.
Et vous êtes toutes deux loin de moi. »
NÂZIM HIKMET/ IL NEIGE DANS LA NUIT
Il neige
Incroyables papillons d’hiver
Ont embrassé lavande papillons d’été
Baiser de feu dans
Petit matin dans
la lumière ocre
Un rideau de virgules serpente
D’étoiles blanchies une à une
Autour du lampadaire
A la poudre du mythe
Un souffle de silence
Froid-mais est-ce vraiment le froid ?
Frais- sous la main, sous la langue
Petites vagues à suivre des yeux
Et puis bientôt tout est lisse
Craque sous les pas
Marcher fait crisser la neige
Qui danse encore avant l’oubli
et glissent les heures
D’infini silence, blanches heures
Qui
Pas après pas mènent
irrésistiblement vers
le Pont
Immuable sur Garonne figée
Aux abords les mouettes criardes
Et les passants étonnés
D’image en image le jour se consume
Au bord de la parenthèse habillée de telle parure
Le Pont s’immobilise et givre : il est mi-jour
Solitaire
Soliloque
sur bords d’eaux
Une fois n’est pas coutume.
Maïté L
Tant d’années à Bordeaux et je n’avais encore jamais vu le centre ville sous la neige. L’occasion était trop belle de suivre les rails du tram déserté, de regarder glisser les luges et les vélos, de saluer les bonshommes de neige, de prendre possession de cette ville livrée aux piétons. Mais il ne faut jamais oublier, malgré les contours ouatés qui semblent aplanir les réalités qu’
« Il neige dans la nuit.
Ce soir peut-être
tes pieds mouillés
ont froid.
Il neige.
Et alors que je pense à toi,
à l’instant même,
une balle peut te trouer le corps, là,
Et alors, c’est fini,
ni neige, ni vent, ni jour, ni nuit…
Il neige.
Et toi,
qui déclaras « No pasaran »
avant de te planter
devant la porte de Madrid,
tu existais sans doute. »NÂZIM HIKMET (25/12/1937)
Allez donc savoir pourquoi
simultanément
les pensées se télescopent…
Il neige dans la nuit
Il neige au point du jour
Mais…
Avons-nous beaucoup avancé dans le monde?
La blancheur du temps a son revers noir.
tous ceux qui sont dans la misère ici, à notre porte
N’ont même pas le regard que nous accordons aux bonhommes de neige.
S’il suffisait de passer le Pont!
Le Pont de Pierre: un embrouillardmini-3-
***
Il est un second phénomène, mais ce n’est peut-être, lui, que l’autre face de la nuit, son négatif de blancheur. Le brouillard…En ce temps-là, une inondation vaporeuse, une opaque buée débordait le lit du fleuve, transformait en spectres grues et hangars, gagnait implacablement les quartiers proches des quais, la ville entière. Bordeaux, comme Saint-Pétersbourg, connaissait alors « ses nuits blanches. Elles n’étouffaient pas seulement les formes, mais aussi les sons, les voix, les réduisant à leurs propres échos…. »
Michel Suffran
***
Parfois le Pont se fait sombre
Le temps d’un ciné
Dans le brouillard la ville s’estompe
Au temps minéral bordelais s’unit
Avec une douceur qui n’est que lacis
Le temps folle bille en tête
Le jour s’effiloche et tombe dans l’oubli
Le temps d’une bulle légère
Les passants frileux se pelotonnent
Le temps d’un carillon en folie
Bientôt ténus comme des ombres
Le temps d’un rêve
Grise grisaille muraille au fil rompu
Le temps d’un abordage
Avec le ciel de cendre uniformément repenti
Au temps des roseaux
Les voix tombent en à-plats et ne portent plus
Le temps d’une ritournelle batelière
L’écho des cris, des rires, des chants ravalés
Le temps d’une danse
Le tram s’articule, gémit comme voiture hantée
Le temps d’un port relégué
S’ouvre, se ferme, s’élance, échappe au Lion
Le temps de prendre la clé Deschamps
Et s’en va cahoter vers l’horloge du temps
Le temps Far-Est, d’une gare d’Orléans
Le temps de fermer les yeux.
Maïté L
à suivre, le temps de neige…
*******
Bordeaux la blanche surgit un jour de la nuit…
Le Pont de Pierre-2- l’objet de toutes les attentions.
« On ne peut se figurer l’image un peu archaïque du port de Bordeaux, au moment où les trois-mâts arrivaient de Terre-neuve. Ils se plaçaient en file indienne au milieu du fleuve, à toucher le pont de pierre, les voiles pliées avec soin. C’était une forêt de longs mâts, de vergues, sous le ciel pommelé de Bordeaux…
Que de fois je fus sur le point de partir, mais autrefois, la mer avait mauvaise réputation ! Je fus un marin à l’ancre et à l’encre, comme disait, je crois, Cocteau. »
JEAN CAYROL
***
Sous l’œil impassible du Lion de VEILHAN,bleu cieltourné vers la Garonne, place Stalingrad, lorsque nous posons le pied sur le sol de La Bastide, nous ne pouvons plus imaginer ce va-et-vient de navires attendant un appontement, ce va-et-vient de gabares avant même la construction du pont.Les bateliers étaient d’ailleurs mal vus car ils escroquaient les clients, notamment les pèlerins en route vers Compostelle qui devaient de plus, éviter les tripots mal famés habituels en zone portuaire. Le Pont fut le bienvenu. pour relier les deux rives: on y payait un sou à l’octroi comme piéton et cinq sous comme cavalier.
Lion parodie ou Lion aux multiples facettes, venant taquiner le ciel bleu ou donner de la couleur à la grisaille, aucun passant n’y est indifférent.Il est la première œuvre déposée sur le trajet du tram, soulignant le côté contemporain des lignes de l’architecture nouvelle de La Bastide. il est là, monumental, dans l’axe du Pont de Pierre, marquant de son empreinte l’évolution et l’identité de ce quartier.C’est du moins ce que j’en pense car je l’aime bien.
***
Burdigala est le lieu qui m’a vu naître : Burdigala où le ciel est clément et doux ; où le sol, que l’humidité féconde, prodigue ses largesses ; où sont les longs printemps, les rapides hivers, et les coteaux chargés de feuillage. Son fleuve qui bouillonne imite le reflux des mers…
AUSONE
Ausone aurait aimé s’il avait vécu quelques siècles plus tard gravir les marches de la Porte Cailhau, comme je l’ai fait et depuis cette entrée monumentale commémorant la gloire de Charles VIII contempler le Pont et la vue sur le quartier de La Bastide , du côté de la caserne de pompiers.
***
« J’aime le combat que se livrent ici, en un tournoi arbitré par le pont de Deschamps, le tumultueux liquide venu de l’océan, verdâtre et colérique, et les douces eaux qui portaient Montaigne d’une estacade de Cadillac en sa mairie, ou en sa maison de la Rousselle, à bord de quelque gabarre où piaffait son cheval. »
JEAN LACOUTURE
***
Mais , si tout cela paraît bien calme, le Pont a connu quelques attentions particulières. Il lui fallait une toilette approfondie. C’est ainsi qu’il a progressivement disparu aux yeux des passants caché sous les échafaudages, car il est l’objet de toutes les attentions pour continuer à traverser les âges. Les équipes de la CUB ont procédé à la réfection des ancrages des garde-corps, puis à la peinture: deux couches pour protéger les rambardes et la dernière pour la touche couleur: bleu nuit, couleur du mobilier urbain de Bordeaux.
Après le gros œuvre,ce fut la réfection des joints en résine destinés à protéger les pieds de la rambarde des infiltrations d’eau.
Pour finir les candélabres sont traités par la Mairie Les 38 lampadaires sont déposés,un à un, repeints dans les ateliers et remis en place au rythme d’un par semaine.Chaque lampadaire pèse 3 tonnes!
Vive le Pont de Pierre nouveau!
Aller à Garonne
aller à Pont sur Garonne
à cheval sur l’eau
Humer le vent
Aller sous le temps suspendu au Pont
Les feuilles en tremblent
jaunissent
S’en vont où vont les flots
à dos de Garonne
Sur les flots
à cache cache entre les piles
tantôt portées vers l’océan
tantôt refluant
et passant
pétiole dessus, nervures dessous
à marée basse, le pont se découvre
Jetant son tablier
aux passants pressés.
Ecoutez-le vibrer de toutes ses couleurs
Sous l’œil des réverbères
il s’habille de lumière.
à suivre…
ses ardeurs…
Maïté L
Le Pont de Pierre -1-
***
« Un pont n’est vraiment beau que de la beauté de son fleuve, de la splendeur des flots qu’il surplombe.Et pour ce qui est de celle de la Garonne, là, de l’ample galopade des eaux venues des Pyrénées en baignant le Comminges et Toulouse, et le cloître de Moissac, et La Réole, Ste Foix, et La Brède, il faudrait être un implacable épurateur de quintessence, un pharmacien janséniste, pour ne pas goûter cette sauce marine où trempent les aloses et toutes sortes d’anguilles savoureuses venues de la mer des Sargasses. »
Le Pont de Pierre/ JEAN LACOUTURE
***
***
Le Pont De Pierre mit fin à la vie en étrangères des deux rives de la Garonne. Du XIV ème au XIXème siècle, deux barges assuraient le transport de Lormont à Bordeaux Sainte Croix. Napoléon ne pouvant acheminer ses troupes vers L’Espagne décida de la construction d’un pont. Le projet en fut confié à Claude Deschamps assisté de son gendre Jean Billaudel.
D’abord appelé pont Louis XVIII puis pont d’Aquitaine,puis pont de Gironde ou pont de Bordeaux, il fut finalement appelé Pont de Pierre.Ce fut le monument du siècle car il n’avait pas d’égal en Europe!
Le pont fut construit selon un concept novateur.
***
***
« Qui sait que le Pont de Pierre est creux?Qu’on s’y promène-prenez garde à vos pieds- au moins aussi bien que dans une grotte préhistorique. Il y a moins de taureaux sur les parois, et plus de fils électriques et de conduites diverses un peu partout.Mais une visite-bien guidée- de l’une ou l’autre des culées ou des piles voûtées et communiquant par des lucarnes, mérite d’inspirer un romancier ou un cinéaste du fantastique… »
Le Pont de Pierre/ JEAN LACOUTURE
***
Pour éviter un poids excessif du tablier de ce pont maçonné, Deschamps le fit creux à partir de structures en pierre de taille, d’un blocage de moellons et d’un parement en briques qui lui donne sa couleur caractéristique.
Le pont, long de 490,88m, fut achevé en 1821. fort de ses 17 arche s(autant que de lettres dans Napoléon Bonaparte). il fut inauguré en 1822. Le quartier de La Bastide, jusque là fortement industriel était enfin relié à Bordeaux après avoir été rattaché à Cenon.
***
***
En 1951,le pont fut élargi et vit la disparition des octrois et le remplacement du parapet en pierre par un garde-corps.
***
***
Sur chaque pile: une couronne de laurier.
***
***
à suivre:
le Pont de pierre au fil de l’eau, du vent, de la lumière
Le pont de Pierre à l’horizon, l’aimant de pierre sous le ciel bleu
que je reste des heures à contempler.
Rive droite, rive gauche
de l’une à l’autre
La Garonne à nos pieds
Et les candélabres à pique nuages
Comme une jonchée de ciel
jetée à nos yeux jamais repus.
Piles, faces
A saut de piles
A faces de pierre
Bordeaux dans sa majesté
La ville aux deux visages
Rive droite, rive gauche
Va-et-vient L’Histoire
en marche.
Maïté L
Bordeaux couleurs photos passion: Alain De Cal
« On ne choisit pas sa ville natale; qu’on l’aime ou non, on la porte avec soi, dans le cœur, dans les yeux, sur la peau; on la touche, on la respire, c’est elle seule qui donne aux quatre saisons la couleur de ses pierres, de son ciel, de nos visages et de notre amour. »
Louis Emié
Il en est de même lorsqu’il s’agit de notre ville d’adoption et qu’elle devient notre fierté.
La ville de Bordeaux et ses lieux phares est entrée sur la pointe des pieds à la M5S, puis portée par la force évocatrice d’ ALAIN DE CAL, elle a investi tout l’espace imparti, chaque photographie distillant sa touche, sa lumière et répondant haut- le- cœur, hissant haut les couleurs.
***
***
Rouge passion,
à la rencontre
d’un photographe
et d’une décoration
Une adresse:
la M5S
***
un site où retrouver les photos d’Alain De Cal:
http://bordeauxphotopassion.fr
***
***
***
L’élégance du noir et blanc dans le hall d’entrée.
***
***
Bordeaux les albums du rêve.
***
***
…Bordeaux à livre ouvert:
jaune, bleu mais aussi vert et l’histoire de la rénovation de notre clocher de Saint-Augustin.
***
***
« La base c’est le regard, apprendre à voir. La jouissance de l’œil devant un rapport de forme, une géométrie, le nombre d’or… » Henri Cartier-Bresson
Alain ne dédaigne pas le reste de la Gironde également présent sur son site au travers des reportages où, comme toujours, il a le souci d’apporter des informations complémentaires que ne donne pas l’image :
Mais Bordeaux représente 75 % de ses reportages. Infatigable marcheur et sportif, il sillonne la ville en tram, en vélo et à pied. Il est une des mémoires de la ville, s’inscrit en positif face au temps qui passe sans laisser de traces, si nous n’y prenons garde ; l’homme a de la patience, de la ténacité, l’amour du détail qui donne du sens à l’ensemble. Il participe à la lisibilité de l’évolution au long cours, toujours à l’affût, il anticipe, veut nous faire voir notre environnement autrement, d’un œil averti. Ses reportages se nourrissent de ses pérégrinations et s’inscrivent dans la durée : un an, deux ans… ainsi les thématiques s’étoffent, s’enrichissent, se peaufinent jusqu’à l’aboutissement de l’expression.
Actuellement, son regard se porte volontiers du côté de la Base sous-marine où le contraste naît entre le Bordeaux ancien et son devenir, sous forme de choc, avec notamment la construction du Pont de Bacalan Bastide. Il en est de même pour le quartier de la gare.
Mais, ALAIN DE CAL ne dédaigne pas les endroits mythiques comme le Pont de Pierre, la rive droite ou les quais ainsi que les monuments ou bâtiments permettant de prendre de la hauteur ou de voir la ville de manière inhabituelle. Il est aussi très impliqué dans la mémoire du quartier Saint Augustin, quartier n’échappant pas à la rénovation de ses rues, de son espace public et de son clocher.
« Il faut mettre sur la même ligne de mire la tête, l’œil et le cœur. » Henri Cartier Bresson
C’est ici une belle exposition qui se donne à voir.
Alain a deux souhaits: que son travail lui permette de faire LA belle photo de Bordeaux sous la neige et aussi exposer en grand sur les grilles du Jardin Public: affaire à suivre.
Photos Maïté L à l’exception de l’affiche de l’exposition.
http://www.maisondes5sens.fr/
*******
Scènes ciel et eau: poussières de chuchotis
***
Les fêtes intimes d’une amitié éprise du même langage, la marche côte à côte sur le sentier des étangs où chacun suspend son pas aux rumeurs amoureuses des oiseaux
Louis-René Des Forêts/ Ostinato
***
***
Entre le ciel et nous
Les lampions du soleil
Rouge treillis infranchissable
où les plans d’eau refuge
peaufinent la vie
les cris des mouettes
le calme
solitaire
aussi.
***
L’aigrette garzette
Et les cigognes venues en voisines
***
***
Un instant parmi tant d’autres sur le sentier du littoral
au Domaine de Certes
pas à pas et photos mots à mots: Maïté L
***
Le ciel en partage ou comment sortir du silence
***
Domaine de Certes, au bord du Bassin
***
« Tout ce qui ne peut se dire qu’au moyen du silence, et la musique, cette musique des violons et des voix venues de si haut qu’on oublie qu’elles ne sont pas éternelles »
Louis-René Des Forêts/ OSTINATO
*******
Géo-graphiquement l’absence
Les lignes parallèles infranchissables
Le ciel comme boussole vive
Et ses messagers les nuages
L’imaginaire ombre et soleil
Orfèvre dorant le pourtour
D’un trait fin peut-être, enfin le sourire
Entre ciel, terre et eau
Le regard aimanté pour
Ne pas perdre le sud et l’ouest
Où se couchent les incertitudes
Parfois plus terre que ciel pluie de fer-blanc.
Mettre les pas dans les dialogues d’ oiseaux
Et l’oubli de la condition de mère
Jetant au vent des lambeaux de roseaux
Un jour sur le plateau de Gergovie
Là-haut le père et l’enfant
Mêmes cirés bleu marine sur les monts
Aux herbes folles, absence de bateaux,
Inaudibles pas, vision fugitive, frêles tentatives de l’être
Toute parole inutile, sifflements vengeurs de l’Histoire.
Mirage aux heures des sentiers tracés
Au bord des pieux iodés ; l’eau, avec la marée
Clapote et emporte au loin les pans immobiles
Du passé retiré dans les limbes de l’enfance.
D’autres Géo-graphies viendront
Sur les pas incertains courant à l’aventure
D’autres destins croisés, des petites mains potelées
Cueillant le sud au détour d’un sentier
Où fleurit la Celtitude
Où les mûres rappellent l’été
Les senteurs légères d’une vie à inventer.
***
Photos Maïté L et les mots jetés au vent aussi.