Plus très sauvage dans cette contrée ou les ailes ont fini, pliées à l’abri de la nuit, du froid et des étoiles.
L’eau.Un plan d’eau pour oublier.
Oublier que Noël n’éclaire pas tous les regards
Et se mouille sur les rives de sable froid.
La solitude porte ses bourgeons de jours aussi bleus que le ciel d’hiver.
Pur le paysage et les eaux déflorées par le vent
Qui jamais ne s’assoupit.
Le sable crisse sous les pas, les traces les coquillages oubliés.
Douces les eaux et sans marées de l’âme lisse au gazon blessé par rodéo
Deux roues et la terre noire surgit.
Mirage.
Oubli, non! souvenir près de la stèle de ces hommes, pionniers.
Ils se jouaient de la peau de l’eau.
Ils frémissaient quand ils gagnaient le ciel.
Ils partaient, oubliant le sel et la couleur miel des étés.
Et ne reste que le baiser du temps, paisible, endormi.
Sur les bancs où, si l’âme existe, ils reviennent se poser.
Berges rosissantes vers le sud. A la croisée des mondes du silence
Marteaux invisible présence.
Coques abandonnées au soleil d’une journée.
Fonds profonds de menaces et près des pontons la transparence.
Mirage.
Oublié l’hiver dans les roseaux?
Les poules d’eau et les mouettes
Et les cris réfléchis dans le miroir du soir.
Rares instants où la légende fleurit
Egrène des noms de vaisseaux et de capitaines des airs.
Mirage.
L’hiver s’en est allé ne laissant que le songe
Retrouvé
Glissé dans la poche.
Mirage de
L’homme
Ce géant
Se faisant
Grain de sable
Dans le désert
Tout désert
Illusoire
Et les mirages du printemps
En plein hiver.
Maïté L
Toutes les photos ont été prises au bord du lac de Biscarrosse, dans les Landes, au lieu-dit Latécoère.
La présence de vastes plans d’eau presque déserts a incité dès la première guerre mondiale à implanter des bases d’hydravions sur les lacs landais. C’est en 1929 que l’industriel régional Pierre Latécoère, fondateur des lignes aériennes qui reliaient Toulouse à Barcelone (1918) puis Dakar (1925) et l’Amérique du Sud (1930), construisit à Biscarrosse une importante base d’hydravions pour les essais de ses prototypes. Le choix de ce site reposait sur l’immensité du plan d’eau (3000 ha) et de sa situation protégée des vents derrière les dunes.
Biscarrosse vit partir plus de 120 hydravions.
Aux commandes Antoine de Saint-Exupéry, Jean Mermoz ou Henri Guillaumet.
« C’est avec l’eau, c’est avec l’air que le pilote qui décolle entre en contact. Lorsque les moteurs sont lancés, lorsque l’appareil déjà creuse la mer, contre un clapotis dur la coque sonne comme un gong, et l’homme peut suivre ce travail à l’ébranlement de ses reins. Il sent l’hydravion, seconde par seconde, à mesure qu’il gagne sa vitesse, se charger de pouvoir. Il sent se préparer dans ces quinze tonnes de matières, cette maturité qui permet le vol. Le pilote ferme les mains sur les commandes et, peu à peu, dans ses paumes creuses, il reçoit ce pouvoir comme un don. Les organes de métal des commandes, à mesure que ce don lui est accordé, se font les messagers de sa puissance. Quand elle est mûre, d’un mouvement plus souple que celui de cueillir, le pilote sépare l’avion d’avec les eaux, et l’établit dans les airs. »