La mésange :
une vue de lynx, beaucoup d’intelligence et une vie de mère nourricière d’enfer !
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Revenons vers le prunus, où le nichoir fabriqué maison, orienté vers l’est, nous avons attendu, attendu et même désespéré de le voir habité. Un jour, n’y tenant plus, nous l’avons ouvert : un nid était à l’intérieur. Nous avons prestement refermé en espérant ne pas avoir découragé la mésange.
Nous avons aimé le moment où pour la première fois nous avons vu une mésange rentrer dans le nichoir comme une fusée, avec dans le bec quelque lichen. Les jours suivants, il y eut des tas d’allées et venues puis tout mouvement apparent cessa. Silence radio. Nouvelle inquiétude. Et puis, le ballet du nourrissage s’est mis en place et nous avons entendu enfin des gazouillis discrets.
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LA mésange elle aussi s’est familiarisée avec les lieux. A l’automne, elle s’est d’abord alimentée exclusivement en position acrobatique classique au cylindre de cacahuètes et puis elle s’est aperçue de l’existence d’une réserve de graines et boules de graisse sous la véranda. Donc elle est venue dans l’intention de prélever directement à la source non sans avoir tenté d’ouvrir devant nos yeux incrédules un pot ou de percer un emballage en plastique. Par conséquent, avec notre complicité amusée, un nouveau restaurant en libre service pour mésange astucieuse a ouvert.
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D’ailleurs, la mésange servant d’exemple et a été suivie au fil des mois, sur la table, par un rouge-gorge, puis par notre merle préféré ; ensuite, nous avons eu la visite d’un bébé merle tout ébouriffé, qui semblait bien penaud et qui penchait la tête pour mieux observer comment maman mésange s’y prenait. Il a, en penchant la tête, regardé comment faisait maman mésange, puis il pris lui aussi une graine et est reparti d’un vol encore incertain… tandis que les pinsons du printemps piaffaient d’impatience trouvant la place prise.
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Du côté du nichoir, fin avril, ça pépie. Nous sommes frustrés de ne pouvoir suivre en direct l’évolution des becs que nous imaginons toujours largement ouverts. Après avoir repéré les moments du nourrissage, l’Homme a placé l’appareil photo en position caméra sur un dispositif spécial fabriqué à partir d’une échelle : L’essai n’a pas été concluant : pour 23 mn de film, la mésange n’a fait qu’une entrée et sortie du nichoir à partir de la 21ème minute! Mais il faut voir l’Homme s’approcher parfois du nichoir à pas de velours et écouter les tendres gazouillis des bébés afin d’essayer d’évaluer leur nombre.
Depuis la remarque d’une amie, je me suis penchée sur le sort de la mésange. J’ai un peu revu à la baisse son rôle de femelle surexploitée ! Il se peut en effet qu’elles soient un couple mais difficile de le prouver. Au comportement, je dirais qu’UNE est plus hardie et vient volontiers sur le rebord de la fenêtre où j’ai mis les graines pour elle. Elle part ensuite dépiauter sa graine sur le rosier, tandis que l’AUTRE file directement sur le lagerstroemia placé un peu plus loin et est plus méfiante : il faut dire que lorsque je fais la cuisine, une vitre seulement nous sépare. Ma distinction entre mâle et femelle s’arrête là avec cependant l’impression que j’ai plus souvent affaire à la femelle.
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En ce moment, il y a de l’énervement dans l’air. Ce matin j’ai pourvu abondamment verre et sous-pot en graines de tournesol; mais voilà que les pinsons, sont de plus en plus nombreux à venir se goinfrer. Hier la mésange était marrante à voir car, avec la pluie, elle s’ébrouait avant de se ravitailler, mais ce matin ce n’est pas la même chanson: elle choisit ses graines et en met partout! Comme les pinsons! Mais je rêve ! Ils deviennent difficiles ou quoi! Je dois faire un grand nettoyage de la table chaque jour car il y a des graines, des enveloppes, des crottes partout: dessus, dessous et entre les lattes de bois de la table! Alors je sens que je vais me fâcher ! L’Homme dit que les petits énervent leur maman mésange ! Ah moins que ce ne soit le temps orageux! Ou bien les pinsons copieurs! Enfin, rien ne l’arrêtant, elle vient maintenant chercher les graines sur le rebord de la fenêtre! Tout juste si elle fait mine d’avoir un peu peur! Bon la nuit tombe et tout ce petit monde est couché. Les oisillons affamés se sont tus. Il y aura un répit jusqu’à demain matin!
Car, oui, ce soir, J’ai fini par me fâcher à cause du tri fait par ces « enfants gâtés » et j’ai sévi: les pinsons ont désormais leur nourriture dans le jardin et j’ai mis les graines pour les mésanges dans des couvercles, plus accessibles sur le rebord de la fenêtre. La mésange vient de zinzinuler tout près de moi: cette fois-ci, on ne peut croire à un hasard! Récemment, elle a été enfermée dans la maison et lorsque je suis entrée, la pauvre bête voletait partout. Plus morte que vive, je lui ai progressivement ouvert les portes en lui expliquant ce que j’étais en train de faire. Elle s’est calmée, s’est posée sur le haut du buffet et a attendu avant de retrouver sa liberté. Le lendemain, en venant comme chaque jour se poser rituellement sur une lampe qu’elle semble avoir adopté comme terrain d’atterrissage, par deux fois, alors que j’étais dans ma cuisine, elle a chanté à gorge déployée avant de prendre une graine .J’avais déjà pris ce chant inhabituel à cet endroit, comme un remerciement. Je persiste, ce soir, à croire aux échanges complices avec les oiseaux de nos jardins.
L’Homme a pitié de LA mésange, surtout depuis qu’il a appris qu’en deux nichées par an, elle peut avoir jusqu’à 12 petits. Il suggère même qu’il pourrait l’aider: pour lui éviter des voyages, il pourrait dépiauter les graines de tournesol et les déposer près du nichoir! Elle aurait moins de chemin à faire pour accomplir son rituel : quelques mètres évités pour venir jusqu’à la véranda, et gain de temps. Voyez plutôt : elle sort en trombe du nichoir, se perche sur le prunus, se pose le plus souvent sur la lampe, puis prend sa graine, va dans le rosier pour la décortiquer et repart vers le nid. Les cacahuètes c’est pour elle ; Les graines autres, pour les petits et en plus il lui faut chercher des insectes dans le rosier, dans le lierre et au sol! Quel rythme d’enfer et cela de la pointe du jour à la tombée de la nuit !
L’Homme en est venu à la conclusion qu’il ne se verrait pas père de quintuplés….
Notre rôle d’humains inclut aussi la surveillance contre les prédateurs ; car l’autre matin, en me réveillant, j’ai encore vu le chat noir des voisins à la fourche du prunus. Vous auriez vu ses yeux ronds, sa tête pateline ! il lorgnait à la fois vers le nichoir où ça piaille beaucoup et dans ma direction! Il devait saliver à l’idée d’un possible festin ! Mon sang n’a fait qu’un tour! J’ai bondi comme une furie mais il avait déjà filé. Faudra-t-il barbeliser le prunus pour assurer les premiers pas des petites mésanges? Nous sommes fin avril : verrons-nous ces dernières lors de leur premier envol, ce qui ne saurait tarder?
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En effet, cela n’a pas tardé. Nous avons d’abord aperçu un bec puis une tête par le trou d’accès, puis une tête curieuse et la petite mésange aventureuse a dû tomber du nid car j’ai failli l’écraser dans l’herbe.
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Première remise au nid par l’Homme qui sera suivie de trois autres avec la peur qu’un chat soit plus rapide que nous. Visiblement la pauvrette n’est pas encore prête à s’envoler mais râle chaque fois qu’elle se retrouve dans le nid ! Avec ses pattes écartées sur lesquelles elle tient à peine, son bec bordé de jaune et son duvet sur la tête, l’Homme l’a surnommée Crapouillette ! Il est probable que Crapouillette-qui-veut-voir-le-monde va récidiver ! Dans chaque nid y a-t-il un élément hyper actif, pressé de prendre l’air à ses risques et périls ?
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Le surlendemain: plus rien! Silence radio! Les mésanges sont parties sans dire au revoir! Les deux semaines au nid étaient écoulées, mais les pauvrettes sont parties au moment où le temps se mettait à l’orage. Le nichoir des mésanges est vide! Les parents ont-ils profité de notre absence pour sortir la famille du nichoir ?
Le ballet de nourrissage par les parents est terminé ; mais nous avons la visite plusieurs fois par jour des parents mésanges sur le rebord de la fenêtre : ils viennent chercher quelques graines de tournesol, des cerneaux de noix et une noisette coupés en petits morceaux.
Après réflexion, nous ne savons plus si nous avons eu raison ou tort de remettre Crapouillette dans le nid: le temps de découvrir le monde était sans doute arrivé pour elle. Crapouillette était-elle une nichée de crapouillots qui faisaient leurs essais d’envol! Nous les humains, en voulant trop bien faire ne comprenons pas toujours les signaux.
Y aura-t-il une autre couvée d’ici l’été ? Ou bien l’année prochaine ? Nous l’espérons.
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Cette chronique terminée fin avril aura une suite car l’aventure continue.
Textes et photos Maïté L
et ceci étant une affaire de famille, les mosaïques sont de J L
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