Flots d’argent, flots d’amant
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Aujourd’hui encore, j’avais décidé
D’être vague avec les vagues,
Géographies des sables
Et vent dans le vent
Lovée au creux de la corbeille
Qui crépitait d’argent en son sein éclatant
Qui rugissait dans sa danse nuptiale
De mille pépites ajoutant à la métamorphose
Du Petit Poucet en géant,
Point de vagues, un tiret, à la ligne.
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Aujourd’hui encore, pourquoi
Ne pas être océan avec l’océan
Mon tendre et fougueux amant.
Alors, mettre les pas dans les tiens est un jeu
Guetter les flots argentés et tous leurs feux
Est une douce passion qui fait briller
Les yeux, les cheveux et les mains aux doigts d’algues.
Et voici que soudain s’animent et revivent en écho
Les émois et les instants si fragiles;
Les yeux dans les yeux viennent buter à la confluence,
Là où cèdent les marées profondes et coléreuses.
Pour un baiser salé à la barbe bleue d’écume,
Pour un déroulé sauvage à mes pieds
Pour un rideau de fines illusions
Pour une caresse de tes embruns enchâssés,
Je donnerais des heures et des regrets sans compter.
De loin en loin un bois et mille pas
où ne parviennent pas tes assauts
Un bois encore et des pas étouffés
Comme des bornes jalonnent
Les jours sur le calendrier des instants perdus.
Ce soir encore je suis la dune au ventre rebondi
La mer mettant le sable au pilori
Ce soir je suis tambour des sables
Et son écho toqué d’océan et de marées grandiloquentes
Je suis le vent et le cerf-volant
La nageuse nue de février
Et les passants frigorifiés
Je suis le chien fou, ivre de draperies agitées
Je suis les baigneurs d’août en mai
Et sur ma croisette arpentée
Sur le sable craquelé et concédé par la mer et son avancée
Derrière mes lunettes foncées bien cachée,
Au jour d’aujourd’hui c’est décidé
J’épouse en secondes noces de l’océan l’éternité.
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et je sème des cailloux pour que perdurent nos traces
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photos et texte: Maïté L