Si quelqu’un en doutait encore, les épouvantails ont une vie après la journée en compagnie des jardiniers et des promeneurs, mais pas celle à laquelle j’avais pensé dans mon billet précédent.
Les nuits des épouvantails ne se ressemblent pas ; aux conciliabules avec les oiseaux du petit parc il a fallu ajouter la bêtise humaine et l’instinct de destruction de drôles d’oiseaux de passage!
Ils ne se sont pas sentis en empathie avec le « Drôle d’oiseau » à moins que ce dernier ne leur ait renvoyé en miroir ces mots drôles qui leur allaient comme un gant (de boxe).
A croire que tous ne sont pas poètes et qu’un peu plus de poésie dans notre monde serait bienvenue. Mais ils sont incapables d’autres actions que celle d’instiller du sable dans les rouages de la société !
Comme si cela pouvait résoudre leurs problèmes existentiels de détruire le calme et la beauté, l’amitié et le partage !
J’étais de passage ce lundi matin pour glaner je ne sais quelle photo supplémentaire lorsque j’ai pu constater que la consternation régnait à l’entrée des Jardins de Bacchus : les épouvantails avaient dans le meilleur des cas échappé à l’arrachage, prenaient un air penché où avaient abouti en miettes loin de leur place d’origine… Quand ils n’avaient pas tout simplement disparu!
Je suis contente de pouvoir témoigner par mes photos du travail accompli car si les vandales s’attendaient à voir les personnes découvrant le saccage baisser les bras, ce fut peine perdue ! Aussitôt les petites mains déployèrent leur énergie pour effacer le passage des indésirables.
Dans le petit jardin
j’entre presque en catimini
Pour ne pas déranger les jardiniers
Cachés derrière les épouvantails.
C’est soudain la valse des arrosoirs
Ou le nuage de bouillie bordelaise.
Le partage de saveurs
Le partage d’informations.
Tandis que les verveines de Buenos Aires
S’agitent au vent
Les capucines font la cour
A Sire Bacchus sur sa caisse en bois.
Les artichauts perchés tout en haut
S’éclairent doucement au soleil du matin
Les pois chiches et les souvenirs d’un ailleurs
Les légumes de saison
Montrent que Les Jardiniers
Jonglent avec le calendrier lunaire
et la météo de ce petit coin de terre.
Ils réapprennent le contact avec la nature,
Ils participent à la vie de ce poumon vert
Bien agréable en ville .
C’est un petit coin calme
Qui la nuit s’endort-en principe-
Il laisse derrière ses grilles
Les rumeurs, les peines et l’affolement de la ville
C’est une parenthèse heureuse
Une bulle bienfaisante
Entourée de ses grands arbres.
Me revient alors ce refrain de Jacques Dutronc :
« De grâce, de grâce, monsieur le promoteur,
De grâce, de grâce, préservez cette grâce
De grâce, de grâce, monsieur le promoteur
Ne coupez pas mes fleurs »
Quelle chance nous avons de tenir à distance l’homme amoureux des parpaings
« un homme qui au revers de son veston
Portait une fleur de béton »
Jacques Dutronc
Longue vie aux jardiniers, à leurs épouvantails et que le grand Cric croque les croquants de la nuit malintentionnés dont le passage ne laisse pas de trace de toute manière.
Un bel été à tous les visiteurs et que les légumes et les épouvantails continuent à danser au clair de lune.
Maïté L