Auteur/autrice : Alienor
L’île Nouvelle , en pas de deux -2-
L’automne est ici une fleur d’eau
Un Ô où froufroutent mille vols d’oiseaux
Une rive de canaux creusés sous le vent
Un va-et-vient de langues de terre en mouvement
Et de liquides humeurs s’immiscent dans les creux
Sauvages entrelacs, instables rêves amoureux.
Arrêt sur image et de partout en stéréo
Nous parviennent beaucoup de chants d’oiseaux
L’homme lutte jour après jour, endigue en travailleur infatigable
Pour préserver et ensemencer la vie sur le fleuve navigable.
Vents, courants et marées façonnent le paysage
Des îles meurent, des vasards naissent au cours des âges
Sa Majesté l’estuaire fait son lit de fines couches d’alluvions
Et la Garonne charrie son bouchon vaseux depuis l’amont
Quand le courant est faible la vase tombe au fond du lit
Donnant une crème de vase, on se croirait en pâtisserie.
L’île Nouvelle réunion des îles Bouchaud et Sans- Pain
Fut un vaste champ de maïs après avoir connu le vin.
Habitée durant un siècle sur ses six kilomètres
Y vécurent en autarcie jusqu’à 150 êtres
L’île est aujourd’hui un havre magique, un domaine
Où la faune et la flore y sont nommées reines.
Si l’île semble s’endormir l’automne venu
Tout n’est que germes de vie hors de notre vue.
Plus de 150 sortes d’oiseaux y sont accueillies
Et les routes essentielles de migration font escale ici.
A chaque détour de la digue en perpétuelle évolution
Des sons étranges, des froissements d’ailes et des plongeons…
Non loin de Blaye et de sa citadelle de Vauban
Il est une île où l’ on ne voit pas passer le temps.
8 octobre 2010
L’Île Nouvelle un jour d’automne-1_
La journée est de pluie et le tableau d’île voilé,
La glaise est lourde au royaume des oiseaux
Des roselières et des palus où l’homme
Pour quelques heures joue les « îlouts »,
Passager éphémère d’une nature à pas comptés.
Journée grise immaculée au ciel « froncé »
Dit le guide. Taillée dans le matin frileux
A gouttes sur le nez et capuches serrées.
De Blaye vers la barre verte posée sur l’estuaire.
A l’Île Nouvelle via le ponton nous accostons
La palette émergera dans les ocres intimes
Les verts légitimes et l’automne virant au marron.
Les gris ne sont pas si gris lorsque à tire d’ailes,
Lorsque dans les roselières se dandinent les hérons.
Première image, une promesse d’île contée
Parfum d’île abandonnée dans le silence momentané.
Le village s’est refermé près du grand chêne déployé
Les maisons craquelées, les chais et l’école isolée.
Nous ne verrons ni le puits ni la chapelle écroulée
Mais notre cœur se serre, s’émeut devant le passé.
Nous sommes nous aussi à la merci du batelier
Passeur d’île et de continent, au gré des marées.
Nous marchons nous aussi dans les pas des « îlouts »
A la rude vie solaire que jamais n’atteignait la gelée
Mais dont la vigne savait l’effet salutaire du pied mouillé.
Restait le tour de l’île Sans Pain. Parfois un œil sur la Gironde se glisse :
Derrière les frondaisons doucement elle se dévoile.
L’eau si prégnante et les reflets, ce paysage de marais
D’où s’échappe en biais un faisan jusque là embusqué.
Vol de milans noirs planant hors de notre portée,
A eux le ciel, taches noires virevoltantes sur fond gris appliqué
Et bientôt la mangrove et les branches emmêlées.
Sur la digue il faut se hâter, voir à nouveau le village se dessiner ;
Mais pouvoir voler encore quelques instants précieux et secrets
A cette île au matin en demi-teinte à peine esquissée
Avant de repasser sur le ponton de bois et s’en aller
C’est ouvrir la porte dans la sérénité
A l’archipel de nos rêves perlés. Oserons-nous les avouer ?
Le 8 octobre 2010
à suivre…
Vol un au vent d’automne
Les arbres de ma rue commencent à se dénuder.
Le début de l’automne est comme une crème chantilly rendue mousseuse par le vent du sud apportant un supplément sur la carte de l’été. Car l’été ne s’en va pas d’un coup en tournant la page, en lançant la clef des champs au printemps. L’été a des feux ardents qui vont et viennent. Au soleil généreux répondent des envies de voir les couleurs de l’automne. Pour cela, une bicyclette, un appareil photo dans le coffre aménagé tout spécialement à cet effet et après un salut au Moulin de Noés sur les bords du Peugue asséché en surface mais sentant bon la menthe, seize kilomètres plus loin, j’arrive au bord d’un petit lac qui a traversé l’Histoire. Autrefois situé à un point de confluence entre le delta de la Garonne et les eaux de l’Océan il avait pour nom Lagune. Non loin d’ailleurs, les anguilles remontaient depuis la mer des Sargasses. Ici croisaient les barracudas et les requins comme en témoignent les fossiles datant de 18 millions d’années trouvés lors de l’aménagement de ce bassin.
L’air de l’automne au soleil de l’après-midi agite tendrement mon billet d’automne que je saisis au vol sur les berges aménagées de ce petit étang. Les feuilles frémissent et parfois se retournent pour mieux saisir les accents gais de l’instant. Un petit arbre rouge, un banc invitant à s’approcher des rides à peine perceptibles à la surface des eaux ; Aucun pêcheur à la mouche fouettée ! Jusqu’au sang des arbres aux feuilles pareillement colorées. Sur le clic de quelques photos, je suis repartie comme j’étais venue, suivant le tracé du Peugue : Bois des Sources, Bois de la Princesse : cette dernière au Bois Dormant s’est-elle endormie sur la voie carrossable romaine située non loin de là menant de Burdigala à La Teste ?
Premier chuchotis d’automne dans le bois.
Le 08 10 2010
Rose des vents
cliquer sur la photo pour la voir en entier
Rose des vents
A la pulpe du jour, devant ma porte
Fenêtre sur le jour s’allume
Comme une prune à l’odeur d’été
Moustaches framboise hors toiles d’araignées
Invitées à perler fraîcheur de rosée
Un effet mûre écrasée transparence du verre
Le sourire barbouillé matin ensommeillé
Et les doigts léchant les miettes de la nuit
Roses voiles mettant le cap
Sur l’escadrille à l’assaut ciblé
Si haut, si haut
Et double v adouci prenant le fard
De l’arbre boule silhouette d’où tout naît
Et noir fumée exhalant la poudre dispersée
Sur la ville parée d’offrandes aux yeux élevés.
Le 6 octobre 2010, à Bordeaux
L’arc-en-ciel
Le ciel
mon grenier de cocagne
mon soir sourire de choéphore
ma chute d’Icare
Mon songe d’harmonie
Ma lyre de lumière
Mon Arlequin de soie pure
Suspendu aux arches éphémères
Je suis peau, je suis pluie
Ardente et solaire.
*******
Mon bouquet de paille
A boire jusqu’à la fin du jour
Ma frise solitaire d’orante
Dans la marge de douceur
Mon oiseau de feu, ma symphonie inachevée
Dessine à la courbe de ton sein
Sorcier, tes couleurs sur fond délavé.
*******
Mon chant d’ardeurs réprimées
Ton tatouage sur mon cœur apposé
Mon silence incrédule ou bien amusé
Ton balancier d’orange amère
Mon chant murmuré à gorge vibrée
Ton Iris aux reflets lancés
Vers l’Ulysse aux chariots de fée
Ce soir,toi, le ciel aux doigts de lin
Pour nous tu a déposé
Sept éclats
D’arc-en-ciel.
Bleu, blanc, luit
Vint le jour partagé
Non dans le sens de la langueur
Mais dans le sens des frissons.
Un jour de rosée prometteur
Scindant la ligne d’horizon
Un jour de bois et de prairies
Et de chevreuils enhardis.
La langue cueillait le tic tac
Des cimes et de leur ressac
Les yeux appauvris se réveillaient
Et s’habituaient au silence posé
Sur le bord des berges en poussière
Le jour velours se prenait à rêver en lisière
De ce qui serait onguent de mains
Livrées aux gants d’herbe et de matin.
Passants entre les jeux de cache-cache des pins
Le ciel est bleu si l’on en connaît le chemin.
Traces de vie nocturne
La brume accompagnait ce matin-là le lever du soleil. J’entrepris donc d’aller à sa rencontre mais elle s’estompait bien plus vite que je ne progressais.
Je pris le chemin des sables, au-dessus du pipe line, puisque nous sommes au pays de l’or noir.Et je marchai le long de la craste particulièrement asséchée.
Mais bientôt, j’oubliai la brume car à mes pieds s’ouvrait le livre des traces. Je venais tout juste de comprendre pourquoi dans la nuit noire, j’avais entendu des jappements furieux. A l’heure où les animaux de la forêt venaient s’abreuver, s’était engagée une course poursuite.
Je suivis les traces jusqu’au point de rencontre.
Et je finis par apercevoir ce qui restait de brume accrochée à la forêt.
La journée s’annonçait belle. bientôt le sable effacerait cette page de vie, avant d’écrire la suivante.
Une aurore goutte à goutte
Un matin solitaire, je partis en corps-à-corps avec la forêt.Parfois les pins furent témoins de corps-à-cris mais ce n’était pas le cas ce jour-là.
La nuit finissait de s’égoutter sur chaque brin de végétation et la lumière faible, fade, délavée rasait les taillis. Sur le chemin vite effacé, sévissaient les ajoncs m’obligeant à calculer où poser le pied. Entre chien, loup absents et rosée généreuse, je me glissai pour cueillir les présents d’un matin qui flattait mon côté sauvage.
Pourquoi partager un peu de la forêt à la végétation passe-partout qui n’a que la richesse des landes sèches?
Pourquoi compter une à une ces gouttes de pluie, de rosée, de lumière bien à l’abri des sous-bois?
Pourquoi partager cet espace niché entre public et intime?
Si proche des racines.
Comme un premier
.Pas.
Et puis:
.L’ESPOIR.
Landes d’émeraude et de turquoise
Le matin avait commencé comme ceci: par un coup d’œil lancé au ciel. Les nuages semblaient prendre la poudre d’escampette après avoir saupoudré le levant.(Vous pouvez cliquer sur chaque photo pour l’agrandir)
Puis avant midi, je perdis et je retrouvai deux fois ma montre entre les plages du Sud, celle du courant et celles des Ailes. Cela faisait plus de trente ans que je n’avais pas vu Mimizan.
Voici la plage du courant. Le courant vient du lac d’Aureilhan et se jette dans l’océan Atlantique à Mimizan . il sépare la ville du sud de celle du nord.