Mon grand-père
Mon grand-père
Ne connaissait
Que les prés et les champs;
En sabots de bois
Il marchait d’un bon pas
Caressant l’écorce
De ses pins
Dont il empruntait le chant
Dans le vent.
Il dormait à même le sol
A la moindre fatigue
Cherchait la fraîcheur
A l’ombre des fougères.
C’était un très vieux grand-père
Sourd de surcroît.
A la guerre il avait échappé
S’évadant et traversant à pied
Pour une seule fois, la France
Du nord au sud.
Et il chantait
» un pied chaussé
l’autre tout nu … »
Il m’aimait à sa façon
Me réveillant
Quand enfin j’aurais pu dormir…
Il avait connu les mules
Et la charrette.
Il s’y installait pour dormir.
Elles connaissaient le chemin
Et partaient seules
Pour le Bassin.
Il n’y avait point de voiture
Et la route était longue…
Il n’aimait pas la table
Et ce qu’il préférait
C’était le coin de la cheminée.
Il y mangeait, comme à la guerre
Sur le pouce
Boudin, jambon
Tout était bon
Dans le cochon.
Il était sec
Comme un vieux landais
Jamais sans son béret
Jamais sans ses guêtres
Jamais sans ses sabots.
Mais un tantinet comédien
Même à quatre-vingt-dix ans
Il feignait d’avoir mal aux jambes
Et quand il était sûr
(mais il se trompait!
je veillais !)
de n’être point vu
au bord du fossé
ses sabots il délaissait
et à toutes jambes
sur ses feutres prenait la poudre d’escampette!
Cette histoire
Est une histoire vraie !
C’était mon grand-père
Je pourrais bien plus en raconter………..
Maïté L