
« Je pose sur la table le manuscrit de La nuit du cœur.
Il est à toi maintenant. »
Lorsque Christian Bobin a publié son livre LA NUIT DU CŒUR en 2018, il ne pensait sûrement pas qu’une lectrice lambda en ferait son miel, et le prendrait au pied de la lettre dans sa conclusion.
Automne 2017:
De belles journées d’automne nous poussent vers la découverte de Pierre Soulages et de ses œuvres en Aveyron.
En route, nous avons décidé de commencer la visite par l’abbaye de Conques et ses célèbres vitraux, œuvre de Pierre Soulages.
Pour y arriver, il faut cheminer dans le relief montagneux et ses interminables lacets, synonymes de lenteur alors que je brûle d’impatience à l’idée de cette rencontre.J’ai une pensée pour les pèlerins arrivant au terme d’une longue marche.
Conques se mérite.
Conques résiste à la vue avant d’apparaître enfin dans son écrin, comme une coquille posée sur la pente, enveloppant le village et l’abbaye, entre feuillages et montagnes.

Nous arrivons à Conques en fin de matinée sous un ciel d’un bleu intense , avec la chaleur de l’été indien.
« A l’approche de Conques, les arbres descendent en courant jusqu’au bout de la route étroite, pour voir ce qui se passe dans ce désert . »
Christian Bobin a passé une nuit à Conques, sur la petite place médiévale, chambre 14, proche de l’abbaye Sainte Foy du même nom.
De là est né son récit poétique La nuit du cœur.
Il n’a pas oublié. Depuis Le Creusot,il écrit une sorte de lettre d’amour.Comme il en écrira une un peu plus tard à Pierre Soulages : Pierre.
« A six cents kilomètres de l’abbatiale j’entends le chuchotement de ses vitraux. »
Et plus loin:
« Ainsi à six cents kilomètres de l’abbatiale me réapparaissent les toits en éventail de l’abbatiale et ceux enchevêtrés du village. »
Tout est dit et je m’inscris très modestement, dans la même pensée : on ne revient pas indemne de Conques, du village et surtout de son abbaye. J’y pense, j’ai éprouvé des sensations qui sont de l’ordre du langage intime des émotions et du cœur. Et Christian Bobin dit si bien ce que je ressens.
350 km me séparent de Conques et je vois comme un autre signe de connivence que Christian Bobin établisse, dans son livre, un lien entre ma ville de Bordeaux et Conques.
il s’est senti agressé par la découverte de la grande ville de Bordeaux:« Bordeaux déchire les yeux ».
Il s’est trouvé démuni car ne pouvant l’appréhender avec le cœur, sans doute, mais il dit qu’il « a aimé cette ville parce qu’elle lui parlait de son contraire, l’abbatiale de Conques, la petite à tête dure. »
Nous faisons halte à l’entrée de Conques. Conques se découvre à pied.

Quel beau billet, chère Bordelaise ! Je n’ai jamais visité Conques et j’irais volontiers à la rencontre de ce qu’en dit si bien Christian Bobin.
Chère Maïté, je suis restée un long moment à regarder la photo de l’abbatiale recueillie par toi dans son cadre de verdure. Il faut s’arrêter parfois longuement pour savourer. Revoir son pèlerinage accompagnée de Christian Bobin est une aventure en profondeur. Je ne pense pas avoir la chance de voir Conques un jour, alors je vais te suivre avec d’autant plus de gourmandise amicale et littéraire. A bientôt !
Je t’embrasse très fort.
Magnifique, suivre la route, suivre Bobin, tes ·éclats de mots » enchantent!
Je t’embrasse, merci
@ Tania
Merci.
Si tu as l’intention de visiter Conques, il vaut mieux se laisser pénétrer par la magie et ressentir les émotions du lieu avant de lire Christian Bobin, me semble t-il.
Ceci dit, la lecture de ce livre recelant toute la poésie habituelle et l’acuité des émotions perçues est un bijou.
@ Fifi
je savais que cette attention à Conques, en excellente compagnie littéraire, te plairait et nous aimerions beaucoup retourner là-bas.
Il y a forcément des éléments importants qui nous ont échappé et je pense qu’il faut aussi voir l’effet de la lumière sur les vitraux tout au long de la journée.
Je continuerai la rédaction d’un billet dès que possible.
A bientôt.
Je t’embrasse très fort.
@ Colo
J’aimerais, comme Bobin, avoir les mots à fleur d’émotion ressentie.
Il y a des lieux privilégiés qui nous parlent tout de suite.
Merci Colo. je t’embrasse bien fort.
Il y a plusieurs façon d’aborder Conques, de s’aventurer à sa découverte. Toujours à pied mais soit par le bas du village soit en plongeant dessus si on est jacquet, et c’est ce que j’ai vécu. Conques m’est apparue, et en lisant cette page, les souvenirs reviennent et l’envie de les revivre à travers C. Bobin. La toute première fois j’ai été décue par les vitraux mais après une visite au musée Soulage, je suis retournée à Conques et les ai regardés d’un nouvel oeil et donc appréciés .
@ Chinou
merci pour ton témoignage. En effet, tu as raison, il y a bien deux façons d’aborder Conques.
Je continuerai mes billets dès que possible.
Tu as bien fait de retourner à Conques.
Nous avons croisé en quittant le village une personne déçue par les vitraux. Ce n’est pas du tout mon cas, tu l’as bien compris.