Bordeaux, été 2010. La Base sous-marine .
Pénétrer dans ces lieux noirs et gris, froids et humides, glauques et suivre le chemin de lumière qui mène dans le nouveau monde photographique de Yann Arthus-Bertrand.Après nous avoir sensibilisés à la Terre vue du ciel, il est parti avec son équipe dont Sylvie d’Orgeval et Baptiste Rouget-Luchaire à la rencontre de ses habitants: « 6 milliards d’Autres ».
5600 interviews dans 78 pays.
Tous les habitants de la planète rencontrés ont répondu aux mêmes questions:
Quel est votre métier?
Que représente la famille pour vous?
Qu’avez-vous envie de transmettre à vos enfants?
Quels sont vos rêves d’enfant?
Qu’est-ce que le bonheur pour vous?
Que croyez-vous qu’il y ait après la mort?
Quel est pour vous le sens de la vie?
Quelle est votre plus grande peur?
….
Chaque grand thème: famille,épreuves, amour, rêves d’enfant, peurs…était ici développé dans un container placé dans les tréfonds de la Base sous-marine.Entre cocon illusoire et symbolique matérielle très forte.
Ajoutez à cela la mosaïque qui se reflétait dans l’eau et de temps à autre, un visage et un témoignage poignant qui vous happait et vous clouait sur place.Tout contre l’épaisseur historique de l’eau
Et pour terminer, la salle du making of qui ajoutait un plus par rapport à ce que je possédais déjà et m’a passionnée grâce à son authenticité; le DVD et le livre accompagné d’une très belle préface d’Albert Jacquard :
« ( ces 6 milliards d’Autres) Eux et moi avons une obsession commune: l’avenir. Cet avenir qui n’existe pas, mais dont nous, les humains, avons imaginé qu’il existera,ils voudraient tous comme moi, l’apprivoiser. Le passé est définitif; le présent nous fuit,seul l’avenir dépend de nous; sachons en faire une aurore.« ‘conclusion de la préface du livre écrite par Albert Jacquard pour 6 milliards d’Autres aux Editions de la Martinière.
Quel lieu autre que la base sous-marine aurait-il pu mieux symboliser ce passage du passé à l’avenir via par les initiatives du présent? Quel lieu chargé de guerre, de morts dont le souvenir crie dans les tonnes de béton pouvait-il nous inciter à aller à la rencontre de l’autre nous-même?
C’est la part de l’humanité qui est en nous, c’est notre fibre émotionnelle qui vibre, qui pleure, qui se réjouit avec les six milliards d’autres.
Une démarche que j’apprécie dans son questionnement(que j’ai souvent pratiqué par ailleurs) qui par son effet de miroir nous ramène à faire émerger notre propre questionnement. car c’est de cela qu’il s’agit:prendre beaucoup de temps pour ouvrir notre coupe(j’aurais eu d’envie d’écrire notre coulpe) et tendre la main , le regard, le sourire. Oser regarder en face comme certains participants de la Terre qui nous délivrent des messages très précis.
Dans notre monde occidental ou quels que soient nos problèmes, nous avons une vie privilégiée ne serait-ce que parce que nous ne sommes plus en guerre, nous les voyeurs de cette si belle démarche, nous sommes mis à nus.
Nous devenons 6 milliards d’Autres plus ou moins un, ce que nous aurions toujours dû être :une communauté sans frontières, une Humanité d’Humains humains.
à suivre.
Mes remerciements à Jean-Marc Gruard , organisateur de « Balades en tous sens » sans qui nous n’aurions pas fait la démarche d’aller à la Base sous-marine.