« Pourquoi parler ?
Mais pourquoi se taire ?
Il n’y a pas d’oreille pour notre parole,
Mais il n’y en a pas non plus pour notre silence.
Les deux se nourrissent uniquement l’un de l’autre.
Et parfois ils échangent leurs zones
Comme s’ils voulaient mutuellement se protéger. »
(VII, 18)
Roberto Juarroz/ Poésie verticale
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Comme toi j’aurais voulu être le
Pauvre petit pêcheur
Tournant le dos aux vagues
Là
sur les soubresauts du Pont du Diable
Combien j’aurais donné de silences
Et de larmes de sel
Pour faire du corps la pluie.
J’aimais ta solitude
Toi avec toi
Et ta canne prétexte
Une
Lancée à la mer
Et le bouchon frisant
La furie d’écume.
Et dans ta tête le vide
Le cerveau lavé, rincé, essoré
La leçon diamant aux pointes acérées
Et la pureté de l’instant
La parole de vent aux sifflets vrillés.
Toi immobile
Ou bien était-ce moi
Nous inter-changeables
La parole du silence
De l’océan l’espace–temps aboli
Sur le roc
L’épreuve du penchant
Assaut les vagues
Si tentant
L’esseulé
Aux cheveux
D’embruns.
Saint-Palais, mai 2010, photos et texte: Maïté L