« On ne peut se figurer l’image un peu archaïque du port de Bordeaux, au moment où les trois-mâts arrivaient de Terre-neuve. Ils se plaçaient en file indienne au milieu du fleuve, à toucher le pont de pierre, les voiles pliées avec soin. C’était une forêt de longs mâts, de vergues, sous le ciel pommelé de Bordeaux…
Que de fois je fus sur le point de partir, mais autrefois, la mer avait mauvaise réputation ! Je fus un marin à l’ancre et à l’encre, comme disait, je crois, Cocteau. »
JEAN CAYROL
***
Sous l’œil impassible du Lion de VEILHAN,bleu cieltourné vers la Garonne, place Stalingrad, lorsque nous posons le pied sur le sol de La Bastide, nous ne pouvons plus imaginer ce va-et-vient de navires attendant un appontement, ce va-et-vient de gabares avant même la construction du pont.Les bateliers étaient d’ailleurs mal vus car ils escroquaient les clients, notamment les pèlerins en route vers Compostelle qui devaient de plus, éviter les tripots mal famés habituels en zone portuaire. Le Pont fut le bienvenu. pour relier les deux rives: on y payait un sou à l’octroi comme piéton et cinq sous comme cavalier.
Lion parodie ou Lion aux multiples facettes, venant taquiner le ciel bleu ou donner de la couleur à la grisaille, aucun passant n’y est indifférent.Il est la première œuvre déposée sur le trajet du tram, soulignant le côté contemporain des lignes de l’architecture nouvelle de La Bastide. il est là, monumental, dans l’axe du Pont de Pierre, marquant de son empreinte l’évolution et l’identité de ce quartier.C’est du moins ce que j’en pense car je l’aime bien.
***
Burdigala est le lieu qui m’a vu naître : Burdigala où le ciel est clément et doux ; où le sol, que l’humidité féconde, prodigue ses largesses ; où sont les longs printemps, les rapides hivers, et les coteaux chargés de feuillage. Son fleuve qui bouillonne imite le reflux des mers…
AUSONE
Ausone aurait aimé s’il avait vécu quelques siècles plus tard gravir les marches de la Porte Cailhau, comme je l’ai fait et depuis cette entrée monumentale commémorant la gloire de Charles VIII contempler le Pont et la vue sur le quartier de La Bastide , du côté de la caserne de pompiers.
***
« J’aime le combat que se livrent ici, en un tournoi arbitré par le pont de Deschamps, le tumultueux liquide venu de l’océan, verdâtre et colérique, et les douces eaux qui portaient Montaigne d’une estacade de Cadillac en sa mairie, ou en sa maison de la Rousselle, à bord de quelque gabarre où piaffait son cheval. »
JEAN LACOUTURE
***
Mais , si tout cela paraît bien calme, le Pont a connu quelques attentions particulières. Il lui fallait une toilette approfondie. C’est ainsi qu’il a progressivement disparu aux yeux des passants caché sous les échafaudages, car il est l’objet de toutes les attentions pour continuer à traverser les âges. Les équipes de la CUB ont procédé à la réfection des ancrages des garde-corps, puis à la peinture: deux couches pour protéger les rambardes et la dernière pour la touche couleur: bleu nuit, couleur du mobilier urbain de Bordeaux.
Après le gros œuvre,ce fut la réfection des joints en résine destinés à protéger les pieds de la rambarde des infiltrations d’eau.
Pour finir les candélabres sont traités par la Mairie Les 38 lampadaires sont déposés,un à un, repeints dans les ateliers et remis en place au rythme d’un par semaine.Chaque lampadaire pèse 3 tonnes!
Vive le Pont de Pierre nouveau!
Aller à Garonne
aller à Pont sur Garonne
à cheval sur l’eau
Humer le vent
Aller sous le temps suspendu au Pont
Les feuilles en tremblent
jaunissent
S’en vont où vont les flots
à dos de Garonne
Sur les flots
à cache cache entre les piles
tantôt portées vers l’océan
tantôt refluant
et passant
pétiole dessus, nervures dessous
à marée basse, le pont se découvre
Jetant son tablier
aux passants pressés.
Ecoutez-le vibrer de toutes ses couleurs
Sous l’œil des réverbères
il s’habille de lumière.
à suivre…
ses ardeurs…
Maïté L