Auteur/autrice : Alienor
Entre plume et lune
Entre plume et lune se glisse la main
Quand suis-je passée de l’autre côté du miroir? Maman, j’étais encore petite et tu me disais ;
-« va lire, détourne la tête. Petite, n’écoute pas les accents de ta grand-mère. Va plutôt réviser tes tables ou jouer à la balle contre le chai. Il ne faut pas regarder la lune. Il ne faut pas s’asseoir sur les jolis rayons du soir finissant. Ils pourraient te donner de drôles d’idées. »
-« Oui mais ma mémé le savait, je le sais aussi : on éclaircit la gorge avec des feuilles de ronce. On adoucit son derrière avec le bouillon blanc. Et tu vois, là,à perte de vue, dans les landes d’ajoncs poussent, sur les mauvaises terres, le « teinte fil ». Bientôt, il se fera lie-de-vin.
Tu vois, ma mère, le sable n’efface pas les traces. Il ne ment pas, lui. Il garde la mémoire des générations en sabots ou en jupons Et tu feras ton savon comme dans ton lit tu te coucheras »…
Les grands sont bien compliqués, ma mère. Certains voudraient, d’autres ne veulent pas entendre.
Et que fais-tu de l’espoir d’une enfant pas tout à fait comme les autres ? »
A trop écouter le chant du ruisseau, à trop se lover au cœur de la terre, à trop chercher les chemins de lumière dans la nuit, on finit par épouser les idées de la grand-mère. Et le vent, le vent n’en fait qu’à sa tête, parfois il vole les années. Parfois il efface les traînées.
Parfois la lune se souvient que dans mon enfance, je dessinais des mains. Des mains vers le ciel. Des mains de profil. Des mains à recueillir dans le sable blanc le don de la terre. Des mains de branches-arbres feuilles.
Aujourd’hui, on ne serre plus la main pour rien. La main c’est l’oeil du souvenir. Il reste encore des mains apaisantes, des mains bienfaisantes.
Grand-mère a gagné!
Toutes les photos prises sur les rivages du Bassin, fin juillet, ont leurs couleurs naturelles du crépuscule à la nuit tombée.
Vous pouvez aussi voir la série » Crépuscule ici:
Solitaire
Et la lune
Et la lune
Commença son voilage de lumière
Comme un O généreux
Une respiration
Que l’on sentait
Approcher des flots.
Ce soir-là Le monde battit sa coulpe
Et s’arrêta.
Silence.
Seule la présence des mâts.
Plus de mots glissés
A s’éterniser.
Les échos du jour
A s’étioler.
Soudain la part d’ombre
Se fit légère
Et dispersa le piquant du vent.
Hors-lieu.
Hors-temps.
Le monde en libation pacifiée buvait à la lune
Les roses des eaux, les nues rehaussées
D’un soupçon de poème en marge du tableau.
Maïté L
Vint le crépuscule
Il est des crépuscules comme des veines souterraines.
Il est des lignes de velours pérennes,
Des frémissements d’ heures de nuit très douces
Dont le rayonnement touche profondément l’être.
Alors, lentement, la passante se referme comme une fleur.
Pleine de son amour ardent du jour
Elle distille dans son coeur
goutte à goutte les perles
Du nectar des profondeurs d’outremer
Unies à celles de la voûte étherée.
Alors par-delà les mers
A fleur de ciel
A fleur de sel
Voguent les pensées dune, les souvenirs de la petite sirène.
Evocation de la presqu’île du Cap Ferret
« Si on longe les côtes en bateau et que l’on se laisse doucement glisser de Claouey jusqu’au bout des terres on effleure l’univers somptueux du Cap Ferret où apparaît une lumière qui est celle même de Claude Lorrain une longue procession de ports et de mouillages secrets, de riches demeures, de terrasses émergeant à peine des pins. » CLAUDE VINCENT
Tout au long des côtes, des générations de parqueurs, de pêcheurs ont donné naissance à ces cabanes en bois construites sur le Domaine Maritime les mêmes cabanes que celle où a séjourné Jean Cocteau. Ainsi sont nés ces villages ostréicoles aux couleurs vives ou pastel qui permettent de travailler et de ranger le matériel nécessaire à l’exploitation des huîtres.
Piraillan, Le Canon, L’Herbe, Les Jacquets, Piquey sont inscrits à l’inventaire des sites pittoresques.
Là dans les venelles fleuries, pavées de coquilles d’huîtres, vous pourrez vous perdre, vous mettre à l’ombre, apercevoir le Bassin dans toute sa splendeur, déguster des coquillages , notamment des moules qui sont les prédateurs des huîtres.
Et si vous avez la chance de venir dans la région et de profiter, par exemple de l’été indien, laissez-vous entraîner au bout des terres, à la pointe du Cap Ferret, sur la plage presque déserte. Vous pourrez marcher pendant des heures ou vous installer au ras des vagues avec pour seuls compagnons l’air iodé et l’horizon.
Parfois, vous vous retournerez pour voir le dessin de vos pas sur le sable humide, vous ramasserez quelques coquillages pour les souvenirs, et vous longerez les blockhaus, tagués, vestiges de la deuxième guerre mondiale.
Vous quitterez la pointe sablonneuse grignotée par les vents et les courants, avec vue imprenable sur la Dune du Pyla (ou Pilat), la plus haute d’Europe.
Vous reprendrez la route qui, au fil des saisons devient le royaume des mimosas en février si le gel n’a pas mordu très fort, s’éclaire des ajoncs un peu plus tard et qui l’été, nous offre ses sous-bois aux couleurs des fougères et de la bruyère, sans oublier bien sûr les arbousiers des dunes.
Maïté L
Invitation au rêve
Invitation au rêve
Elle était là
Esseulée
En bleu du ciel
Elle nous attendait.
Eprise des clapotis sombres sur clair
Aux heures pré-crépusculaires.
Simplement balancée
Sans à-coups
Sans regrets
Sans apprêts.
A l’écouter, la barque amarrée
Nous parler turquoise
Silences et battements au cœur de l’été,
La passante a cru chavirer.
Rêves en creux. Rêves de lèvres closes
Prêtes à attiser les envies de dune
Au loin si blonde, parée de ses forêts .
Et la transparence, se jouant des flots
Vague opaline à vague regard
La barque à l’imperceptible volte-face
Se livre,
S’efface… Le courant passe
Et danse la barque
S’enflamme au vent dardé.
Immobiles pensées et subjuguée
Sur la rive abordée
La passante
Reste à feuilleter un à un
Les arcanes de la marée
Et la barque
Sur le sable repoussée
Ne joue plus.
Elle
Attend
En
Grand
Secret
Les bras
Saphirs
De la marée.
Maïté L
Cap sur Andernos-Les-Bains(33)
Cap sur ANDERNOS
Je vous emmène tout de suite au port du Betey, cet endroit magique découvert un jour au hasard de mes pérégrinations professionnelles.
Le port de plaisance, la capitainerie, le hamac profond entre deux arbres aux troncs tordus par le vent, l’ombre fine des tamaris et non loin la jetée, la plus longue du Bassin avec ses 322 m; la villa typique arcachonnaise, haute, avec plein de toits et des parements de bois et de brique rouge.
Ici souvent règne le calme. Beaucoup de cyclistes qui avancent à un train de sénateur, des adeptes de plage tranquille aussi bien à marée basse qu’à marée haute, quelques familles. Mais dernièrement, nous avons pu constater combien le nombre de bateaux en mouillage sauvage a pu augmenter et avec cette multiplication du tourisme aquatique la prolifération d’une fine pellicule verte. Les amoureux du Bassin l’aiment autant à marée basse qu’à marée haute, le spectacle étant très différent à chaque visite.
La promenade depuis ce lieu stratégique, à marée basse, débute en direction du port ostréicole. Au passage,une petite déambulation sur la jetée d’où l’on aperçoit les courageux pêcheurs en quête de coquillages dans la vase bien noire jusqu’aux genoux. Rien ne les décourage : ni le panneau « attention, sables mouvants » ni l’absence d’eau qu’ il faudra attendre six heures avant qu’elle ne vienne clapoter dans la baie.
Mais déjà le port ostréicole se dessine ; là-bas les cabanes de pêcheurs aux abords fleuris ont des portes de couleur rose, bleue ou verte … Les filets sèchent sur deux piquets. On y répare les fameuses pinasses et souvent sur la route traînent les supports métalliques des huîtres. Parfois, nous faisons une pause sur un banc ici ou là avec l’impression d’être hors du temps.
Nous passons tout contre l’église Saint Eloi du XIIème siècle construite sur une villa gallo-romaine dont nous apercevons quelques vestiges. Pas fous ces romains ! Eux aussi appréciaient l’air iodé, la proximité du Bassin et savaient se faire plaisir!
Ensuite, la promenade peut emprunter un bout du sentier du littoral pour se rendre aux Quinconces, plage préservée de l’urbanisation, lieu où séjourna en son temps Sarah Bernhardt.
Ou bien de retour au port du Bétey, nous aimons aussi démarrer une autre balade toujours en front de mer, bien aménagé, en direction de la piscine d’eau de mer et bien au-delà. Là nous surplombons le Bassin et apercevons au loin dans la brume, Arcachon, Gujan-Mestras ou le passage vers le Cap Ferret.
Andernos est un lieu que nous aimons partager, à heures comptées, avec nos amis de passage.
Châteaux de sable