« En 1127, un an après la mort de son père, Guillaume X est un bel athlète de vingt-sept ans dont la vitalité brouillonne est entretenue par un appétit insatiable. Malheureusement, son intelligence n’est pas à la hauteur de ses aptitudes physiques. »
Cela n’a pas échappé à son père, Guillaume IX et Michel Dillange dans Guillaume IX, le duc troubadour note aussi qu’au fil des ans,
« Il ( Guillaume IX) se rend bien compte que ce bel athlète, plein de bonne volonté, n’a pas un grand sens politique. Il s’inquiète pour son avenir, comme le montre la chanson XI ».
«…S’il n’est pas très sage ni preux,
Lorsque je vous aurais quittés,
Bien vite ils l’auront mis à bas,
Car ils le verront jeune et faible »…
Guillaume X a épousé Ainor ou Aénor de Châtellerault(1100- 1130 qui fut donc duchesse d’Aquitaine alors que sa mère ne le fut jamais ; elle était la fille de Dangeirosa, vicomtesse de Châtellerault, maîtresse de Guillaume IX, installée à proximité du palais ducal de Poitiers .
Le mariage célébré entre le fils de Guillaume IX et la fille de Dangeirosa fut une preuve supplémentaire de l’amour qui unissait les deux amants.
Le couple ducal eut pour enfants Aliénor, mais aussi Pétronille et un garçon : Aigret, disparu prématurément peu de temps avant sa mère, en 1130.
L’année précédant sa mort, Aénor de Châtellerault signa des chartes du nom d’Aliénor, curieux non cette valse des prénoms ?
Guillaume X, simple et docile et Aénor de Châtellerault dont la postérité n’a pas retenu grand-chose ont sans doute été dominés par la forte personnalité de Guillaume IX pour l’un et de Dangeirosa pour l’autre.
Guillaume X mourut à 38 ans, en 1137, laissant Aliénor orpheline puisque cette dernière avait déjà perdu sa mère en 1130.
Le jongleur- troubadour Cercamon, qui avait beaucoup d’estime pour le prince, offrit une complainte funèbre « planh » en occitan, en hommage à Guillaume X dit le Poitevin dont voici un extrait :
Lo plaing comenziradaman
D’un vers don hai lo cor dolen :
Ir’e dolore marrimen
Ai, car vei abaissar Joven :
Malvestatz puej’e Jois dissen
Depois muric Lo Peitavis.
La plainte, je la commence affligé,
En un chant qui rend mon cœur dolent.
J’ai tristesse, deuil et tourment
Car je vois s’abaisser Jeunesse :
Méchanceté monte et Joie descend.
Depuis qu’est mort le Poitevin.
Extrait/ Les Mots d’Aliénor Kathy Bernard
Aliénor est une riche orpheline puisque son domaine s’étend sur 19 départements actuels, de l’Indre aux Pyrénées atlantiques. A la mort de son père elle est devenue duchesse d’Aquitaine, comtesse de Poitiers et duchesse de Gascogne.
Cercamon dans la même complainte ne parle d’elle que comme « progéniture » : autant dire que tout lui reste à faire pour s’imposer comme duchesse d’Aquitaine et…reine de France.
Le clocher séparé autrefois relié à la cathédrale par des appartements.
Nous retrouvons donc Aliénor d’Aquitaine, quelques semaines après la mort de son père, le 25 juillet 1137 à la cathédrale Saint-André de Bordeaux où son mariage est célébré avec Louis de France, le futur Louis VII. Louis VI avait vu tout l’intérêt d’une telle union et avait, gravement malade, se sentant mourir avec l’abbé Suger de Saint-Denis à la manœuvre, accepté l’offre de Guillaume X.
Leur avis ainsi que celui des conseillers royaux était unanime : « Il fallait accepter l’offre, y répondre sans tarder, et ne rien ménager pour flatter l’orgueil aquitain et faire honneur à la jeune duchesse. »
« Autant dire que par le mariage avec Aliénor le roi de France exercera une influence directe sur des régions où son autorité ne pouvait qu’être théorique. »
Le mariage d’Aliénor fut célébré par l’archevêque Geoffroy du Loroux. Celui-ci participera en 1152 à l’annulation du dit mariage pour cause de consanguinité.
« C’est au son des cloches de la cathédrale Saint-André de Bordeaux qu’Aliénor d’Aquitaine fait son entrée dans l’Histoire. Ce dimanche 25 juillet 1137, son mariage avec l’héritier du trône de France est célébré en grande solennité. La rumeur d’une foule en fête massée aux abords de l’édifice parvient jusqu’au chœur où deux trônes ont été dressés sur une estrade drapée de velours. Aliénor est assise sur l’un d’eux, très droite dans sa robe d’écarlate ; elle porte le diadème d’or que vient de poser sur sa tête celui qu’elle épouse, Louis, futur Louis VII. Celui-ci, – un jeune homme un peu frêle-, a l’air d’un adolescent grandi trop vite. Il a seize ans. A eux deux, les jeunes époux totalisent une trentaine d’année, car Aliénor n’a guère plus de quinze ans : les chroniques la font naître en 1120 ou 1122. Mais toute son attitude révèle la jeune princesse sûre d’elle-même, sûre d’une beauté printanière dont elle a pu, déjà, apprécier le prestige, et aucunement intimidée d’être le point de mire de tous les regards, ceux des barons, des prélats et du peuple. Elle saura répondre avec aisance aux acclamations lorsque, la cérémonie terminée, elle apparaîtra dans l’encadrement du portail pour prendre, avec Louis de France, la tête du cortège qui les mènera vers le palais de l’Ombrière. Et sur tout le parcours, le long des rues décorées de tentures et de guirlandes, jonchées de feuillages que la chaleur étouffante a desséchés, éclateront les acclamations frénétiques de ses sujets, prompts à l’enthousiasme et ravis de voir une jeune duchesse si gracieuse et de si bonne mine ; tandis que, de son époux, on ira murmurant, d’ailleurs avec sympathie, ce mot qui sera répété sur son passage pendant tout le cours de son existence : » Il a plutôt l’air d’un moine. »
Régine Pernoud/Aliénor d’Aquitaine
Devant le portail nord ont eu lieu des fouilles en 2009. Je les ai visitées avec une certaine émotion. Elles ont permis de mettre à jour quatre gros piliers de ce qui était sans doute une tour- porche datée du premier quart du XIIème siècle. Ceci constituait l’entrée principale au temps d’Aliénor d’Aquitaine, l’entrée qui servit au couple royal lors de la cérémonie de mariage. Plus tard, ce porche fut abandonné en raison des affaissements de terrain, la cathédrale étant construite sur un terrain marécageux.
Devant le clocher porche on a trouvé aussi un ossuaire et une nécropoles à sarcophages.
à suivre…