Cette chaise en pénombre
Ce banc isolé
Sur le quai d’une gare
Sur la plage abandonnée.
***
Ils en ont vu des « je t’aime »
Des « je m’en vais »
Des « je te laisse »
« Viens me retrouver ».
***
La nuit blafarde
Les jambes croisées
Sur un quai de fleuve
Le cœur tout givré.
***
En plein vent, là-bas
Sous le souffle des tamaris
L’été, les fourmis se régalent
Au pied des bancs des pas perdus.
***
Une chaise de guingois
Au siège si froid
Aux souvenirs lourds
De tant de désamours.
***
Un banc, deux tourtereaux
Assis sous le soleil
Je médis le passé décomposé
De l’été de velours.
***
Mais d’autres chaises viendront
Et d’autres bancs encore
Qui, au détour d’une allée,
Qui au bord de la marée.
***
Dans le jardin de l’été
Mine de rien, faut pas s’y fier,
Ils écouteront s’éloigner
Les fantômes pressés.
***
Les enfants entre deux jeux
leurs petits goûters moelleux
Leurs cris, leurs rires et le journal
Lu d’un œil sur deux, c’est normal.
***
Tous traversent
De bois, de pierre ou de fer
Muets, rêveurs, parfois amers
Nos pauvres destins passagers.
***
Et si leurs pieds s’emmêlent
C’est que quatre temps
C’est bien plus qu’il n’en faut
Pour chanter les quatre saisons.
***
Je médis le passé décomposé
De l’été de velours.Le clou
Le rouillé, le tordu qu’on entend gémir
Lorsqu’il manque au pied d’un banc.
***
Mais quand revient le printemps
La chaise redresse son guingois
Le déjeuner sur l’herbe
Occupe alors le tableau.
***
L’automne habille banc et chaise
D’ors, de rouge sang, de jaune ardent.
L’hiver et ses notes cotonneuses
Les livrent aux oiseaux.
***
Quand nous serons bien vieux
A petits pas, à souffle court
Sur le bord du chemin il y aura
Un banc, un autre blanc…ou bien une chaise…
© Maïté L
L’homme au chapeau méditant sur le banc en compagnie de l’oiseau est l’œuvre de FOLON et se trouve dans le parc du château de la HULPE, en Belgique.
La femme blanche entourée de moutons ou de canards, selon l’année est l’œuvre de GEORGES SEGAL et se trouve dans le parc de la Fondation GIANADDA à Martigny, en Suisse.
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