Assise là
au sommet de la Dune, dune venant après la Dune, venant après
les creux et les faux plats, pas à pas d’un premier matin du monde,
Toutes voiles de coton dressées, comme un bateau de terre, un bateau fragile
Je jette mes maux au vent, je lance mes pensées à l’océan.
Seule, dans ce matin au soleil hésitant, livrée à l’envolée de grains cinglants
Je deviens calice, je deviens matrice de silence et d’infini.
En contrebas, les voiles blanches effleurent le tableau du rêve, tandis qu’au loin,
très loin, les bateaux que j’aperçois, glissent dans un écrin de distance
échangent leurs traînées d’écume rectilignes, sur des chemins d’eau tracés au cordeau.
Parfois les humains vont par deux, sans oser l’abrupte pente menant à la plage, parfois,
ils s’assoient savourant l’émotion du grand bleu d’outremer à turquoise
venant mourir de tendre écume aux abords des langues de terre du Banc d’Arguin.
Parfois, ils s’élancent dans la fougue de la jeunesse et finiront sur la grève
Que j’imagine, dont l’odeur me ravit, mais que je ne vois pas. Ce sont aussi
Les pas d’un enfant : il reprend son souffle, dans ce sable qui avale ses petits pieds.
Et toujours le vent sur les crêtes : il cingle, étreint, donne le vertige, sème le doute
Et décourage ceux qui ne se donnent pas à La dune du Pilat, cette grande fille à la merci
de ciels, qui au fil des tempêtes, la livrent en pâture aux caprices des éléments.
A chacun sa Dune : faite d’impatience, à peine cueillie en une fois, du seul regard
quand, pour le contemplatif, au contraire, elle se drape de pans changeants ;
elle rôde alors, nous entoure, nous parcourt en entier : c’est l’oubli providence
qui nous fait entrer en communion, arrêtant la montre aux portes du désert retrouvé.
Dune vertige, Dune en escaliers, Dune en arbre mort qui ne cède pas d’un pouce
Dune sans cesse recommencée, Dune des millénaires, Dune phare,
Dune liberté des ailes retrouvées, Dune victoire Octobre rose.
Comme un défi, un jalon dans la reconquête du présent et du mouvement
Une offrande claire aux jours qui s’en viennent. Une longue aspiration blonde,
La Vie majuscule.
Maïté Ladrat/ 16 septembre 2014